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samedi, 21 octobre 2006

Distraction !

Hier, la distraction de l'infirmière du collège a failli avoir des conséquences graves pour une famille, qui aurait peut-être fait un avis de disparition d'enfant.

Je passais juste après 12 h devant la porte de l'infirmerie, lorsque j'entendis un discret toc, toc, toc  frappé sur l'intérieur de la porte. Mon oreille attirée par ce léger bruit, fit découvrir à mes yeux une porte fermée, sur laquelle étaient frappés ces discrets coups que d'habitude on frappe à l'extérieur d'une pièce avant d'entrer, mais pas à l'intérieur pour sortir.

Je dis : "Hello, y-a-t-il quelqu'un et j'entendis une voix juvénile me répondre : "Oui, Madame, l'infirmière m'a enfermée".

Je dis : "Ah bon ? Et tu veux sortir ?"

"Oui, oui," me répondit la voix presque enfantine.

"Je ne sais pas si ma clef fonctionne (celle que l'on me prête à la journée, faute d'un nombre de clefs suffisantes)".

"Clic, clac". Oui, ma clef fonctionnait et la porte s'ouvrit et une petite silhouette de presque jeune fille avec une chevelure brune qui balayait ses épaules, en sortit.

Je lui dis : "Mais comment as-tu été enfermée là?"

Elle me répondit : "Et bien, l'infirmière est sortie et a fermé la porte, alors que j'étais aux toilettes, et elle ne m'a pas vue".

J'ai pensé que si ne n'avais pas entendu le toc-toc, la jeune fille serait restée enfermée là jusqu'à 13h30 et n'aurait pas mangé.

Puis, je me suis rendu compte l'après-midi que l'infirmière ne travaille pas le Vendredi après-midi, si bien que, si je n'avais pas entendu le discret toc-toc,  notre élève serait restée enfermée tout le week-end. Peut-être que les parents auraient lancé un avis de disparition et que l'élève aurait bu l'eau potable et se serait nourrie pendant deux jours et demi de morceaux de sucre. En tout cas, à l'infirmerie, elle ne serait pas morte de soif, c'est moins grave que d'oublier un élève dans une classe !

domino

mardi, 03 octobre 2006

Travailler dans sa région ou ailleurs.

J'ai la chance d'être originaire d'une académie qui était déficitaire en profs d'allemand. C'est pour cela que je suis toujours restée dans mon académie, même devenue excédentaire et que je travaille presque au pays. Ma ville d'origine n'étant qu'à 135 km de mon lieu de travail.

Je me demande maintenant qu'il n'y a plus aucun poste d'allemand vacant dans l'académie pourquoi on nomme encore des TZR d'allemand (et d'autres matières devenues excédentaires) dans l'académie. Je l'ai déjà dit cinquante fois à mon syndicat, mais ils ne comprennent pas.

J'ai dit à un collègue d'allemand originaire du midi que finalement si on l'avait nommé TZR dans son académie d'origine, là où il a sa famille, plutôt que de le nommer TZR dans mon académie, cela reviendrait au même... Il serait de toute façon TZR...

Il s"est offusqué en me disant qu'il avait les mêmes droits que moi à travailler dans mon académie et dans ma région d'origine même s'il n'est pas de la région, et que finalement il est bien ici et ne veut pas rentrer "au pays".

Pourtant ils ont beauoup de soleil là-bas ! Il doit être maso pour aimer notre ciel gris !

 domino

 

 

 

dimanche, 01 octobre 2006

La prof d'allemand

La prof d'allemand avait une guitare et chantait parfois.

Quand elle était jeune (et belle), elle faisait une chorale d'allemand avec ses 6ème, et 32 élèves venaient....

Elle faisait taille 38 et pas 36.

La prof d'allemand a fait une chorale d'allemand dans un collège ZEP violence. La caîd de la moins bonne troisième a pleuré d'émotion, lorsqu'elle a entonné une chanson...

La prof d'allemand était encore jeune, elle avait 38 ans et faisait du 46.

La prof d'allemand a enseigné ensuite dans des lycées... Les élèves l'aimaient (même si l'inspecteur a dit le contraire). Il y avait une section musicale. Elle jouait de la guitare dans l'orchestre du lycée. Les élèves disaient toujours :"A Noël, Madame, vous amènerez votre guitare? On pourra chanter...?" Et les élèves de 1ère se balançaient en choeur sur "Kling, Glöckchen, klingelingling". A l'époque, il n'y avait pas la loi sur la laïcité... Et "Kling Glöckchen" a plus d'une chanson enfantine que d'une chanson religieuse. Même les musulmanes chantaient "Kling, Glöckchen".

La prof d'allemand a été faire du primaire, coloriages, chansons, marionnettes... pour avoir des élèves, dont ont profité ses anciens collègues puisqu'elle est devenue TZR et ils sont grâce à cela encore 4 profs d'allemand dans ce lycée, là où les lycées alentours n'ont plus que 1 à 2 profs d'allemand...

La prof d'allemand participe aux actions de deux comités de jumelage qui l'envoient jouer aux marionettes, et imiter tout à la fois les voix de Seppl, de Oma, du Krokrodil et de Casper et les enfants en parlent encore 6 mois plus tard et en parleront encore deux ans après...

La prof d'allemand a la réputation de bien expliquer... La prof d'allemand répond à toutes les questions...

La prof d'allemand n'était pas aimée d'un proviseur qu'elle a eu pendant 8 ans, parce qu'elle était trop populaire parmi les élèves...

