mercredi, 12 septembre 2007
Ils ont perdu le rugby, hi, hi!
Les français ont perdu le rugby, et le foot, et bien je dis ouf! Tant mieux! Pourquoi? Quoi? Je ne suis pas chauvine? Je n'ai pas de patriotisme? Mais, non, ce n'est pas cela!!!!!! Je n'avais pas envie de me coltiner des heures de commentaires de sport à la radio, à entendre des speakers hurler: "ça y est, ils vont marquer un... non! c'est passé à coté!" Pas envie de me taper tout ce tin-touin, tout ce tintamarre dans les oreilles!
Alors je suis contente qu'ils ont perdu, les journeaux arrêteront de ne parler que de cela et redeviendront normaux avec des articles variés.
Ah! ils ont fait trop de tintamarre avant, c'est pour cela qu'ils ont perdu!
La prochaine fois, ils ne feront que des entrefilets discrets sur leurs entrechats sur gazon et ils gagneront. Trop de chauvinisme et de patriotisme, ça fait perdre les joueurs, surtout que certains n'en ont peut-être rien à faire de jouer dans l'équipe de France, quand ils ne sont pas eux-mêmes nés dans l'Hexagone.
domino
23:10 Publié dans Humour i-grimoirien. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, humour
lundi, 30 avril 2007
Tournedent
Je venais d'avoir 16 ans et je mordais la vie à pleines dents, c'était le début de l'été. J'étais en première, à la fin de l'année scolaire. On avait fait une sortie scolaire de classe le jeudi avant la sortie. Pas grand-chose. Juste une petite ballade jusqu'à un parc animalier avec des animaux sauvages en liberté, des sangliers, des biches. Je me souviens encore avoir vu quelques sangliers et marcassins courir parallèlement au chemin. Avoir vu des biches en liberté, en avoir caressée une. Et je me souviens aussi que ce jour là j'avais un pique-nique dans mon sac. Je ne sais plus si la pomme était dans mon sac, ou si on me la offerte. J'ai croqué dedans avec délectation. Je sentais le jus sortir de la pomme et humidifier ma langue en coulant sur mes dents. J'ai le souvenir de cette pomme, comme la dernière pomme que j'ai croquée à pleines dents.
La sortie de classe s'était bien passée. Les parents ont toujours peur pour les sorties de classe, ils n'ont jamais peur pour les sorties familiales, car quand on sort avec ses parents, on est forcément en sécurité, ou bien ?
C'était en 1967. A la fin de l'année scolaire.... Maintenant les vacances étaient arrivées. C'était le premier samedi des vacances. On cherchait des meubles pour ma chambre, parce que ma correspondante allemande allait venir à la fin du mois de juillet, et ma chambre que j'allais prêter à ma correspondante en dormant moi-même sur un lit de camp n'était pas "présentable". Mes parents faisaient tous les magasins de meubles de la région, pour trouver des meubles beaux, de bonne qualité, mais pas trop chers. Mon père avait vu une publicité pour un magasin qui était à la campagne dans le Pas-de-Calais, En plus, juste à coté il y avait une belle forêt, la forêt de Tournehem. On irait voir les meubles et on irait dans la forêt, jolie journée en perspective. On regarda les meubles mais on ne trouva rien qui fut à la fois de mon goût (j'étais très moderne à l'époque) et de la qualité que souhaitait mon père.
On sortit, il y avait juste à coté de cette espèce de grande surface où étaient exposés les meubles, un terrain de jeux pour enfants et plus grands. Ma mère joua un moment avec ma petite soeur sur les jeux pour enfants, tandis que je me tournais vers une balançoire plus grande. La balançoire était une longue planche en bois à laquelle était accrochée à chaque bout deux cordes. Il n'y avait rien pour se tenir.
A l'entrée du terrain il y avait une pancante : "Nous déclinons toute responsabilité en cas d'accident".
