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mardi, 26 janvier 2010

Savoir faire la différence...

Doofie a parlé dans la note précédente de la RDA.

Il faut bien faire la différence entre la RDA et les autres pays de l'EST dans leur rapport à l'URSS.

La RDA était une partie de l'Allemagne vaincue, une Allemagne qui avait commis une faute historique: comme à l'Ouest en ce qui concerne les Américains et le Plan Mashall, où les Américains s'étaient posés en amis du peuple allemand repenti, l'URSS s'était proposée de devenir l'amie et même la grande soeur de la RDA, en l'aidant à quitter son facisme, le facisme qui l'avait opposé à l'URSS, ce qui est assez surprenant lorsque l'on sait que jusqu'au milieu des années 50, nous avions affaire à une URSS staliniste, donc didactoriale.

Mais cependant les calicots rouges qui fleurissaient les bâtiments publics et les usines, rouges avec des slogans en lettres blanches, parlaient de "la grande soeur, l'URSS", "l'amie de la RDA, l'URSS".  Avec l'aide de l'URSS, la RDA devait réaliser le plan quinquennal, mais non seulement cela, mais elle devait aussi lutter pour la Paix (celle de l'internationale communiste) et contre le facisme (le facisme allemand de la seconde guerre mondiale). Vers 1975, c'est-à-dire 30 ans après la fin de la guerre, a lutte contre le facisme figurait en bonne place parmi les slogans les plus lus sur les calicots rouges aux lettres blanches.

Les mémoriaux contre le facisme, comme celui de Buchenwald, étaient très visités. Ils faisaient partie des visites officielles obligatoires pour qui participait à un programme linguistique ou à un jumelage par exemple. L'allée des Nations de Buchenwald, une grande allée contenant les stèles des nations qui avaient eu des morts à Buchenwald, allée tracée en balcon en haut de la collinne qui domine Weimar, était très fleurie et constellée des drapeaux des différentes nations, des gerbes des anciens déportés et résistants. J'y suis retournée au début des années 2000, les mauvaises herbes poussaient un peu partout, ça sentait mauvais, et les fleurs et les drapeaux de l'Allée des Nations avaient pratiquement disparus.

On visitait ces mémoriaux avec les jeunes allemands de l'Est, on y voyait les chemises bleu roy de la FDJ (Freie Deutsche Jugend, la jeunesse libre allemande) et les foulards des plus jeunes pionniers.

Bon, mais je reviens à mon point de départ. Si la lutte contre le facisme était si présente en RDA, et soutenue par l'URSS, c'était pour que la jeunesse ne puisse pas refaire une guerre comme celle de ses parents (et par conséquent ne pas attaquer l'URSS?). On se demande si l'URSS y trouvait un intérêt ou si c'était par idéalisme politique que l'on insistait tant sur ce point, même auprès d'une jeunesse qui n'avait pas connu la guerre.

De toute façon, les allemands de l'EST, ces DDR-Bürger, n'en rougissait pas. Ils étaient aussi idéalistes, et ont perdu leurs idéaux à la chute du mur. Ils n'avaient peut-être pas le Schuldgefühl (le sentiment de culpabilité) comme à l'Ouest, car ils étaient là pour créer un monde nouveau et pacifiste. 

Bon, maintenant la RDA, ce n'était pas non plus les autres pays de l'ESt parce que grâce à son Mark qu'elle échangeait à 1 pour 1 avec le D-Mark de l'Est, elle avait une économie plus forte que celle des autres pays dits "de l'Est" (Milan Kundera vous apprendra qu'il s'agit non pas de l'Europe de l'Est, mais de la Mitteleuropa, de l'Europe Centrale, car c'est la Russie qui est à l'Est de l'Europe...).

Bon, la RDA était après l'URSS le pays le plus riche du Pacte de Varsovie. Certes certains de  ses citoyens louchaiient vers l'Ouest par l'intermédiaire du petit écran aux couleurs grises, mais il ne louchaient que vers la RFA, qui elle était vraiment beaucoup plus riche, mais aussi beaucoup plus riche que le reste de l'Europe de l'Ouest, et surtout plus riche que la France. Ce qui revenait à dire que le niveau de vie en RDA était ves 1975 l'équivalent de celui de la France d'alors. Car la RFA qui était entre les deux pays, faussaient la vue que les citoyens de RDA se faisaient de l'Ouest, un Eldorado, une Terre Promise. 