Voilà qui est la prof d'allemand tant décriée par des collègues qui ne l'ont jamais rencontrée... Qui disent qu'elle est ringarde et vieux-jeu et tout ce que vous voulez (quand j'étais jeune, je disais la même chose de mes parents). Ce ne sont pas les élèves qui ont dit qu'elle était vieux-jeu. Ils disaient :"Vous avez quelque chose en plus, par rapport aux autres profs" et ils disaient (juste après la fameuse inspection, tiens, tiens...) :"Nous, Madame, cela nous est égal que vous êtes grosse, on vous aime bien comme vous êtes et pour nous ce qui est important chez vous, c'est que vous expliquez bien.. (Parole de secondes) ".

Et même quand la prof d'allemand parlait, ils disaient "On vous écoute, parce que vous avez une belle voix".

La prof d'allemand avait travaillé sa voix pendant 15 ans pour avoir une belle voix....

La prof d'allemand a grossi parce qu'elle n'avait plus d'élèves et du chagrin à cause des élèves qui ne sont plus là. Elle fait maintenant du 56...

domino

 

mardi, 29 août 2006

Blague à part

J'ai vu dans un i-bétisier de lycée qu'un prof avait dit (et cette phrase est courante chez mes collègues) :

"Si vous continuez, je vous ferai prendre la porte..."

Et pour parer à toute vélléité de prendre la porte :

"Et si ce n'est pas assez lourd, vous prendrez la fenêtre."

Rien de plus dangereux.

Si vous vous en tenez à la première phrase, il y a une chance sur 10 pour que l'élève en question emmène la porte avec lui, 2 chances sur 10, qu'il fasse seulement semblant de la prendre.

Si vous ajoutez la première phrase, alors là attention à la crise cardiaque (pour vous, mes collègues), vous avez 1 chance sur 10 que l'élève se dirige vers la fenêtre, se mette à cheval sur le rebord même au 3è étage et vous dise "Bon, Monsieur, je prends la fenêtre..."

Alors là, vous tremblerez de toute votre hauteur : "Pouvu qu'il ne tombe pas...!"

Rien de plus dangereux, chers collègues, c'est vraiment le genre de phrases à ne pas prononcer.

Et de toute façon, je ne comprends pas pourquoi l'EN n'a jamais publié une liste de phrases interdites aux professeurs, parce que soient elles provoquent des comportements bizarres chez les élèves capables de susciter l'hilarité ou que les phrases qui ont été 1 000 000 de fois prononcées par vos prédessesseurs provoquent elle-mêmes l'hilarité ou l'indifférence totale parce qu'elles sont beaucoup trop connues.

L'EN doit chercher ses phrases interdites aux profs dans les i-bétisiers de l'EN.

J'avais un collègue qui lui faisait un bétisier des phrases des élèves.

Si vous voulez être efficace, il faut trouver des phrases originales, qui n'ont jamais été dites.

Mais avoir le sens de la répartie si on vous sort une phrase de la BD "Les profs".

Par exemple, si un étudiant (c'était un étudiant de BTS, attention même si vous les avez eu en petite classe de première ou de terminale, ce sont des étudiants, pas des élèves) ! Donc, si un étudiant entre en retard dans la classe en vous disant "O Madame, je suis en retard, parce que à l'internat, dans la douche, les autres m'avaient pris ma serviette", il faut répondre du tac au tac (en ayant, bien entendu, une copie prête à lui rendre) :"Et voici votre torchon (même s'il a 20/20 et que la copie est bien présentée). Là, la classe applaudira parce que vous connaissez la BD les Profs et que vous l'avez apprise par coeur et que vous connaissez toutes les réponses à donner aux élèves et étudiants.

Encore là c'est dangereux, parce que "Boulard" peut vous répondre, alors Monsieur, je vais m'essuyer avec, et chiffoner en s'épongeant le front la copie que vous avez tant de temps à corriger... Et alors le peu de cas que l'on fait de votre sérieux vous chagrinera de nouveau...

domino

 

 

mercredi, 16 août 2006

Une vie privée pour les profs ?

  Voilà, je disais dans ma note précédente : Rien de tel pour les professeurs ...

 En effet, pour les professeurs, il est souvent impossible de séparer sa vie professionnelle de sa vie privée.

  Déjà, il y a les préparations de cours et les corrections qui envahissent le temps privé et l'espace privé. Il faut de la place pour stocker documentations en tous genres concernant la matière. Les profs ont souvent chez eux d'immenses bibliothèques contenant

tous les livres avec lesquels ils ont étudiés et étudient encore,

les livres avec lesquels ils enseignent et ont enseigné,

des tonnes et des tonnes de classeurs contenant des cours préparés.

Ne croyez pas que tout ceci leur est payé : avant les profs avaient 20 francs environ (l'équivalent de 3 euros environ) pour leur papeterie, cette subvention personnelle a disparu. Contrairement au fonctionnaire qui travaille dans un bureau, à la poste ou aux impôts par exemple, le prof doit se payer tout son matériel, de la moindre feuille de papier jusqu'à l'ordinateur (j'en suis à mon deuxième en 14 ans, un collègue qui dirigeait plus ou moins les commissions de BTS au niveau académique avait insisté pour que je m'équipe, juste avant l'apparition d'Internet, c'était en 92, j'avais un ordinateur hyper-rapide pou l'époque avec 4 RAM de mémoire ! C'était mon premier ordinateur qui ne pouvait contenir Internet. Avec une imrprimante à aiguilles, qui imprimait bien les stencils pour la machie à polycopier qui écrivait en mauve, mais mal les textes en noir et blanc. La préhistoire, quoi ! 11 000  francs (1600 euros) de dépenses pour mon premier ordinateur. 900 euros avec l'imrpimante pour mon portable actuel.

