lundi, 27 octobre 2008
10; 20; 30; 40; 50; 60; 70; 80; 90; 100;
Je fais cette rétrospective des décennies de ma vie, en me basant sur le même article du blog Haut et Fort Elisabeth Leroy "Mes passions".
0 : Je viens de naître dans une grande ville industrielle. Au milieu d'une énorme métropole. Le jour de ma naissance, en Mai, il y avait la canicule. J'habite dans une rue où toutes les maisons se touchent et sont pareilles. Je suis enfant prodige, je sais lire à 2 ans, écrire à 3 ans... je fais du solfège et je connais mes notes à 5 ans. Jusqu'à l'âge de 10 ans, je veux être institutrice comme ma maîtresse. Je suis en admiration devant l'institutrice du CM1-CM2, Mademoiselle Michèle (c'est son prénom).
10 : J'ai 10 ans juste avant d'entrer en sixième. Avant d'entrer en sixième, je veux être institutrice toujours, en sixième, je ne fais pas encore d'allemand, je fais du latin et de l'anglais, je veux être prof de latin (je déchanterai ensuite!) ou de maths, où je suis bonne aussi et où je resterai toujours bonne. Je commence à réunir toutes les petites voisines et petits voisins en été, dans le jardin de la nouvelle maison, pour leur faire la classe (une vocation précoce!). Ma petite soeur est mon élève la plus difficile, bien que douée aussi. Quand j'ai dix ans, elle a 2 ans. Mon frère a 13 ans, cela fait déjà plusieurs années qu'il voulait être électricien (il démontait des postes de radio et les remontait bien à l'âge de 6 ans...), maintenant il veut être électronicien. Sa chambre qui est la plus grande de la maison déborde de matériel électronique; Je me demande où il fait ses devoir, il a une grande table, recouverte de tout ce qu'il construit.
20 : Je suis étudiante en allemand. Après avoir eu mon bac à 17 ans avec la mention AB (on aurait pu espérer mieux, mais cette année là, je dessinais pur toutes la clase, essentiellement des danseuses, et je commence la guitare en auto-didacte, ce qui est facilité par les trois années de solfège que j'ai faites pendant mon enfance), j'ai redoublé ma première année. C'est normal, j'ai une excuse, j'étais seconde langue en classe. On fête mes 20 ans en Mai. Je chante à la guitare ce jour-là pour tous mes cousins et cousines très nombreux du côté de ma mère, mes amis et les amis de mes amis, il y a même un copain de l'école maternelle qui est devenu guitariste professionnel. Tout le monde est enthousisamé. Bien que je suis enrhumée et que je tousse depuis Mars, les copains de mon frère disent qu'ils n'ont jamais entendu une voix comme çà. Je n'ai jamais pris de cours de chant alors, ma seule prof de chant était Joan Baez, que je ne connaissais pas personnellement, mais j'écoutais ses disques à longueur de journée. Je fais de la guitare au conservatoire local, succursale du conservatoire de Paris, est-il écrit sur les diplômes de ce qui deviendra une ENM où je suis entrée directement en Elémentaire, après avoir passé un concours d'entrée où l'on ne prenait que 2 candidats sur 20 (avant j'avais appris toute seule). Mon père n'avait pas voulu me donner le complément financier pour m'acheter la guitare que le prof préconisait, j'a dû en acheter une moins chère. Mais à 20 ans, j'abandonne le conservatoire pour faire ma licence sérieusement. Bizzarement c'est pendant les deux années où je faisais le conservatoire que j'ai eu tous mes examens à la session de juin. Pour la licence, à 21 ans, (3ème année de licence actuelle) j'ai dû repasser deux oraux en septembre, que j'ai réussi, alors que j'avais dû remplacer ma mère qui était malade durant tout l'été.
A la fête de mes 20 ans, mon futur mari, et mari actuel, un copain d'université est déjà là. Il a confectionné des gâteaux chez ma mère. Des gâteaux allemands. C'est un secret de polichinel que c'est mon copain, mais... pas officiellement, parce que mon père et ma mère ne doivent rien savoir, mon père veux que je finisse d'abord mes études, alors on ne lui dit rien, pour qu'il ne se mette pas en colère.
30 : Je suis prof d'allemand depuis l'âge de 22 ans. Et mon père vient de mourir d'un cancer généralisé. Quant à ma mère, elle s'est complètement remise des ennuis d'estomac qu'elle avait eu lorsque j'avais 20 ans, et qui avaient géné ma dernière année d'"étudiante libre", c'est à dire non salariée, mon premier passage du CAPES et la maîtrise dont je n'avais obtenu que le C2, avec mention Bien quand même. (J'ai rattrapé la maîtrise tardivement). Mon avenir alors? Prof d'allemand, les pays allemands, faire tous les tours de pays d'Allemagne possibles (à pied) et la musique qui entre de nouveau de plein pied dans ma vie; je viens de faire gratuitement (sans être payée), avec une copine collègue, les deux seuls concerts d'ACI de ma vie jusqu'ici, dans un cercle de poètes, on a traité mon oeuvre instrumentale pour guitare "Soleil et Brume" de Debussy.
J'improvise déjà beaucoup, je suis allée à 4 stages d'épinette des Vosges et je joue bien et j'improvise aussi. Je joue de le flûte à bec. J'ai pris des cours de chant dans une école de musique, mais on dirait que ma voix n'est plus aussi belle qu'à 20 ans (elle est revenue depuis!). Je vais souvent en Allemagne, dans la famille de mon mari , chez des amis en RDA, que nous avons rencontré à un cours d'été.