En RDA, il n'y avait pas de chômage, pas de sans-abris, tout le monde avait un toit et un feu pour se chauffer en hiver ou des radiateurs. Il y avait des Altersheime pour les vieux et des crêches pour les petits.

On se sentait en sécurité, il n'y avait pratiqument pas de délinquance. Comme dans tous les pays on voyait dasn la rubrique des Faits Divers quelques crimes passionnels, des crimes d'amour. Mais  aucune bande de malfaiteurs n'écumait la RDA.

Bon, pourquoi la RDA était si sûre : grâce à ses frontières tant critiquées. Le seul fléau qui existait était l'alccolisme, surtout dans le Nord du pays. Un fléau qui existait déjà avant la création de la RDA. Et même si certains aficionados fumaient les cigares de Cuba (pas moi, je ne fume pas...), on n'y rencontrait pas d'autre toxicomanie.

La RDA vivait presque en autarcie. economiquement, on jouait la carte de la proximité pour l'alimentation, pour économiser des frais de tranports et on mangeait les fruits et légumes de la région immédiate. La RDA exportait beaucoup, vers l'Ouest et vers Moscou, mais elle improtait peu.

La différence avec les autres pays de l'Est n'était pas qu'économique, mais aussi politique. Si l'URSS occupait la RDA parce que la RDA faisait partie d'une Allemagne qui avait commis la guerre et avait commis une faute, l'URSS occupait les autres pays de l'ESt d'une autre façon. Car les autres pays de l'Est n'avaient rien demandé à personne et n'avaient pas commis la faute. Pour eux, l'occupation russe, sans doute stratégique, l'URSS ne voulant pas trop que l'Ouest s'approche de son térritoire, les pays dits de l'Est formaient une espèce de bouclier sur lequel pouvaient tomber les bombes occidentales, qui alors n'iraint pas plus loin et ne tomberaient pas sur l'URSS.

Les pays de l'Est, eux, n'avaient pas perdu la guerre, mais ils devaient supporter quand même l'occupation soviétique qui était alors ressentie comme une injustice. Si bien que ceux qui ont vécu dans ces pays avant la Chute du Mur, ont toujours considéré lla présence de l'URSS comme une occupation injuste.

Alors que cette présence était diffremment ressenti en RDA. L'armée soviétique était très discrète, On les voyait le dimanche dans les lieux de loisirs estivals, comme les plages des lacs, faire trempette en famille.

Sinon, la population savait où étaent les casernes russes (tranformées depuis en blocs d'appartements spacieux). mais on n'avait pas le droit d'y aller, les soviétiques restaient entre eux, seuls les enfants pénétraient parfois dans les casernes russes grâce à des petits copains russes du même âge qu'eux.

On voyait, tout comme à l'Ouest pour les camions américains ou anglais, tout au plus, les camions militaires sur les routes.

On se sentait en sécurité parce qu'il n'y avait pratiquement pas de délinquance juvénile. Et par ailleurs, les frontières étaient tellement bien surveillées que la RDA ne connaissait pas les problèmes de toxicomanie de l'Ouest.

Ce que la RDA pratiquait vis à vis d'elle-même etait le protectionnisme par excellence, pas seulement économique, mais aussi humain.  

Les frontières fermées ne laissaient passer aucun fléau occidental. Et la RDA était un pays tranquille et où il ne se passait jamis rien. Sauf de la politique! Et des médailles olympiques.

les votures ne roulaient qu'à 80 à l'heure sur les routes et à 100 maximum sur les autoroutes. Les villes, quasiment sans voitures étaient tranquilles. Calmes. A côté des mêmes villes maintenant, je trouve que, ce que l'on éprouvait avant tout, dans ce pays où il ne se passait jamais rien  c'était le CALME.

 

domino

 

samedi, 26 avril 2008

De la guerre froide... et de la guerre absente...