  Bon, il n'y a pas que le matériel scolaire et universitaire qui envahit la maison.

 Il y a aussi les collègues qui envahissent votre vie privée. Les jeunes profs sortent ensemble. La plupart du temps, quand ils arrivent d'une autre région ou d'un autre coin de la région, ils ne connaissent que "leurs collègues profs". Ce sont leurs seuls amis. Ils sortent ensemble formant des petits groupes, ceci tant qu'ils sont célibataires et n'ont pas d'enfants.

  Ensuite, ils se marient entre eux et ont des enfants de profs qui suivent leurs études secondaires dans leur lycée ou leur collège et sont le fils ou la fille de M. Un Tel ou de Mme Une Telle. Ils ont un statut particulier parmi les élèves et les profs. Considérés comme des espions par les deux. Pour les élèves, ils sont les espions de leur parents, si un parent est prof dans la classe, on a peur de se confier à eux. Pour les profs, ils sont les espions des collègues. Si quelque chose ne va pas dans le cours, pourvu qu'ils ne le racontent pas à leurs parents, si les parents vont moufter à l'administration.

  Puis, il y a les collègues plus âgés, dont je fais partie. Personnellement, je protège de plus en plus ma vie privée des collègues, je me suis laissée envahir par les collègues pendant 20 ans.

  Pendant des années, j'ai reçu et jai aidé assistantes et collègues.

 J'ai reçu les assistantes de langues étrangères, pour des repas entre amis, j'ai emmené celles-ci dans mes activités musicales quand elles étaient musiciennes, chorales, orchestres, j'ai reçu les colègues étrangers quand il y avait des échanges scolaires, même quand j'habitais dans un petit appartement 2 pièces/cuisine avec mon époux. On laissait notre lit et on dormait dans le divan dans la salle de séjour. On leur concoctait de bons repas. On dépensait plus que d'habitude pour la nourriture. Et on aimait recevoir. Ils ne se plaignaient pas et nous non plus... Ils ne se plaignaient pas devant nous du moins, de l'étroitesse des lieux. Avant les échanges, pour les préparer, on appelait les collègues de notre téléphone. Tous frais non remboursés.

  Et on recevait aussi les collègues. Au début, ils déboulaient chez nous à tout propos. Parfois les parents d'élèves aussi. Surtout lors des jumelages : "La peitite allemande ne shabitue pas chez nous, Qu'allons-nous faire?" Voilà ce que c'était d'habiter  trop près de son collège (4 km quand même). Chose extraordinaire : A l'époque contrairement à maintenant, rien ne disparaissait chez moi. 

  On fait aussi des réunions de parents dans les supermarchés. "Bonjour, Madame, ah! Vous savez, mon fils/ma fille en allemand..." "Mais que donne ma fille en allemand, elle ne me raconte rien ?" C'est tout juste si on n'épie pas l'heure à laquelle vous irez faire vos courses pour vous contacter dans le magasin.

  On fait aussi les réunions d'anciens élèves dans la rue, ou lors de fêtes communales ou de festival organisé dans la ville où vous avez travaillé. On arrive vers vous avec un grand sourire "Ah, Madame, on ne vous a jamais oubliée.". ça fait chaud au coeur. "Vous jouez toujours de la guitare ?"  Vous vous demandez : "Ces visages là ? C'étaient des lycéens, pas des collégiens? Dans quel lycée ? Dans quelle classe ? "Vous vous souvenez de nous, Madame?" Je suis franche (ils ont vraiment changé physiquement et en maturité aussi) "Moi, je suis un tel et lui un tel!" Si vous les avez eu dans un laps de 1 à 7 ans, vous savez encore leur nom. Si vous les avez eu il y a 10 à 30 ans, vous vous grattez la tête, vous vous souvenez de l'établissement, vaguement de la place où ils étaient assis, et quand ils vous disent leur nom, tout revient.

 Ceux-là, je les ai eu il y a de 5 à 7 ans en 2nde :

   'Je suis étudiant en pharmacie, Madame, lui est en médecine... mais on a redoublé tous les deux notre première année"

   Ces deux là, je les ai eu en TS (eux disent, en 1S), il y a 13 ou 14 ans :

  "Je suis prof de physique à l'université, Madame, Lui, ils est psychiatre".

  Ils ont fait leur chemin.... Et pourtant en classe, ce n'étaient pas les lumières de l'allemand. Les filles étaient souvent bien meilleures.

  Ces deux là, mariés, que je rencontre à la caisse d'un hypermarché,  les ai eu en section hôtellerie. Et ils nous disent : 

  "On a un restaurant dans les Ardennes Belges.... l'allemand, ça nous sert, à apprendre le néerlandais, parce que ça ressemble beaucoup au néerlandais et on a beaucoup de clients qui parlent néerlandais"

Vous descendez à l'hôtel et le receptionniste vous dit :" Ah ! Bonjour, Mme domino ! Quelles nouvelles ? Depuis le temps où je vous ai eue comme prof"..

Vous rentrez dans un fast-food et la dame qui est au comptoir vous dit : "Tiens ? Mme domino ?  Que faites-vous ici ? Vous vous souvenez de moi ?" Bref, c'est le revers de la célébrité...

  On fait aussi des réunions d'anciens élèves ou entre collègues pendant les grandes vacances. Tenez, quand on était jeune on a rencontré sur la digue de Port-Navalo (c'est loin de Petite Ville du Nord !)  un élève de mon mari, un collègue à moi, et le couple de secrétaires qui géraient mon établissement.