Et camper et randonner en Autriche. Et en Italie du Nord (Südtirol). C'etait à cause de prospectus touristiques, en juillet 1980 j'avais trié l'appartement, et j'avais sorti trois prospectus qui montraient des endroits que je voulais voir : la trilogie Jungfrau, Mönch, Eiger, dans le Berner Oberland, les Drei Zinnen ou Tre Cime di Laverado, dans les Dolomites, ce sont des montagnes dont on ne peut pas contempler la trilogie à partir d'une voiture, alors avec un permis vieux de 2 ans (j'étais plus téméraire que maintenant), on part à la conquête des hautes montagnes d'Europe centrale. Et on installe notre tente sur les campings à proximité de ces montagnes, montant à pied sur les plateaux qui nous permettent de les voir. Le troisième endroit ce sont les lacs de Carinthie que je veux revoir (on y était déjà allés l'année de notre mariage), et on choisit le plus calme le Weissensee, en obtenant la deuxième année, l'année de mes 30 ans, juste après la mort de mon père, l'épingle d'or de randonnée (goldene Wandernadel). On a accumulé les petites épingles de randonnée comme cela pendant cinq-six ans, la plus importante étant la Silberne Wandernadel du tout de Sarre qu'on a fait à plus des deux tiers. Je suis germanistes jusqu'au bout des ongles, j'aime les forêts sarroise en hiver, et rentrer dans des Hütten pour manger et boire quelque chose de chaud. Et en été des verres de lait sur les alpages autrichiens, ces fameuses Almen, la mélancolie des paysages du Sud de la Carinthie. La mélancolie des Jodler de la chorale locale qui regroupe un habitant sur dix.
A part la musique, je ne vois pas d'autre avenir que prof d'allemand. A oui, j'ai mon CAPES depuis 5 ans, après 3 ans d'enseignement privé où j'avais des élèves de la trosième à la terminale, je suis passée dans le public à l'obtention de mon CAPES, je travaille en collège où j'organise les échanges avec une Realschule allemande, selon les années, j'emmène de 15 à 30 élèves en Allemagne; à ma deuxième rentrée dans ce collège en 1978-79, j'ai 48 élèves d'allemand en sixième sur 2 classes. J'enseigne avec Martin et Zehnacker en 6ème, la leçon avec l'horloge qui sonne, qu'est-ce que ça leur plaît, des films fixes et des grosses bandes magnétiques et je passe mes récratations à les placer au bon endroit, je fais participer mes élèves aux fâtes scolaires où ils chantent en allemand et dansent Liebe Schwester, tanz mit mir et jouent à la flûte des airs folklorques allemands. En quatrième et troisième LV2, j'ai Holderith avec Rolf et Gisela, un prof d'allemand du jumelage, ne veut pas croire que mes quatrièmes n'ont que 6 mois d'allemand, tant ils font de bonnes Nacherzählungen orales.
40 : Je suis toujours prof d'allemand, en 90-91, je suis revenue en lycée. Cela me plaît bien, j'ai le sentiment d'avoir des relations plus profondes avec les élèves, de moins rester dans la superficialité, certains sont restés des amis. Je les retrouve sur des espaces où l'on peut retrouver ses copains de classe et ses élèves, et ses anciens collègues. Mais certains élèves de collège que j'ai eu à la fin des années 80 viennent me retrouver aussi. Physiquement je grossis, je suis moins sportive, je fais davantage de muisque. En été, les randonnées seront remplacées au milieu des années 90 par les stages de guitare, et aussi de chant. Un nouveau prof de chant sauve ma voix à partir du milieu des années 90. Mais elle redevient plus belle depuis que je ne fais plus de classique. Années 90. Je participe à des petits concours internationaus de niveau moyen et DFE. J'ai beaucoup de joies avec la musique, avec mes élèves de lycée aussi.
50 : A 50 ans, ma carrière de prof d'allemand monte, je suis devnue "pilier de lycée", bien que le proviseur que j'ai depuis 9 ans ne reconnaîisse pas mes qualités et me dénigre constamment. Je suis membre de jury de bac et de BTS, membre des commissions de choix de sujet et j'épaule le responsable de la cimmission qui couvre trois académies. J'ai fait partie des groupes de PAF recherche-action. J'aime la recherche pédagogique. Musicalement, j'ai cosntruit mes deux guitares baroques et romantiques, dans le stage que je fréquente en tant que guitariste depuis 1994. Je chante en alto les musiques sacrées de Vivaldi et Pergolèse. J'adore surtout chanter Vivaldi, et Bach..
Je ne le sais pas encore, mais c'est à 51 ans, que je rencontrerai l'inspecteur d'allemand qui va changer le cours de ma carrière. Pas en bien... Il veut que j'abandonne l'allemand, me dit "qu'il ne me confierais jamais ses enfants", " que j'ai fait une faute de débutante", une faute pédagogique
[j'avais fait entendre d'abord la cassette audio sans texte, sur un texte littéraire, ce que je ne faisais jamais d'habitude, je donnais toujours le texte en même temps, mais un collègue m'avait dit qu'en cas d'inspection il fallait passer la cassette et dire "Was habt hir verstanden?", alors que d'habitude, je faisais faire de nombreux repérages sur des textes , en fait, j'avais changé mes habitudes et les habitudes des élèves le jour de l'inspection, alors que ce que je faisais d'habitude était ce qu'il fallait faire ; ceci dit, j'avais pris un texte de première en terminale STT pour que l'on ne me dise pas que le texte soit trop difficile, et j'ai sorti de cette classe non littéraire un germaniste qui a réussi depuis sa première année de Master, après être passé par un BTS],
que... injure suprême "mes élèves ne m'aiment pas". J'en éprouve un chagrin fou, fou, fou. Pour la première fois de ma vie, je veux en finir avec la vie, mais je ne passe pas à l'acte. Je suis heureusement inscrite à la formation académique d'agrégation interne et j'otbiens ma première admissiblité (des deux que j'ai eu jusqu'ici). Avec cette inspection, c'est toute ma vie qui s'écroulait, non seulement ma vie professionnelle, masi mon mari et moi, on a commencé à se disputer à partir de cette inspection; lui, avait eu une bonne inspection l'année précédente, c'était moi qui avait préparé son cours.... Il se considère maintennat comme supérieur à moi, me donne constamment des ordres, devient ronchonneux. Il change du tout au tout son attitude vis à vis de moi.