Quand j'étais jeune et jusqu'à la chute du mur, c'était la guerre froide.....

La guerre Est-Ouest....

A l'Est il y avait le "sale communiste", le bolchevique, et à l'Ouest les gentils français, les gentils anglais et les gentils Yankees.

Il y a eu Kennedy, assassiné en 1963, j'avais douze ans, je m'en souviens. On n'avait pas la télévision, seulement la radio.

Avant il y a eu la crise de Cuba, on était dans la nouvelle maison, j'avais dix ou onze ans.

Encore avant dans la veille maison, il y a eu la guerre d'Algérie, celle où un enfant de la ferme (la seule ferme de la ville) avait été tué. C'est comme cela qu'on a su, que la guerre existait encore, que ça tuait des jeunes du quartier, même si ça ne se passait pas ici.

Il y avait aussi (je n'avais pas dix ans), puisqu'on habitait encore dans la veille maison, les essais nucléaires au Sahara (avant ceux de Muruora) . On écoutait la minute de Jean Nochet qui disait que la radio-activité, ça venait jusqu'en France, par les vents du Sud, par beau temps. On  écoutait toujours la minute de Jean Nochet, c'était passionnant, il parlait des villes futures, des autoroutes qui allaient se croiser en formant des grandes boucles, des villes nouvelles, des dangers de la nouvelle civilisation qui était en train d'arriver.... et mon frère et moi, on se blottissait devant la radio, on était passionné, et on avait peur, et on se faisait peu mutuellement, ma soeur n'était pas encore née, ou était encore un bébé.

On n'écoutait pas la minute de Saint-Granier, car mon père n'écoutait pas Europe 1, c'était une radio communiste, ou socialiste, on écoutait France Inter. Qui s'appelait Radio-Ville Régionale. On écoutait  passionnément "Les Maîtres du Mystère" et "La Tribune de l'Histoire". On s'instruisait plus qu'à l'école.... Seuls dans la famille mes grands-parents maternels avaient la télévision.

Mais revenons à nos moutons.... Les essais atomiques... La guerre froide....

Les essais atomiques, c'était pas très loin... On disait que les nuages étaient radio-actifs, que la pluie était radio-active, bien avant Tschernobyl. Un jour, c'était encore dans l'ancienne maison, donc je n'avais pas dix ans, je devais en avoir huit ou neuf, ma mère m'a dit de mettre mon imperméable pour sortir. On était sur le pas de la porte et j'ai demandé à ma mère (je me souviens exactement de cette scène, il me semble que mon frère était avec nous) : "Dis maman, est-ce que tu crois que la pluie qui tombe est radio-active, est-ce que notre peau va tomber en poussière?" Ma mère qui avait vécu la grande guerre, la deuxième, a répondu "Non, ce sont des bêtises!" Mais moi, je savais que ce que disait ma mère n'était pas vrai, que cette pluie était dangereuse, parce que Jean Nochet qui était l'une de nos idoles à moi et à mon frère (on ne connaissait que sa voix), l'avait dit!

La guerre froide, on en a pris conscience lors de la crise de Cuba, on disait que ça allait être la troisième guerre mondiale, que des fusées allaient jeter des bombes atomiques partout sur l'Europe, qu'on allait tous disparaître, tous mourir. On était petits et on ne voulait pas mourir sous les bombes atomiques, on avait peur...

Et après on a assassiné John F. Kennedy, qui était notre nouvelle idole, un président des USA démocrate, on était dans la nouvelle maison, la radio, c'était le transistor, posé dans un coin de la salle de séjour, et on a eu peur, on était révoltés, on a pleuré. J'avais douze ans, un beau Missel en cuir noir avec une tranche dorée, et je faisais ma communion. On lisait "la vie catholique illustrée". Et on regardait les photos. On cherchait qui avait pu tuer John Fitzgerald Kennedy.