  Puis, les choses se sont un peu calmées. On ne recevait plus les collègues que sur invitation. Et plutôt les anciens collègues que les collègues actuels. Il faut éviter de parler des élèves chez soi.

Quand on reçoit des collègues, on parle toujours de travail, et des anciens collègues, d'ancien travail.

 "Ah! Tu te souviens de tel ou tel élève que nous avons eu en telle ou telle année , Ah! Oui!  Cette année-là ? c'était dans cette classe. Mais non, une telle, sais-tu ce qu'elle est devenue ? Non... et bien... je l'ai rencontré il n'y a pas longtemps et ..."

  Et tu te souviens qu'un jour, tu as dit ça à une élève ? Ah, non... Mais si, tu me l'avais raconté...

  Et il y a les anciens collègues qui se souviennent de tout. Ceux qui vont raconter en salle des profs tout ce que vous faites, où vous êtes allés en vacances, que vous faites partie de telle chorale, que vous avez rencontré l'un des plus grands guitaristes du monde,

 (il a lui même rencontré le pape Jean-Paul II, plusieurs fois, mais en salle des profs dans un établissement public, je n'irai pas moufter.

Il a même deux tantes qui sont religieuses, mais comme il est en poste dans un établissement public, je n'irai pas le balancer.

Cependant il en parle aux collègues... En catimini... Tout le monde le sait, mais personne ne le dit tout haut)

  En catimini, il ne parle pas que de lui. Tout le monde sait

qu'il est venu chez vous Samedi Soir, avec tel et tel autre collègue, que vous avez mangé ci et ça,

que lui a bu tel vin, mais pas vous, parce que vous ne buvez pas d'alcool, mais vous en servez aux autres, on ne peut pas faire autrement,

qu'il y a un nouveau meuble dans votre salle de séjour et un bibelot en plus (D'ailleurs quand on va chez lui, il nous montre ses nouveaux bibelots qu'il va acheter chez les Compagnons d'Emmaüs),

et que vous avez été chez ses parents,

que vous avez chanté avec votre guitare pour sa mère,

que sa mère a dit que vous avez la même voix qu'Anne Vanderlove (d'autres disent la même que Barbara, des références!).

  Mais, officiellement, il ne raconte rien...

 Il n'y a pas que lui... il y a la collègue

qui voudrait que vous l'aidiez à devenir la plus grande chanteuse du monde et

qui squatte votre appartement et votre accompagnement de guitare quatre heures par semaine,

fait jouer ses relations pour faire les deux seuls et uniques concerts de sa carrière de chanteuse ;

se fait photographier avec vous, fait mettre la photo dans le journal, qu'un principal mal intentionné découpe attentivement, mettant l'article dans votre dossier, ce qui vous fera passer 20 ans plus tard pour quelqu'un qui porte deux casquettes. A cause de celle qui se voyait déjà brûlant les planches de l'Olympia (ce n'était pas une prof d'allemand).

  Il ya celle, plus discrète, qui vient faire des duos de guitare alternativement chez vous et chez elle, mais régulièrement tous les mardi soirs, les années où ni l'une, ni l'autre n'avons de cours le mercredi. Et qu'on a le temps de préparer ses cours et de corriger ses copies le mercredi. On n'a jamais fait de concerts ensemble,

elle a trop le trac, dit-elle, elle n'a jamais essayé de jouer en public,

et elle est la modestie même.

Et elle ne boit qu'un jus de fruit,

ne goûte même pas aux petits biscuits.

(C'est une prof d'allemand...)

C'est un secret d'état. Même monsieur je-sais-tout-ce-qui-se-passe-dans-le-lycée ne le sait pas.

  Et notre belle amitié de guitariste est taxée quelques années plus tard,

alors que je ne suis plus titulaire du poste-établissement , mais titulaire d'une zone,

alors que je suis devenue inférieure, par ma position de titulaire qui n'est que remplaçante,

alors que mon étoile est  descendue dans la société et au firmament de l'enseignement,

de rapport conflictuel....

Voilà ce qu'est la vie privée de prof...

domino

 

 

 

 

mercredi, 12 juillet 2006

1968-2006 : Aucune comparaison

Faisant partie de la génération de ceux qui ont fait leurs études dans les années 60, je m'insurge contre la comparaison entre les résultats du baccalauréat de 1968 et ceux d'aujourd'hui !

 Voici le parcours du combattant que j'ai du faire en tant qu'élève des années 60 pour arriver jusqu'en classe de Terminale :

Premier écrémage :

En 1961, à l'âge de 10 ans tout juste, venant d'une école primaire à laquelle n'était pas rattaché un collège et un lycée, école primaire privée d'un quartier populaire d'une grande ville, j'ai du passer l'examen d'entrée en sixième. Seules celles (il n'y avait pas encore la mixité) qui étaient quasiment sûres de le réussir avaient le droit de passser cet examen : 3 élèves sur une classe de environ 15 élèves de CM2. Donc, 12 élèves environ étaient orientées en cours supérieur pour suivre ce cours et passer leur CEP à 13 ou 14 ans. Ils étaient nombreux et nombreuses. Tous les ans, les lauréats du CEP (Certificat d'Etudes Primaires), faisaient sauter des pétards dans la rue. Ils ne connaissaient pas les langues étrangères, mais avaient une excellente orthographe, ne faisaient ni géométrie, ni algèbre, mais savaient compter. Ils connaissaient bien aussi la géographie de la France et du monde... Déjà en CE1, quelle ne fut pas la stupeur de mon institutrice lorsque j'eus placé le Portugal au Sud de l'Espagne au lieu de le placer à l'Ouest sur des cartes que l'on dessinait soi-même! A titre de comparaison beaucoup d'élèves de collège ne savent actuellement même pas où est l'Est et l'Ouest....