Dégoûtée, je demande ma mutation en mettant dans ma liste de voeu, la zone de remplacement locale, et en tant que titulaire remplaçante, je suis déconsidérée, considérée partout comme une débutante (je parais plus jeune que mon âge), je ne vais plus dans les stages de musique, ne sachant jamais, si demain, j'aurais assez d'argent (ça coûte aussi). Ne connaissant pas mon avenir financier, on ne part plus en vacances. Je suis constamment azimutée par l'agrégation qu'il faut que j'obtienne pour rester prof d'allemand. On me donne des remplacements comme CPE que je refuse, des remplacements en documentation, que j'accepte malgré moi, parce que je suis obligée, si je ne veux pas avoir des blâmes et un tas d'autres choses désagréables.
Heureusement qu'il y a les blogs et Internet où je fas tout doucement mon chemin comme écrivain amateur, photographe amateur (un vrirus de famille, mon grand-père maternel était photographe, et ma mère a travaillé dans la photographie dans les années 30-40). Musicienne amateur. Et je fais tout doucement mon chemin sur Internet, ce qui me permet peut-être de rester à flots.
Mon avenir?
60 :A 60 ans, je ne serais pas encore en retraite, du moins je l'espère. Car comme je l'ai déjà écrit, si je prends ma retraite à 65 ans, dans mon grade actuel, j'aurais 700 Euros de plus par mois que si je la prends à 60 ans. J'espère que j'aurai l'agrégation. Je serais peut-être connue comme musicienne sur Internet. Peut-être comme écrivain et comme photographe. Peut-être comme poète.
Je serais peut-être encore professeur d'allemand, et je compterai le rester jusqu'à 65 ans, comme cela je n'aurai rien à envier à mon mari, qui bien que travaillant dans deux établissements est toujours prof d'allemand.
70 : Cela fera cinq ans que je serai en retraite; comme Elisabeth, je serai une star du web, s'il existe encore; on me connaîtra comme guitariste, comme compositeur, comme chanteuse, si je garde ma voix jusque là, mais sans forcer et sans trop de rhumes ça devrait aller.. comme écrivain, comme poète... (l'un des rêves de mon adolescence, mais ce n'est pas dans les dizaine en 0, masi dans les dizaines en 5), je- ferai de nouvau du sport, de la natation, de l'aquia-g seym, je guérirai mes jambes pour faire de la randonnée, je ferai un poids normal, je visiterai beaucoup d'endroits, je voudrais aller sur d'autres continents, masi j'ai peur de prendre l'avion; mais je peux aller en Afrique en bâteau en passant par l'Espagne en voiture, et en Asie en bâteau en traversant la Méditerrannée orientale. Peut-être que d'ici là tous ces pays seront en paix. Je prendrai le Transibériien, je ferai la Panaméricaine, la route 66, la route de la Soie, tous mes rêves de toujours... et le chemin de Compostelle dont j'ai déjà fait trois étapes. J'irai voir le Grand Coullee Dam et le Dust Bowl de Woody Guthrie et la Californie. J'irai m'asseoir au bord du Golfe du Mexique chanter Gulf Winds, et au bord du Pacifique regarder l'Eurasie de loin. Je visiterai les montagnes de Nouvelle 2élande et le bush australien.
80 : Comme j'aurai rajeuni mon corps par rapport à maintenant, je continuerai mes voyages, et ma musique, à écrire... je serai toujours une star du web, je visitrai encore la France, la Belgique, l'Allemagne à fond et je verrai encore toutes les places célèbres des pays europées, je ferai encore de petites randonnées... Je ferai beaucoup travailler ma mémoire pour ne pas devenir gaga comme ma mère. Je ferai des Sudoku et des mots fléchées et des jeux d'adresse sur Internet, comme Segovia qui a joué de la guitare jusqu'à plus de 90 ans et faisait encore des concerts et des tournées à plus de 90 ans, je ferai de la guitare. J'essaierai de garder ma voix jeune le plus longtemps possible pour qu'elle ne chevrotte pas (j'ai connu dans des chorales des dames qui chantaient bien jusqu'à 85 ans).
90, 100 et plus... : Ce sera l'âge de la Sagesse, je complèterai mes mémoires que j'aurai déjà commencées, j'écrirai des pensée, et aussi comme Berlioz qui composait ses symphonies sur la guitare, des symphonies et des concertos, plein de poèmes, je marcherai encore pour entretenir ma santé. Je n'irai pas en maison de retraite où l'on transforme les vieux en zombie...
Je me prévois un grand avenir....
domino
La même chose chez Elisabeth... C'est une chaîne, prenez l'idée et rédigez votre propre texte 10, 20 .... 100.