Pendant les vacances à l'âge de 12, 13 et 14 ans on est allée en vacances dans une maison du Massif Central, dans un village abandonné au fin fond d'une vallée, où on allait chercher l'eau à la source qui coulait à même la route, un pays d'élevage, avec des vaches, des copains de notre âge, un terrain de Badminton qu'on avait dessiné dans la cour de l'école primaire privée qui était en face de la maison, et où à quatre enfants, mon frère et moi, et la fille et le garçon d'à coté, on jouait au vrai badminton, avec un filet en simple et en double, avec toutes les vraies règles du jeu que j'avais trouvé dans un Marabout Flash sur les jeux de plein air. Pour tout ce qui était sport et théâtre j'étais une organisatrice de jeux née. Je savais déclencher l'enthousiasme pour un jeu, même des plus vieux. Mais ce que je voulais dire de cette mystérieuse maison où un aigle empaillé traînait dans la salle à manger, donnant à quelques journées grise et pluvieuses et aux soirées un air lugubre, qui nous faisait croire que des fantômes allaient arriver, c'est que c'était la maison de campagne d'un évêque et que des piles de Paris-Match étaient entassées dans son bureau. Mon père avait trouvé cette maison à louer par une annonce dans un journal.

Mon père passionné, lisait les piles de Paris-Match, et nous autorisait à les lire (l'évêque l'avait autorisé aussi), il regardait surtout les plus vieux, ceux qui parlaient encore de la seconde guerre mondiale pendant laquelle il avait été prisonnier, ceux de la guerre d'Algérie et de la guerre d'Indochine, ceux des premiers pas de de Gaulle comme président en 1958. Et il y avait aussi la crise de Cuba, les essais atomiques et l'assassinat de Kennedy et aussi le sport, je regardais surtout les reportages de skis, je n'en avais jamais fait, mais c'était mon rêve, et quand on montait dans les montagnes, je regardais avec envie les pistes de skis des Pierres du Jour.

J'habitais dans une grande ville industrielle qui était très grise à l'époque (elle a pris des couleurs depuis), et je dois dire qu'on en rencontrait jamais de police, ni dans les rues, ni dans les bus que je prenais régulièrement depuis l'âge de 10 ans. Le seul endroit où l'on voyait de la police, c'était sur les routes, les motards qui surveillaient la circulation, très dense et dangereuse à cette époque, surtout les retours de la mer. Ou les agents de police qui faisaient la circulation aux carrefours  dangereux où il n'y avait ni rond-.points, ni feu rouge.

On voyait rarement l'armée. On voyait les soldats rentrer seuls en uniforme au bercail après une permission. Et quand on partait en vacances, on suivait parfois des convois militaires sur les routes.

Puis il y a eu 68, lors de l'assassinat de Martin Luther King, j'étais en Allemagne, pour la première fois chez ma correspondante, son père nous a appelées et a dit "Venez vite voir la télévision, il s'est passé quelque chose." Bien, que je n'avais que quatre ans et demi d'étude scolaire de d'allemand, je ne sais pas pourquoi, je comprenais tout ce qu'il disait. Et la mère de ma correspondante aussi. C'était un réfugié de Silésie et sa mère une Westphalienne, pure souche, qui pronçait tous les "g" en "ch", disait Teklemburch et Iburch et Hamburch et durch sonnait comme durich. Bref, quand Martin Luther King a été assassiné, on était tous atterré devant le petit écran en noir et blanc (c'était vraiment un très petit écran), le père de ma correspondante pleurait, sa grand-mère aussi, je connaissais Martin Luther King par les marches auxquelles participait Joan Baez qui avait marché à ses cotés (il y a une photo sur son My Space).

En 68-69, je prenais le train pour aller à l'université. Il n'y avait pas de composteur, mais un employé qui trouait les billets à la montée dans le train et un autre qui les ramassait à la sortie de la gare. Mais il n'y avait pas de police dans la gare de Grande Métropole Régionale, pas d'armée, sauf quand les trains des troufions en permission qui sifflaient toutes les jeunes filles, arrivaient.

Pas comme aujourd'hui, avec Vigipirate, et les menaces d'attentats, c'est bourré de police, d'agents de sécurité, de soldats, mitraillettes au canon, qui pointent leur arme sur les pieds des malheureux passants qui ne leur ont rien fait.

En 1969, il y a eu l'assassinat de Robert Kennedy, j'étais en train d'étudier dans ma chambre quand on l'a annoncé. J'ai pleuré amèrement. Toutes les larmes que je pouvais.