De ma classe d'école primaire donc, dont au moins les 3/4 savaient déjà lire à 5/6 ans avant d'entrer à l'école primaire, nous ne fûmes que 3 élues pour la classe de 6ème. Deux entrèrent en 6ème moderne et je fus la seule à entrer en 6ème classique ( = 6ème avec latin). Je pense que les 2 autres élèves qui avaient réussi l'examen d'entrèe en 6ème Moderne ( = 6ème sans latin), n'ont pas continué leurs études jusqu'à la Terminale. Elles ont du changer d'orientation à l'issue de la Troisième.

Des 80% d'élèves qui ont eu leur bac aujourd'hui, les 3/4 dans les années 1960 n'auraient jamais été en sixième. On n'acceptait en 6ème que les brillants élèves de primaire.

Deuxième écrémage :

Une deuxième sélection se faisait à l'issue de la classe de 5ème. C'était encore le cas quand j'ai commencé à enseigner dans les années 70, même si dans les années 70, donc 10 ans plus tard seulement, on ne faisait plus une aussi sévère sélection à l'entrée en sixième.

Mon frère a subi cette sélection. Il a été orienté en 4ème technique à l'issue de la 5ème parce qu'il n'était pas assez bon en histoire et en français. Mais il était bon dans les matières scientifiques. Actuellement, on aurait dit, "il fera un bon S". D'ailleurs, tous ses enfants, qui ont à peu près le même profil que lui ont eu un bac S, dont deux avec mention AB. Donc, mon frère, s'il était né 30 ans plus tard, aurait eu, au lieu d'un bac "Technique Electronique" sans mention, un bac S avec mention.

A l'issue de la cinquième, donc, le quart des élèves qui avaient brillamment passé le cap de l'entrée en 6ème, étaient orientés vers des sections techniques et vers les CAP (Certificat d'Aptitude Professionnelle). Il y avait trois possibilités pour eux : le CAP avec un apprentissage à la clef, le  lycée technique, comme pour mon frère, ce qui leur fermait définitivement la possibilité d'avoir un bac classique, et pour les filles l'Ecole Pratique où l'on pouvait entrer aussi après le CEP. J'avais une voisine qui allait à l'Ecole Pratique. Elle y apprenait les tâches ménagères, la coupe et la couture et le tricot. Nous aussi, en collège, on avait des cours de Couture. J'avais eu le premier prix de Couture en 6ème, donc j'étais méticuleuse, mais on m'avait menacée de redoublement à cause de mon écriture, et pourtant je dessinais bien, mon cahier de religion dessiné à l'encre de Chine, avec des lettres en relief et les espaces blancs coloriés au crayons de couleur, était montré dans toute l'institution. On citait ce cahier en exemple ! Cependant, malgré mes bons résultats, on a failli me faire redoubler pour l'écriture... A l'école maternelle, à l'âge de 5 ans, j'avais une superbe écriture bien ronde. J'écrivais au crayon noir (crayon gris ou crayon de bois, selon les régions...). Le passage au porte-plume à l'entrée en primaire m'avait posé quelques problèmes. Les pâtés commençaient à émailler mes cahiers couverts de bonnes réponses. En sixième, ce stylo-plume qui glissait si bien sur le papier a soudain donné des ailes à mon écriture qui est devenue une écriture de médecin... Alors, on m'a dit toute l'année :"Si tu n'as pas une plus belle écriture, tu redoubleras". Donc, entre les versions latines et l'étude de l'anglais, l'étude de l'histoire égyptienne et grecque (c'était le programme de sixième), des Textes de Théophile Gautier et d'Alain Fournier dans le Lagarde et Michard de Sixième, je faisais des lignes d'écriture. Et pendant toutes mes grandes vacances entre la 6ème et la 5ème, je remplissais des lignes d'écriture à essayer de faire des pleins et des déliés avec un stylo-plume... Et au début de la cinquième, le mal étant réparé, on accepta que j'y reste, et ma note en soin/écriture augmenta un peu.

Mes parents, surtout mon père, car ma mère était fière de mes résultats, n'envisageiaent pas pour moi des études aussi longues et c'est seulement grâce à mon année d'avance que j'ai pu continuer mes études jusqu'à l'université, si je n'avais pas bien travaillé en classe, j'aurais été à l'école pratique. Mon père disait qu'il fallait qu'une femme sache cuisiner, faire le ménage, tricoter et faire de la couture. Il parlait toujours de couture, parce que ma mère qui savait tricoter et m'avait appris le tricot dès l'âge de 7 ans, ne savait pas coudre à la machine. Et mon père pensait que connaître la Coupe et la Couture était indispensable pour faire faire des économies à mon futur ménage. Mais la petite fille passait vaillamment toutes les étapes et montait allègrement de classe en classe, en faisant le racommodage familial pendant les grandes vacances. Ma mère me donnait son grand panier à linge où s'accumulaient les bas sur lesquels il fallait rattraper les mailles, les pulls auxquels ils fallait faire la même chose, les chaussettes à repriser, les élastiques de taille à recoudre, etc... Ceci dit mes ancêtres brugeoises avaient peut-être été dentellières et cela ne devaient pas me poser trop de problèmes. Et je cruaudais aussi le jardin, entendez par là, j'arrachais ou plutôt j'enlevais délicatement en les soulevant avec un outil les mauvaises herbes. Quant au tricot... Il y a quelque part dans le Bourbonnais, une dame de mon âge qui a le souvenir d'un mémorable pull jacquard blanc et bleu que j'avais fait à l'âge de 12 ans. Nous étions en vacances là-bas et mon tricotage faisait l'admiration de toutes les dames du village qui m'apprenait leurs trucs de tricoteuses et c'est grâce à elles que j'ai appris une technique qui permettait de tricoter vite.