12:06 Publié dans Les Mémoires d'une i-grimoirienne | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : mémoires, passé, avenir
mardi, 08 juillet 2008
Le valise verte....
Voici un commentaire que j'ai fait sur le blog d'Elisabeth, à propos d'une histoire qu'elle raconte à propos d'une valise envoyée par le train qui a mis 14 jours à arriver à bon port :
Ha! C'est drôle, dans un de mes blogs où je raconte le voyage en Alsace (tu dois savoir lequel!), je raconte aussi qu'on allait chercher les valises à la gare, des gares qui étaient souvent tout au fond de vallées de montagne. Généralement, elle mettaient trois jours à arriver,et en attendant on avait la petite valise verte qui servait aux deux ou trois jours de voyage, selon la destination (pour le Pays Basque et la Côte d'Azur, c'était trois jours! et même deux jours et demi pour la Bretagne, de vraies expéditions!), et aux trois premiers jours, cela faisait donc six jours de voyage pour les valises, mais parfois elles arrivaient aussi avant nous! Mes parents les portaient aussi un ou deux jours à l'avance à la gare. A quatre ou cinq il était impossible de mettre plus d'une valise dans la 2CV! Les vacances, c'était de véritables expéditions, mais on s'en souvient tellement bien, et ce sont des souvenirs heureux.
Ecrit par : domino_ | mardi, 08 juillet 2008
Lien sur la note d'Elisabeth que j'ai commentée : Clic, clic.
18:45 Publié dans les vacances i-grimoiriennes de l'enfant domino | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : mémoires, valise, sncf, 2 cv, vacances
jeudi, 08 mai 2008
Mon printemps 68
Voici un commentaire que j'ai fait sur le blog d'Elisabeth :
Un point commun avec ta soeur :
Je passais mon bac cette année là. Mais pour nous les grèves étaient loin, école privée, on a été en classe jusque début juin, puis j'ai préparé le bac tout le reste du mois avec la radio qui ne diffusait plus que de la musique sans interventions de speaker entre deux. Pendant un mois, j'ai relu tout mon programme de philo, toutes les oeuvres au programme, puis je suis passée le 3 juillet, à la fin des épreuves une examinatrice est passée et m'a dit : "Ne vous en faites pas, on a fait les comptes, vous avez mention assez-bien. J'ai gardé le secret jusqu'aux resultats alors que mes parents s'inquiétaient. Puis quand ma mère est arrivée avec le journal dans ma chanbre en criant "T'as une mention!" Je lui ai dit : "Mais je le savais déjà!" "Tu le savais, et tu nous as rien dit???"
Deuxième point commun ,avec toi :
Je voulais aussi me laisser pousser les cheveux très longs. Ma mère n'aimait pas (Maintenant, elle dit le contraire!). Ils m'arrivaient environ sur les épaules car je les laissais pousser depuis un an. Mais mes cheveux étaient châtains et ils frisaient au bout et je les aurais voulu blonds et lisses comme ceux de ma soeur. Maintenant, je trouve que les cheveux châtains ondulés, c'est plus beau. Mais ils ne sont jamais arrivés jusqu'à ma taille, parce que ma mère voulait toujours que je les coupe pour les égaliser.
Ecrit par : domino_ | jeudi, 08 mai 2008
21:50 Publié dans Les Mémoires d'une i-grimoirienne | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : mai 68, le bac 68, mémoires
samedi, 26 avril 2008
De la guerre froide... et de la guerre absente...
Quand j'étais jeune et jusqu'à la chute du mur, c'était la guerre froide.....
La guerre Est-Ouest....
A l'Est il y avait le "sale communiste", le bolchevique, et à l'Ouest les gentils français, les gentils anglais et les gentils Yankees.
Il y a eu Kennedy, assassiné en 1963, j'avais douze ans, je m'en souviens. On n'avait pas la télévision, seulement la radio.
Avant il y a eu la crise de Cuba, on était dans la nouvelle maison, j'avais dix ou onze ans.
Encore avant dans la veille maison, il y a eu la guerre d'Algérie, celle où un enfant de la ferme (la seule ferme de la ville) avait été tué. C'est comme cela qu'on a su, que la guerre existait encore, que ça tuait des jeunes du quartier, même si ça ne se passait pas ici.
Il y avait aussi (je n'avais pas dix ans), puisqu'on habitait encore dans la veille maison, les essais nucléaires au Sahara (avant ceux de Muruora) . On écoutait la minute de Jean Nochet qui disait que la radio-activité, ça venait jusqu'en France, par les vents du Sud, par beau temps. On écoutait toujours la minute de Jean Nochet, c'était passionnant, il parlait des villes futures, des autoroutes qui allaient se croiser en formant des grandes boucles, des villes nouvelles, des dangers de la nouvelle civilisation qui était en train d'arriver.... et mon frère et moi, on se blottissait devant la radio, on était passionné, et on avait peur, et on se faisait peu mutuellement, ma soeur n'était pas encore née, ou était encore un bébé.
On n'écoutait pas la minute de Saint-Granier, car mon père n'écoutait pas Europe 1, c'était une radio communiste, ou socialiste, on écoutait France Inter. Qui s'appelait Radio-Ville Régionale. On écoutait passionnément "Les Maîtres du Mystère" et "La Tribune de l'Histoire". On s'instruisait plus qu'à l'école.... Seuls dans la famille mes grands-parents maternels avaient la télévision.
Mais revenons à nos moutons.... Les essais atomiques... La guerre froide....