Dans les années 70-80, je suis allée plusieurs fois en RDA avec mon mari. Quand on adhérait à l'association de jumelage France-RDA, c'était facile d'obtenir un visa. On a vu les Vopos à la frontière qui contrôlaient nos passeports, y mettaient les tampons, jetaient un coup d'oeil furtif sur nos bagages, et mettait une échelle dans le compartiment pour voir s'il n'y avait personne sur les porte-bagages, et reposaient leur échelle à la fenêtre pour voir si personne ne s'enfuyait. Quand il était passé, on regardait par la fenêtre. Il y avait un Vopo au loin qui surveillait sur le quai, si personne ne descendait. Les armes rangées dans leur fourreau. C'était la guerre froide.....  La frontière était un long bandeau de terre qui ressemblait à un chemin de randonnée, autour duquel la terre était minée (paraît-il) et au bord duquel se trouvait de loin en loin un mirador en bois, qui ressemblait aux tours d'observation que l'on trouve dans les forêts. Et sur lesquels il n'y avait personne.

Le train s'ébranlait lentement au travers des montagnes de Thuringe avant d'atteindre un endroit où tous les passagers criaient 'la Wartburg!!". Le fameux château où Luther avait traduit la Bible, avec la tâche d'encre qui était toujours volée et repeinte. Puis on arrivait à Eisenach, les retraités qui revenait d'un voyage à l'Ouest embrassaient leur famille et les passagers habituels du train, une foule bigarrée de couleurs en été quand il faisait une chaleur caniculaire, montaient dans les wagons. On parlait, on parlait, avec l'accent de Thuringe. La dame du haut parleur débitait sa litanie monotone  "Achtung! Bahn zwei! Der Zug nach Berlin fährt weiter über Gotha, Erfurt, Eisenach, Weimar, Apolda...." avec l'accent de Thuringe.  On descendait à Erfurt ou à Apolda. Dans la gare d'Erfurt il n' y avait tout au plus qu'un seul Vopo. C'était  la guerre froide..... Mais on était loin de la frontière. République Démocratique Allemande? Une république et une démocratie en même temps?

Parfois, si on se baladait à minuit, on rencontrait un Vopo qui vérifiait notre passeport, parce qu'ils connaissaient les étrangers, à Erfur seulement, à Apolda il ne s'occupaient que du stationnement de voitures. Pour avoir les tampons des visas, il fallait aller chez eux, avant de partir aussi; ils avaient beaucoup de bonhomie. Rien à voir avec les mines crispées des soldats en arme que l'on rendontre la mine crispée dans la gare et dans la station de métro de Grande Métropole Régionale.

Bien sûr vous vous faisiez un peu sermonner si vous aviez oublié votre roue de secours dans la rue, posée sur le coté la voiture, mais c'était le sermon du Hausmeister, les Vopos ne restaient pas, c'était une voiture de l'Ouest, ceux de l'Ouest étaient là, dans cette résidence d'étudiant, ils savaient où remettre la roue, ils avaient juste peur qu'on nous la vole et s'inquiétaient de savoir si ce n'était pas du vandalisme perpétré par leurs citoyens à eux (la petite délinquance consistait à voler les insignes et les essuie-glaces des voitures de l'Ouest : Klaus démontait mes essuies-glaces tous les soirs de peur qu'on me les vole. Je suis allées deux fois là-bas en voiture, en hiver...  je prenais le train.

Voilà, c'était cela un soi-disant état policier.... c'était la guerre froide, potentiellement plus dangereuse que le gué-guerre actuelle. alors, ici, à Grande Métropole Régionale quand ils pointent leurs mitraillettes sur vos pied à cause de vigipirate, vous vous dites : "Je rêve ou quoi? Il n'y avait même pas cela en RDA, ni en RFA pendant la guerre froide. La frontière de la guerre froide semblait si calme, à Berlin ils vivaient à coté, à quelques mètres.... Mais je ne suis pas allée à Berlin.

domino

(Moi, on veut me virer de l'enseignement de l'allemand, j'ai plein de choses à raconter sur l'Allemagne...)

samedi, 12 mai 2007

Les scandales continuent....