Revenons-en à nos moutons (Mais contrairement à ce qui se passait alors à 400 km de là chez mon futur époux, il n'y avait pas de moutons chez moi).

Après être entrée en Quatrième, la classe qui avec la Première se passa le mieux pour moi, le parcours était assuré jusqu'au BEPC (Brevet d'Etudes du Premier Cycle), ce fameux premier cycle étant le collège actuel. Comme j'étais excellente en Mathématiques -et à partir de la Troisième j'ai commencé à être bonne en français, j'ai plutôt recommencé à être bonne en français, parce que j'étais bonne en français de l'Ecole Maternelle où entre l'âge de 5 et 6 ans, je faisais déjà de l'analyse grammaticale, et où nous étudiions de très beaux textes de lecture, à la fin de l'Ecole Primaire- , on envisageait pour moi plutôt une orientation scientifique.

En Quatrième j'ai commencé  l'allemand, j'étais bonne en allemand, dont la grammaire était aussi logique que les Mathématiques, et j'avais déjà décidé d'être professeur d'allemand ou de mathématiques, deux matières -scientifiques et littéraires -  incompatibles pour mon orientation future. C'est pour cela que j'ai toujours trouvé qu'il fallait faire une section qui réunit les qualtités des bacs S et L pour les élèves qui sont bons en tout. Ceux qui ont lu mon journal de seconde qui était durant un moment attaché en lien ici, on vu comment au milieu de l'année de seconde, au grand effroi de ma prof de Mathématiques qui adorait sa championne en maths, dont la réputation s'étendait jusqu'en Terminale- je les avais aidées en maths quand elles étaient en Première M (actuelle S) et moi en Troisième- , je suis passée les bras chargés de livres de 2C (scientifique) en 2A (seconde littéraire), parce que l'on faisait plus d'allemand en seconde A. A partir de ce moment là -Ala jacta est- mon futur métier était choisi.

Troisième écrémage :

Revenons-en à ce fameux BEPC. Celui-ci ne suffisait pas à entrer en Seconde.  Il fallait dans mon collège, plus de 12/20 de Moyenne Générale pour entrer en Seconde et plus de 12/20 de Moyenne à l'examen d'entrée en Seconde pour entrer dans cette classe. En fait, il fallait les trois : le BEPC, 12/20 minimum de moyenne générale et 12/20 de moyenne à l'examen d'entrée en Seconde.

En ce qui me concerne j'avais réussi le BEPC, on ne donnait pas de mentions, et je n'ai jamais eu mes notes, seulement mon diplôme. J'avais plus des  12/20  en moyenne annuelle en Troisème, et j'ai eu tout juste les notes requises à l'examen d'entrée en Seconde Scientifique. La Seconde C devait être suivie par une Première C (mathématiques, mais il n'y avait pas cette section dans mon institution, j'aurais du aller dans un lycée de garçons où j'aurais été la seule fille, et mon père n'aurait pas voulu), ou une Première D , section scientifique Biologie, que l'on appelait encore Sciences Naturelles, en abrégé les Sciences Nat ; mais bien que j'ai été abonnée depuis l'école primaire jusqu'en première à un 15/20 immuable dans cette matière, je ne l'aimais pas, sauf la Géologie et l'Etude des Plantes. Je n'aimais pas l'Etude du Corps Humain, ces cours me faisaient tomber dans les pommes. J'ai du sortir deux fois des cours de Sciences Nat parce que j'étais malade, une fois en sixième et une fois en première.

Ceci dit, malgré mon 2ème prix de Grammaire et Thème Allemands et mon 1er Accessit de Version et Questions Allemandes (au bout de deux ans d'étude de l'allemand), il était écrit sur mes résultats de l'examen d'entrée en seconde : "Peut entrer en Seconde C (scientifique) à condition de travailler les langues" (Sic!). C'est comme-ci on écrivait sur un Bulletin d'Entrée en Terminale L : Peut entrer en Terminale L à condition de travailler les Mathématiques.

J'ai bien suivi ce conseil et je le suis toujours. J'adore les langues et je les adorais déjà. j'apprends toujours de nouvelles langues.

En ce qui concerne mes camarades de Troisième, voici ce qu'il advint d'eux :

Quasiment toute la classe de 3ème Moderne est partie dans  quelque chose qui ressemblait au BEP ou dans des écoles de Secrétariat (comme les Cours Pigier). Environ 3 élèves sont montées en seconde C. Le reste de la Seconde C était constitué des meileures élèves en provenance de l'enseignement court. C'était un premier cycle destiné aux élèves qui en principe à l'entrée en sixième n'étaient pas assez bonnes pour entrer en Seconde ensuite. Donc, cette 2C scientifique était moins bonne que la 2A littéraire qui faisait quasiment toutes encore du latin. Il y avait dans cette 2C où j'étais entrée des élèves qui venaient de toutes les écoles privées de la ville et environ 35 élèves quand même.

En passant en Littéraire au cours de la seconde, je rejoignais la meilleure classe. Celle dans laquelle se trouvaient quasiment toutes les anciennes sixièmes  classiques dont la plupart faisaient encore du latin. Nous avions, pour la moitié d'entre nous, un an d'avance (17 ans envisageables dans l'année civile du bac, certaines étant de septembre/octobre ont eu leur bac à seize ans et demi, moi-même, étant de Mai,  à 17 ans et un mois). Dans cette classe, il y avait aussi une élève qui avait deux ans d'avance, elle était entrée en seconde à l'âge de 13 ans, mais elle a redoublé. D'autres bonnes  élèves venant  de cycles courts nous avaient également rejointes. Nous étions aussi 35.