Les essais atomiques, c'était pas très loin... On disait que les nuages étaient radio-actifs, que la pluie était radio-active, bien avant Tschernobyl. Un jour, c'était encore dans l'ancienne maison, donc je n'avais pas dix ans, je devais en avoir huit ou neuf, ma mère m'a dit de mettre mon imperméable pour sortir. On était sur le pas de la porte et j'ai demandé à ma mère (je me souviens exactement de cette scène, il me semble que mon frère était avec nous) : "Dis maman, est-ce que tu crois que la pluie qui tombe est radio-active, est-ce que notre peau va tomber en poussière?" Ma mère qui avait vécu la grande guerre, la deuxième, a répondu "Non, ce sont des bêtises!" Mais moi, je savais que ce que disait ma mère n'était pas vrai, que cette pluie était dangereuse, parce que Jean Nochet qui était l'une de nos idoles à moi et à mon frère (on ne connaissait que sa voix), l'avait dit!
La guerre froide, on en a pris conscience lors de la crise de Cuba, on disait que ça allait être la troisième guerre mondiale, que des fusées allaient jeter des bombes atomiques partout sur l'Europe, qu'on allait tous disparaître, tous mourir. On était petits et on ne voulait pas mourir sous les bombes atomiques, on avait peur...
Et après on a assassiné John F. Kennedy, qui était notre nouvelle idole, un président des USA démocrate, on était dans la nouvelle maison, la radio, c'était le transistor, posé dans un coin de la salle de séjour, et on a eu peur, on était révoltés, on a pleuré. J'avais douze ans, un beau Missel en cuir noir avec une tranche dorée, et je faisais ma communion. On lisait "la vie catholique illustrée". Et on regardait les photos. On cherchait qui avait pu tuer John Fitzgerald Kennedy.
Pendant les vacances à l'âge de 12, 13 et 14 ans on est allée en vacances dans une maison du Massif Central, dans un village abandonné au fin fond d'une vallée, où on allait chercher l'eau à la source qui coulait à même la route, un pays d'élevage, avec des vaches, des copains de notre âge, un terrain de Badminton qu'on avait dessiné dans la cour de l'école primaire privée qui était en face de la maison, et où à quatre enfants, mon frère et moi, et la fille et le garçon d'à coté, on jouait au vrai badminton, avec un filet en simple et en double, avec toutes les vraies règles du jeu que j'avais trouvé dans un Marabout Flash sur les jeux de plein air. Pour tout ce qui était sport et théâtre j'étais une organisatrice de jeux née. Je savais déclencher l'enthousiasme pour un jeu, même des plus vieux. Mais ce que je voulais dire de cette mystérieuse maison où un aigle empaillé traînait dans la salle à manger, donnant à quelques journées grise et pluvieuses et aux soirées un air lugubre, qui nous faisait croire que des fantômes allaient arriver, c'est que c'était la maison de campagne d'un évêque et que des piles de Paris-Match étaient entassées dans son bureau. Mon père avait trouvé cette maison à louer par une annonce dans un journal.
Mon père passionné, lisait les piles de Paris-Match, et nous autorisait à les lire (l'évêque l'avait autorisé aussi), il regardait surtout les plus vieux, ceux qui parlaient encore de la seconde guerre mondiale pendant laquelle il avait été prisonnier, ceux de la guerre d'Algérie et de la guerre d'Indochine, ceux des premiers pas de de Gaulle comme président en 1958. Et il y avait aussi la crise de Cuba, les essais atomiques et l'assassinat de Kennedy et aussi le sport, je regardais surtout les reportages de skis, je n'en avais jamais fait, mais c'était mon rêve, et quand on montait dans les montagnes, je regardais avec envie les pistes de skis des Pierres du Jour.
J'habitais dans une grande ville industrielle qui était très grise à l'époque (elle a pris des couleurs depuis), et je dois dire qu'on en rencontrait jamais de police, ni dans les rues, ni dans les bus que je prenais régulièrement depuis l'âge de 10 ans. Le seul endroit où l'on voyait de la police, c'était sur les routes, les motards qui surveillaient la circulation, très dense et dangereuse à cette époque, surtout les retours de la mer. Ou les agents de police qui faisaient la circulation aux carrefours dangereux où il n'y avait ni rond-.points, ni feu rouge.
On voyait rarement l'armée. On voyait les soldats rentrer seuls en uniforme au bercail après une permission. Et quand on partait en vacances, on suivait parfois des convois militaires sur les routes.
Puis il y a eu 68, lors de l'assassinat de Martin Luther King, j'étais en Allemagne, pour la première fois chez ma correspondante, son père nous a appelées et a dit "Venez vite voir la télévision, il s'est passé quelque chose." Bien, que je n'avais que quatre ans et demi d'étude scolaire de d'allemand, je ne sais pas pourquoi, je comprenais tout ce qu'il disait. Et la mère de ma correspondante aussi. C'était un réfugié de Silésie et sa mère une Westphalienne, pure souche, qui pronçait tous les "g" en "ch", disait Teklemburch et Iburch et Hamburch et durch sonnait comme durich. Bref, quand Martin Luther King a été assassiné, on était tous atterré devant le petit écran en noir et blanc (c'était vraiment un très petit écran), le père de ma correspondante pleurait, sa grand-mère aussi, je connaissais Martin Luther King par les marches auxquelles participait Joan Baez qui avait marché à ses cotés (il y a une photo sur son My Space).