Vous savez tous que la politique de domino, la journaliste alternative, c'est de ne pas faire de politique et de se situer en dehors de la mélée, au-dessus de tout ça, et de superviser le tout, un peu comme un Bon Dieu qui regarderait de là-haut l'ensemble des 12 candidats et de leurs partis, en pesant pour chacun dans sa balance le Pour et le Contre et en ne trouvant pas vraiment chaussure à son pied.

Et voilà que l'élection passée, les scandales continuent.

Un président pas encore investi est conspué par les étudiants....

Sa concurrente déçue faisant un procès à des biographes...

Etc... Etc... Bref, la nouvelle politique des plus jeunes que nous, nous réserve bien des surprises.

Savez vous ce que dit l'étranger de la France? Lisez le/la  Zeit. En fait c'est "die Zeit", mais il paraît qu'il faut dire le Zeit, parce que l'on dit le Journal, tout comme on dit le SPD parce que l'on dit le parti en français (traduction de die Partei).

Le grand défaut de nos politiciens est de ne pas lire suffisamment la presse étrangère. Ils ne savent pas avant les élections ce que l'on pense d'eux à l'étranger (si tant soit peu que l'on peut parler d'étranger pour le reste de l'Europe, puisque nous sommes dans le même pays). On peut constater le même défaut chez les électeurs.

Dans le Zeit (et pas la Zeit, puisqu'il faut dire le Zeit), j'ai lu un article dans lequel on jugeait que aucun des deux candidats arrivé en finale ne faisait le poids. Aucun des deux ne ferait, selon eux, le poids dans la politique internationale, et pour représenter la France à l'étranger. Or le rôle d'un président ou d'une présidente est de représenter la France à l'étranger.

Il n'y a pas en France actuellement de politicien qui ferait le poids sur la scène internationale comme un de Gaulle ou un Mitterand, des personalités forgées dans les affres de la guerre. Il n'y a pas quelqu'un comme ceux de la génération qui  a fait la grandeur de la France à l'étranger, et a été capable de faire le poids face à des personnages devenus historiques comme Churchill, Adenauer ou Willy Brandt,

Les français connaissent peu les langues. Ils lisent peu les journaux étrangers et ne savent que peu déchiffrer ce qui y est écrit. Je ne sais pas si aucun de nos candidats parlait allemand.

Dans ma génération qui a râté le coche, celle de l'après-guerre, la génération d'entre deux, il y avait des personnes qui parlaient couramment allemand, ils ont préféré faire de la politique en Allemagne, devenir maire de Francfort et député européen, comme Daniel Cohn-Bendit.

Ce que le français oublie souvent, c'est qu'un président n'est pas un premier ministre qui s'occupe davantage de politique intérieure, un président a surtout le rôle d'assister aux cérémonies, de voyager de par le monde pour représenter son pays, de discuter d'égal à égal avec les présidents des plus grands pays. Et l'étranger estime qu'il n'y a plus personne en France capable de jouer ce rôle. Les candidats les plus agés qui sont nés dans la mouvance contestataire des années 60 sont malheureusement aux extrèmes. Ils sont les candidats de la protestation, pas de la représentation.

Peut-être que les jeunes politiciens actuels veilliront d'une bonne façon et au lieu de s'attarder aux affaires personnelles, regarderont plus loin que les frontières de leur pays et les questions sans cesse ressassées par l'actualité telles que l'Irak ou l'entrée de la Turquie en Europe, l'Islamisme.

Certes, la donne politique a changé depuis que le bloc de l'Est est tombé, depuis que l'Europe n'est plus coupée en deux comme dans notre jeunesse. Je me souviens que je n'avais pas froid aux yeux lorsque je traversais la frontière inter-allemande à l'âge de 24 ans pour la première fois. Il fallait le vouloir, traverser le rideau de fer quand on était deux jeunes profs d'allemnand avec leurs sacs à dos et ma guitare. Et le faire une dizaine de fois, parce que c'était pas cher pour perfectionner notre allemand.