Quatrième écrémage :

Il y a eu un nouvel écrémage à la fin de la Seconde, puisque en Première A , nous n'étions plus que 23, avec une nouvelle camarade arrivée d'un lycée, l'écrémage entre la Seconde et la Première avait été d'un tiers.

La classe la plus prestigieuse de l'Institution était encore la "Philo" ou Classe de Philosophie.

Nous étions la première promotion à avoir des lettres au bout de notre bac: A, C ou D. 

Les Sciences Ex (Sciences Expérimentales) et les Maths Elems (le tremplin pour les Maths Sups) avaient bonne réputation aussi. La première littéraire juste au dessus de nous était la classe de Réthorique, car les liitéraires qui étaient juste avant nous faisaient au lycée la Rhétorique, dans cette classe les élèves passaient le premier bac qui avait beaucoup de matières, puis la Philosophie, où l'on passait le deuxième bac, notre bac actuel, et à l'université on faisait et on passait sa Propédeutique. Mai 68 a balayé la Propédeutique à l'université; c'était une espèce de classe préparatoire avec beaucoup de matières.

Je suis née un an trop tard pour avoir un bac aussi prestigieux qu'était le bac Philo et faire la Propédeutique, :Comme je m'étais ennuyée en CM2 à refaire la même chose qu'en CM1, on aurait pu me donner une année d'avance supplémentaire, pour que je réussisse mon bac à 16 ans en 1967 et de cette façon j'aurais pu faire la Propédeutique. J'aurais bien voulu sauter le CM2 et ma mère l'aurait voulu pour moi aussi, mais ils n'ont pas voulu que je passe l'examen d'entrée en sixième à la fin du CM1, pourtant j'aurais pu le réussir aussi bien qu'un an plus tard. En CM1/CM2 j'étais dans une classe à deux niveaux et j'avais fait les deux programmes en 1 an.

Si j'avais passé mon bac avec deux ans d'avance au lieu d'un, on ne m'aurait pas dit durant presque toute ma vie "Oui, mais tu as eu ton bac en 1968, c'était un mauvais bac. Dans ma vénérable intitution, on n'avait pas eu d'allègements de programme, on avait travaillé jusque début juin, en cachant nos cartables dans des sacs à provision, pour ne pas être huées par les ouvriers des usines. Ne dites pas que j'aurais été réac, avec mes parents je ne pouvais pas faire autrement. La majorité était à 21 ans, et j'en avais tout juste 17.

Cinquième (petit) écrémage :

A l'entrée en Terminale, les 3 seconds cycles privés des institutions de jeunes filles de  la ville ont fusionné. Un garçon est arrivé dans la classe pour certaines matières, parce qu'il n'y avait pas ses options dans son lycée. Avec la fusion des trois établissement, et un nouveau lieu géographique dans la ville, nous étions 40 dans la classe de Terminale A. Je crois que pour celles qui venaient de mon lycée et avaient du changer de lieu géographique à l'intérieur de la ville et de bâtiment (certaines étaient là-bas depuis le jardin d'enfants), cela avait été comme un arrachement. C'étaient les années des changements et des bouleversements. Certaines camarades avaient encore disparu de la scolarité, telle celle qui était l'une de mes meilleures copines depuis la troisième et était championne de France UGSEL d'athlétisme. Bien que j'étais devenue extrêmement bonne en dessin (mais je n'ai pas passé l'option facultative, on était mal renseignés), je dessinais pour mes camarades de classe, elle me demandaient de leur dessiner des danseuses pour les murs de leurs chambres; bien qu'en Février j'ai acheté ma première guitare, et j'ai appris très vite, j'accompagnais les chants religieux des messes scolaires avec des barrés en Sibm au bout de deux mois,  je travaillais quand même beaucoup en classe et le soir. Mais malgré ces succès artistiques, en classe, je me suis d'abord sentie seule avec toutes les nouvelles qui étaient originaires de ces bâtiments-là.  Mes parents fermaient la lumière à 22h30 et je ne pouvais pas travailler aussi longtemps que mes camarades. Mon exposé sur Apolinnaire (on avait encore du français en Terminale) avait été noté 17 à l'écrit et 14 seulement à l'oral en raison d'une expression timide... Mon anglais s'améliorait au contact des correspondantes de mes camarades et par les chansons, et lorsque je suis allée pour la première fois faire un séjour en Allemagne à Pâques, je me suis rendue compte que je comprenais tout et je parlais presque couramment. Je parlais presque couramment anglais avec les cousins anglais de ma mère, qui étaient venus en visite pendant les vacances entre la Première et la Terminale. Ils descendaient d'un frère de ma grand-mère qui était parti en Angleterre vers 1920. Mais ils ne sont venus à la maison que quelques heures.

Ma mère ne m'a aidée qu'à l'école primaire. Elle m'a appris à lire et à écrire avant l'âge de 4 ans et mon entrée en école maternelle et me faisais réciter mes leçons que l'on devait apprendre par coeur. Ma mère ne parlait aucune langue étrangère,  donc elle n'a pas pu m'aider en langues.

A partir de la sixième, mes parents n'arrivaient plus à me suivre sur le plan scolaire. Mon père m'a fait réciter en 4ème ma première liste de vocabulaire allemand, la première leçon du Bodvin et Isler, avec les élèments de la pièce "das Fenster, die Tür" et les éléments du mobilier "der Tisch, der Stuhl" avec leurs pluriels. Mais ensuite, il n'a plus eu le temps.