En 68-69, je prenais le train pour aller à l'université. Il n'y avait pas de composteur, mais un employé qui trouait les billets à la montée dans le train et un autre qui les ramassait à la sortie de la gare. Mais il n'y avait pas de police dans la gare de Grande Métropole Régionale, pas d'armée, sauf quand les trains des troufions en permission qui sifflaient toutes les jeunes filles, arrivaient.
Pas comme aujourd'hui, avec Vigipirate, et les menaces d'attentats, c'est bourré de police, d'agents de sécurité, de soldats, mitraillettes au canon, qui pointent leur arme sur les pieds des malheureux passants qui ne leur ont rien fait.
En 1969, il y a eu l'assassinat de Robert Kennedy, j'étais en train d'étudier dans ma chambre quand on l'a annoncé. J'ai pleuré amèrement. Toutes les larmes que je pouvais.
Dans les années 70-80, je suis allée plusieurs fois en RDA avec mon mari. Quand on adhérait à l'association de jumelage France-RDA, c'était facile d'obtenir un visa. On a vu les Vopos à la frontière qui contrôlaient nos passeports, y mettaient les tampons, jetaient un coup d'oeil furtif sur nos bagages, et mettait une échelle dans le compartiment pour voir s'il n'y avait personne sur les porte-bagages, et reposaient leur échelle à la fenêtre pour voir si personne ne s'enfuyait. Quand il était passé, on regardait par la fenêtre. Il y avait un Vopo au loin qui surveillait sur le quai, si personne ne descendait. Les armes rangées dans leur fourreau. C'était la guerre froide..... La frontière était un long bandeau de terre qui ressemblait à un chemin de randonnée, autour duquel la terre était minée (paraît-il) et au bord duquel se trouvait de loin en loin un mirador en bois, qui ressemblait aux tours d'observation que l'on trouve dans les forêts. Et sur lesquels il n'y avait personne.
Le train s'ébranlait lentement au travers des montagnes de Thuringe avant d'atteindre un endroit où tous les passagers criaient 'la Wartburg!!". Le fameux château où Luther avait traduit la Bible, avec la tâche d'encre qui était toujours volée et repeinte. Puis on arrivait à Eisenach, les retraités qui revenait d'un voyage à l'Ouest embrassaient leur famille et les passagers habituels du train, une foule bigarrée de couleurs en été quand il faisait une chaleur caniculaire, montaient dans les wagons. On parlait, on parlait, avec l'accent de Thuringe. La dame du haut parleur débitait sa litanie monotone "Achtung! Bahn zwei! Der Zug nach Berlin fährt weiter über Gotha, Erfurt, Eisenach, Weimar, Apolda...." avec l'accent de Thuringe. On descendait à Erfurt ou à Apolda. Dans la gare d'Erfurt il n' y avait tout au plus qu'un seul Vopo. C'était la guerre froide..... Mais on était loin de la frontière. République Démocratique Allemande? Une république et une démocratie en même temps?
Parfois, si on se baladait à minuit, on rencontrait un Vopo qui vérifiait notre passeport, parce qu'ils connaissaient les étrangers, à Erfur seulement, à Apolda il ne s'occupaient que du stationnement de voitures. Pour avoir les tampons des visas, il fallait aller chez eux, avant de partir aussi; ils avaient beaucoup de bonhomie. Rien à voir avec les mines crispées des soldats en arme que l'on rendontre la mine crispée dans la gare et dans la station de métro de Grande Métropole Régionale.
Bien sûr vous vous faisiez un peu sermonner si vous aviez oublié votre roue de secours dans la rue, posée sur le coté la voiture, mais c'était le sermon du Hausmeister, les Vopos ne restaient pas, c'était une voiture de l'Ouest, ceux de l'Ouest étaient là, dans cette résidence d'étudiant, ils savaient où remettre la roue, ils avaient juste peur qu'on nous la vole et s'inquiétaient de savoir si ce n'était pas du vandalisme perpétré par leurs citoyens à eux (la petite délinquance consistait à voler les insignes et les essuie-glaces des voitures de l'Ouest : Klaus démontait mes essuies-glaces tous les soirs de peur qu'on me les vole. Je suis allées deux fois là-bas en voiture, en hiver... je prenais le train.
Voilà, c'était cela un soi-disant état policier.... c'était la guerre froide, potentiellement plus dangereuse que le gué-guerre actuelle. alors, ici, à Grande Métropole Régionale quand ils pointent leurs mitraillettes sur vos pied à cause de vigipirate, vous vous dites : "Je rêve ou quoi? Il n'y avait même pas cela en RDA, ni en RFA pendant la guerre froide. La frontière de la guerre froide semblait si calme, à Berlin ils vivaient à coté, à quelques mètres.... Mais je ne suis pas allée à Berlin.
domino
(Moi, on veut me virer de l'enseignement de l'allemand, j'ai plein de choses à raconter sur l'Allemagne...)
11:56 Publié dans la politique de mon i-grimoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, guerre froide, rda, armée, mémoires, essais nucléaires, police
jeudi, 17 mai 2007
Journée électrique...