Ceci me permet quand même maintenant de faire une bonne interprète pour les maires de l'ancienne RDA qui lorsqu'ils parlent de leurs ancien pays, ne disent pas comme les germanistes français "die ehemalige DDR", l'ancienne RDA, mais bien "zu DDR-Zeiten", "zur Zeit der DDR" (à l'époque de la RDA) ou plus simplement "in der DDR war es so..." (en RDA c'était ainsi). Pour eux, elle n'est pas ancienne. Pour leur partie actuelle de l'Allemagne ils ne disent pas, "die neuen Bundesländer", comme les germanistes français (les nouveaux Länder de l'Est), car en fait ces Länder existaient avant la guerre, mais ils disent : "Im Osten Deutschlands", tout simplement comme on dirait à l'Est de la France, ils disent à l'Est de l'Allemagne, ce qui estompe la différence avec l'Ouest.

Ce qu'on est arriéré, nous les germanistes français, si on ne comprend pas ce pays de l'intérieur. L'Est de l'Allemagne.

De jeunes germanistes me posent souvent des questions sur ce pays où dans les années 70, en tant que français, on retrouvait son enfance des années 50 avec les rues et les places pavées. Sur ce pays où chaque personne qui a pris la peine de le visiter assez longuement ressent de la N'Ostalgie*, même sans y avoir vécu, même sans attache familiale là-bas. Qui peut comprendre les racines d'Angela Merkel, une femme de l'Est de l'Allemagne, sans avoir connu ce qu'elle a vécu dans sa jeunesse? Sans avoir vu le monde occidental à l'envers, assis dans la Wohnzimmer des amis, derrière une petite télé en noir et blanc, qui vous montrait la publicité de l'Est, sans avoir été à l'Intershop leur acheter des cadeaux avec nos devises (il fallait dépenser 13 Mark par personne et par jour...)?

Et il y avait moins de police dans la gare d'Erfurt (s'il n'y en a jamais eu, je me souviens y avoir rencontré tout au plus 1 ou 2 Vopos*), située quelques dizaines de kilomètres derrière le rideau de fer, qu'il n'y en a actuellement dans la gare de Grande Préfecture Française.

Et cet humour, celui de la revue satirique Eulenspiegel et des Kabarett où l'on mettait en boîte les sbires du parti, et cette bonhommie qui est restée...

domino

* N'Ostalgie : mot calqué sur le mot Nostalgie, d'origine française, signifiant la Nostalgie. On met un N apostrophe (N') pour souligner le mot OST qui veut dire EST. Ce mot N'Ostalgie signifie la N'Ostalgie de l'Est.

* Vopo : Volkspolizist ou "policier du peuple". "Die Volkspolizei" était le nom officiel de la police Est Alemande. On ne les voyait jamais dans les campagnes, sauf aux abords de la frontière où ils contrôlaient les passeports des voitures étrangères juste avant le no man's land où ne roulaient plus que des voitures de l'Ouest qui entraient en RDA ou sortaient de RDA. Dans les grandes villes, on les voyaient deux par deux, à pied, seulement en soirée et dans la nuit, où ils s'occupaient de la sécurité (empêcher les agressions), les femmes pouvaient se promener seule la nuit sans crainte, Ils s'occupaient aussi de la circulation routière et dressaient les contraventions (parking, vitesse limitée à 100km/h sur l'autoroute). Ils aidaient aussi les gens. Par exemple, ils m'ont ramené ma roue de secours oubliée dehors, à coté de la voiture,  après une réparation de mon moteur par un collègue français (au Symposium de Halle). Ils ont juste secoué la tête en souriant ! Sinon, on ne les voyait pas.

Ceci-dit il fallait faire sa déclaration d'arrivée au bureau de la Volkspolizei (mais mon époux le faisait pour nous deux, je ne me déplaçais pas à la Volkspolizei), et avant de repartir, pour la validation du visa et montrer les tickets de change pour montrer qu'on avait bien changé les 13 marks par jour et par personne. On n'avait pas le change obligatoire à faire lorsqu'on était en voyage "officiel" : cours d'été (Sommerkurs) ou Symposium, et les passeports étaient ramassés sur place, on y mettait les tampons, et on nous les rendait juste ensuite.