Mes parents n'avaient que leur CEP (le fameux Certificat d'Etudes Primaires), mon père l'avait eu à 12 ans dans les années 20, et ma mère à 13 ans, dans les années 30.  Mon père a étudié dans les années 50 par correspondance. Il est sorti premier de "l'Ecole d'Approvisionnement", c'était une école commerciale de niveau supérieur, qui était aussi fréquentée par des étudiants ayant des licences. Mais lui était entré là avec seulement son Certificat. Mon père avait appris l'allemand oral pendant la guerre, en étant prisonnier durant 5 ans là-bas, il a appris à peu près en même temps que nous l'anglais, et il apprenait aussi l'italien, tout cela pour ses voyages professionnels, car il allait régulièrement en Allemagne, en Italie et en Angleterre et est allé  aussi pour son travail deux fois aux Etats-Unis. Mais je trouvais qu'il avait une mauvaise prononciation.

Le baccalauréat :

Et le bac de 68? Celui qui soi-disant était du niveau de celui de cette année ?

Dans ma bonne classe de A de 40 élèves, celle où il y avait eu l'écrémage dont vous avez entendu parlé ci-dessus, celle pour laquelle les élèves avaient été sélectionnées en tant que classique dès la sixième, 15 seulement ont été admises en Juin . Nous étions 7 à avoir des mentions. Une TB (une outsider de 18 ans  parlant couramment allemand de naissance et ayant choisi l'option 3 langues vivantes), deux B (les deux meilleures élèves de la classe, mais sans année d'avance,  18 ans, l'une a fait un parcours sans faute jusqu'à  l'agrégation d'histoire, son père était prof de cette matière, notre prof de Teminale. Elle était déjà allée en Chine et en  URSS). Et  4 mentions AB,  dont je faisais partie avec 13/20 de moyenne. Les deux mentions B étaient latinistes. 3 des 4 mentions AB dont moi, étaient en Option Mathématiques,  sachant que dans la classe, il y avait une élève en option 3 langues vivantes, 5 élèves options Mathématiques (dont moi) et toutes les autres, 34 donc, étaient restées latinistes jusqu'au bac. Ne dites surtout pas que le premier bac A, même labellisé 68 aurait été un bac poubelle ! Il n'y avait pas d'autre classe de L dans l'Institution, l'autre classe de Terminale était une TD pour les futures femmes médecins.

Et j'ai eu en maths une moins bonne note que la note prévue, entre 18 et 20 tout au long de l'année, nous avions passé le bac à l'oral et là je peux vous dire que je suis tombée pour cette  matière qui était ma meilleure matière sur une prof expéditive. On n'était pour elle que des littéraires. Elle m'a donné 3 exercices que j'ai tous fait au brouillon en 5 minutes à 1 mètre de l'élève qui était en train de passer et séchait. Quand je suis passée j'ai fait brillament le premier exercice, la prof qui m'interrogeait m'a dit "C'est très bien, merci, ce n'est pas la peine de faire le reste. Je vois que vous êtes bonne". J'avais tout bon à ce qu'elle m'avait demandé de faire , elle n'a pas voulu écouté le reste, et elle m'a mis 14/20, ce qui pour elle était une bonne note et ce qui pour moi en était une mauvaise. Si j'avais passé les Mathématiques à l'écrit, j'aurais pu faire tous mes exercices et avoir 20/20.  S'il n'y avait pas eu Mai 68, j'aurais passé les maths à l'écrit... et j'aurais eu 20/20.

15 autres ont été admises en Septembre. Et 10 ont échoué.

Mon ancien  lycée a pourtant depuis été considéré plusieurs fois depuis qu'il y a un classement des lycées comme le meilleur de la région. Mais en 68, les candidats et candidates  qui venaient du privé et passaient un bac oral, donc non anonyne, n'avaient pas la tâche facile face à des professeurs du public (ceux du privé n'interrogeaient pas encore) extrêmement politisés. D'ailleurs ma question d'Allemand a porté sur la division de l'Allemagne, mais je m'en étais bien sortie avec un 15/20. Au bac blanc, avant mon séjour en Allemagne, j'avais eu 11/20. Au bac j''avais la moyenne partout.

J'enseigne depuis longtemps dans le public, mais je n'ai jamais défavorisé un candidat du privé à un oral de bac.

Mais à cette époque-là le clivage privé/public était très fort, plus fort que maintenant, et il est vraisemblable que dans un bac tout à l'oral, les candidats du privé aient été défavorisés. Je connais le niveau actuel des élèves de Terminale,  et je peux vous dire que si cela avait été en 2006, toute ma classe aurait eu le bac en Juin et les 3/4 auraient eu des mentions.

Ou alors, le journaliste qui a dit ce matin à la radio -d'après mon époux- qu'il y avait  eu aussi 80% de réussite au bac en juin 68 s'est trompé. Car à l'exemple de cette bonne classe de Centre-Ville dans laquelle j'étais en  68, il n'y aurait du y avoir que 40% de réussite au bac en Juillet 68. Et 40% en Septembre. Donc, 80% en tout, et pas en Juin. Personne n'a passé son bac en Juin en 68. Il a commencé en Juillet. Si c'était 80% en juillet pour toute la France, c'est que le privé aurait été défavorisé.

Dans le cas où c'était 80% en tout, pour Juillet et Septembre,  la classe de privé dans laquelle j'étais n'aurait pas été défavorisée.

domino