Réponse que j'ai faite à un commentaire d'Elisabeth quelque part sur un i-grimoire :
"Tu as raison d'avoir peur de l'orage, j'ai déjà failli me faire avoir par un éclair. Tu vas rire. Mon mari et moi, on l'a échappé belle. On était assis à la terrasse d'un café-restaurant dans VILLE OU NOUS TRAVAILLONS ACTUELLEMENT. A une table qui était recouverte de verre. Juste au bord de l'auvent. Il faisait beau quand soudain il se mit à pleuvoir quelque goutte d'un nuage qui arrivait. On avança nos chaises et la table un peu plus vers l'intérieur de l'auvent pour ne pas que notre tasse soit arrosée. Mais la pluie augmentait et on se mit à entendre des petits roulements de tambour, on décida de rentrer dans le restaurant où déjà beaucoup de monde s'était réfugié. J'étais le dos tourné à la fenêtre lorsque soudain on entendit comme une explosion derrière nous. L'orage était tombé sur le dessus de la table en verre où mon époux et moi nous étions assis juste auparavant, et venait de projeter la table sur la vitrine du restaurant. Heureusement rien ne s'était cassé, mais tout le monde a sursauté. Le patron qui est un ancien élève de mon mari a été voir dehors ce qui se passait et a dit : "Ouh! Il est tombé pas loin!". Sur ce mon époux a répliqué, se voulant rassurant "C'était un coup de vent!". Mais même s'il y avait effectivement du vent, personne ne l'a cru.
Une heure avant, je n'avais pas d'ordinateur à cette époque...
Ouh là là ! Le temps se couvre... Quand on parle du loup... S'il se rapproche de trop il va falloir que je débranche, ça tonne un peu dans le lointain, il fait tout gris devant la maison et moins derrière. Je ne tiens pas à recevoir encore un coup de jus. On dirait qu'il y a eu un éclair...
Bref, il y avait (je me dépêche de finir le com) une nouvelle climatisation au Cyber-Centre, elle s'est mise à fuir sur les ordinateurs (elle avait été monté le matin). Ceux qui étaient juste en dessous ont changé de place et j'ai appelé la responsable du Cyber-Centre (ce sont des filles informaticiennes), à qui j'ai dit : "On dirait qu'il pleut au travers du plafond". Toutes les deux, on a regardé dehors et on s'est dit, "Mais... Le ciel est bleu.." Puis elle s'est exclamée mais c'est la clim." La clim avait été montée le matin. Elle a essuyé les ordinateurs et j'ai pu rester au mien. Mais il y avait eu avant un peu d'électricité statique.
Le matin dans la salle de bain, j'avais reçu un coup de jus de l'armoire de toilette. J'ai mis depuis des cache-prises sur les prises de la salle de bain. C'est vrai que cette armoire donne de l'électricité statique en période orageuse.
Ce fut une journée (je crois en juillet il y a deux ans) pour le moins électrique(La loi des séries) !
Entretemps, l'orage qui était mélangé avec le bruit des gens qui rentraient leurs poubelles, est parti. En fait, on entendait les deux, et le ciel s'est éclairci.
domino
Tiens, je vais mettre ce com en note sur la journaliste pour avoir un article un peu rigolo."
16:05 Publié dans Les Mémoires d'une i-grimoirienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : météo, mémoires
samedi, 12 mai 2007
Les scandales continuent....
Vous savez tous que la politique de domino, la journaliste alternative, c'est de ne pas faire de politique et de se situer en dehors de la mélée, au-dessus de tout ça, et de superviser le tout, un peu comme un Bon Dieu qui regarderait de là-haut l'ensemble des 12 candidats et de leurs partis, en pesant pour chacun dans sa balance le Pour et le Contre et en ne trouvant pas vraiment chaussure à son pied.
Et voilà que l'élection passée, les scandales continuent.
Un président pas encore investi est conspué par les étudiants....
Sa concurrente déçue faisant un procès à des biographes...
Etc... Etc... Bref, la nouvelle politique des plus jeunes que nous, nous réserve bien des surprises.
Savez vous ce que dit l'étranger de la France? Lisez le/la Zeit. En fait c'est "die Zeit", mais il paraît qu'il faut dire le Zeit, parce que l'on dit le Journal, tout comme on dit le SPD parce que l'on dit le parti en français (traduction de die Partei).
Le grand défaut de nos politiciens est de ne pas lire suffisamment la presse étrangère. Ils ne savent pas avant les élections ce que l'on pense d'eux à l'étranger (si tant soit peu que l'on peut parler d'étranger pour le reste de l'Europe, puisque nous sommes dans le même pays). On peut constater le même défaut chez les électeurs.
Dans le Zeit (et pas la Zeit, puisqu'il faut dire le Zeit), j'ai lu un article dans lequel on jugeait que aucun des deux candidats arrivé en finale ne faisait le poids. Aucun des deux ne ferait, selon eux, le poids dans la politique internationale, et pour représenter la France à l'étranger. Or le rôle d'un président ou d'une présidente est de représenter la France à l'étranger.
Il n'y a pas en France actuellement de politicien qui ferait le poids sur la scène internationale comme un de Gaulle ou un Mitterand, des personalités forgées dans les affres de la guerre. Il n'y a pas quelqu'un comme ceux de la génération qui a fait la grandeur de la France à l'étranger, et a été capable de faire le poids face à des personnages devenus historiques comme Churchill, Adenauer ou Willy Brandt,
Les français connaissent peu les langues. Ils lisent peu les journaux étrangers et ne savent que peu déchiffrer ce qui y est écrit. Je ne sais pas si aucun de nos candidats parlait allemand.
Dans ma génération qui a râté le coche, celle de l'après-guerre, la génération d'entre deux, il y avait des personnes qui parlaient couramment allemand, ils ont préféré faire de la politique en Allemagne, devenir maire de Francfort et député européen, comme Daniel Cohn-Bendit.
Ce que le français oublie souvent, c'est qu'un président n'est pas un premier ministre qui s'occupe davantage de politique intérieure, un président a surtout le rôle d'assister aux cérémonies, de voyager de par le monde pour représenter son pays, de discuter d'égal à égal avec les présidents des plus grands pays. Et l'étranger estime qu'il n'y a plus personne en France capable de jouer ce rôle. Les candidats les plus agés qui sont nés dans la mouvance contestataire des années 60 sont malheureusement aux extrèmes. Ils sont les candidats de la protestation, pas de la représentation.
Peut-être que les jeunes politiciens actuels veilliront d'une bonne façon et au lieu de s'attarder aux affaires personnelles, regarderont plus loin que les frontières de leur pays et les questions sans cesse ressassées par l'actualité telles que l'Irak ou l'entrée de la Turquie en Europe, l'Islamisme.
Certes, la donne politique a changé depuis que le bloc de l'Est est tombé, depuis que l'Europe n'est plus coupée en deux comme dans notre jeunesse. Je me souviens que je n'avais pas froid aux yeux lorsque je traversais la frontière inter-allemande à l'âge de 24 ans pour la première fois. Il fallait le vouloir, traverser le rideau de fer quand on était deux jeunes profs d'allemnand avec leurs sacs à dos et ma guitare. Et le faire une dizaine de fois, parce que c'était pas cher pour perfectionner notre allemand.
Ceci me permet quand même maintenant de faire une bonne interprète pour les maires de l'ancienne RDA qui lorsqu'ils parlent de leurs ancien pays, ne disent pas comme les germanistes français "die ehemalige DDR", l'ancienne RDA, mais bien "zu DDR-Zeiten", "zur Zeit der DDR" (à l'époque de la RDA) ou plus simplement "in der DDR war es so..." (en RDA c'était ainsi). Pour eux, elle n'est pas ancienne. Pour leur partie actuelle de l'Allemagne ils ne disent pas, "die neuen Bundesländer", comme les germanistes français (les nouveaux Länder de l'Est), car en fait ces Länder existaient avant la guerre, mais ils disent : "Im Osten Deutschlands", tout simplement comme on dirait à l'Est de la France, ils disent à l'Est de l'Allemagne, ce qui estompe la différence avec l'Ouest.
Ce qu'on est arriéré, nous les germanistes français, si on ne comprend pas ce pays de l'intérieur. L'Est de l'Allemagne.
De jeunes germanistes me posent souvent des questions sur ce pays où dans les années 70, en tant que français, on retrouvait son enfance des années 50 avec les rues et les places pavées. Sur ce pays où chaque personne qui a pris la peine de le visiter assez longuement ressent de la N'Ostalgie*, même sans y avoir vécu, même sans attache familiale là-bas. Qui peut comprendre les racines d'Angela Merkel, une femme de l'Est de l'Allemagne, sans avoir connu ce qu'elle a vécu dans sa jeunesse? Sans avoir vu le monde occidental à l'envers, assis dans la Wohnzimmer des amis, derrière une petite télé en noir et blanc, qui vous montrait la publicité de l'Est, sans avoir été à l'Intershop leur acheter des cadeaux avec nos devises (il fallait dépenser 13 Mark par personne et par jour...)?
Et il y avait moins de police dans la gare d'Erfurt (s'il n'y en a jamais eu, je me souviens y avoir rencontré tout au plus 1 ou 2 Vopos*), située quelques dizaines de kilomètres derrière le rideau de fer, qu'il n'y en a actuellement dans la gare de Grande Préfecture Française.
Et cet humour, celui de la revue satirique Eulenspiegel et des Kabarett où l'on mettait en boîte les sbires du parti, et cette bonhommie qui est restée...
domino
* N'Ostalgie : mot calqué sur le mot Nostalgie, d'origine française, signifiant la Nostalgie. On met un N apostrophe (N') pour souligner le mot OST qui veut dire EST. Ce mot N'Ostalgie signifie la N'Ostalgie de l'Est.
* Vopo : Volkspolizist ou "policier du peuple". "Die Volkspolizei" était le nom officiel de la police Est Alemande. On ne les voyait jamais dans les campagnes, sauf aux abords de la frontière où ils contrôlaient les passeports des voitures étrangères juste avant le no man's land où ne roulaient plus que des voitures de l'Ouest qui entraient en RDA ou sortaient de RDA. Dans les grandes villes, on les voyaient deux par deux, à pied, seulement en soirée et dans la nuit, où ils s'occupaient de la sécurité (empêcher les agressions), les femmes pouvaient se promener seule la nuit sans crainte, Ils s'occupaient aussi de la circulation routière et dressaient les contraventions (parking, vitesse limitée à 100km/h sur l'autoroute). Ils aidaient aussi les gens. Par exemple, ils m'ont ramené ma roue de secours oubliée dehors, à coté de la voiture, après une réparation de mon moteur par un collègue français (au Symposium de Halle). Ils ont juste secoué la tête en souriant ! Sinon, on ne les voyait pas.
Ceci-dit il fallait faire sa déclaration d'arrivée au bureau de la Volkspolizei (mais mon époux le faisait pour nous deux, je ne me déplaçais pas à la Volkspolizei), et avant de repartir, pour la validation du visa et montrer les tickets de change pour montrer qu'on avait bien changé les 13 marks par jour et par personne. On n'avait pas le change obligatoire à faire lorsqu'on était en voyage "officiel" : cours d'été (Sommerkurs) ou Symposium, et les passeports étaient ramassés sur place, on y mettait les tampons, et on nous les rendait juste ensuite.
09:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : allemand, Allemange, politique, élections, mémoires, RDA, politique extérieure