Au début, j'étais seule sur la balançoire, je me balançais doucement. Bien que sportive à l'époque (j'avais ma ceinture verte ou blleue - je ne me souviens plus exactement de la date à laquelle j'ai eu ma ceinture bleue - de judo, je faisais aussi de la natation, et j'avais eu 17/20 à des enchaînements de gymnastique au lycée), je n'étais pas téméraire. C'est pourquoi me rendant bien compte que cette balançoire ne pouvait pas aller vite sans que l'on s'envole vers l'avant, je me balançais doucement, heureuse, dans le vent, qui devait être une légère brise.
Tout à coup mes parents arrivèrent et dirent : "Bon, il y a un chemin là-bas derrière, on va se promener. Tu viens avec nous ?" Ils insistèrent. je refusais. En pleine "crise d'adolescence", je détestais cette promenade "du dimanche" (bien que l'on devait être samedi puisque le magasin de meubles était ouvert). Je détestais ces promenades du dimanche et des vacances, qui ressemblent à la peinture que l'on voit sur un tableau, de Conrad Ferdinand Meyer, je crois, intitulé "La promenade du dimanche" Mes parents par contre adoraient cette promenade pendant laquelle, ils montraient leurs "trois beaux et gentils enfants", qui étudiaient si bien en classe.
Ma mère m'avait bien dit "Mais si, viens avec nous, tu verras, c'est beau là-bas". Mais je préfèrais rester à me balancer doucement sur cette balançoire où j'étais seule, laissant mes pensées planer vers de romantiques rêves marins. Ma mère me dit "Nous te laissons là, mais sois bien sage, fais attention aux garçons!" Elle ne pensait pas en disant cela que j'aurais du faire attention aux garçons d'une façon toute autre que celle à laquelle ils avaient pensé.
Mes parents avaient à peine disparu de la scène avec mon frère et ma soeur, que deux gamins d'environ 13, 14 ans, vigoureux, montèrent chacun à un bout de la balançoire et debout entre les cordages, la firent partir à toute volée, sans demander avant si je voulais descendre. Je sentis tout de suite une pression s'exercer sur mes bras que je mis devant moi pour ne pas partir en avant, et je me tenais comme je pouvais les deux mains tenant la planche de chaque coté, mes bras pliés sous la vigueur des envolées de balançoire. Je me disais que mes muscles allaient resister, mais j'étais quand même, tout à l'envers d'aujourd'hui, assez frêle. Je criais aux garçons d'arrêter, mais tout à leur jeu, ils ne m'entendaient pas, et soudain mes bras lachèrent prise, et ma tête partit en avant à la rencontre de la planche en bois. J'entendis un sinistre craquement du coté de mon nez. Mais je n'avais pas mal. Je restais un moment recroquevillée sur la planche de la balançoire, car les deux gamins ne s'étaient malgré ma demande réitérée d'arrêtre la balançoire, rendu compte de rien.
Je ne sais plus s'ils ont fait balancer la balançoire à toute volée jusqu'à ce que mes parents reviennent, ils ont continué ainsi pendant un moment, jusqu'à ce qu'ils quittent brusquement la balançoire pour aller jouer plus loin. Alors j'ai pu me relever et alors j'ai vu sur la planche un morceau de quelque chose de blanc, que je ramassais, c'était ce que j'avais entendu craquer, un morceau de mon incisive, juste sur le devant. Je descendis de la balançoire. Je ne me souviens plus si ma mère était déjà là, ou si elle est revenue un peu plus tard, en tout cas, ils revenaient de leur promenade, puisque personne ne les avait appelés.
Je me souviens m'être fait copieusement grondée : "Ah! Si tu nous avait écouté ! Si tu étais venue te promener avec nous, cela ne serait pas arrivé !"
Et c'est alors que je me rendis compte, au moment où je remontais dans la voiture, mon bout de dent dans le creux de la main, demandant si on pourrait la recoller, que j'avais perdu mon beau sourire, que tout le monde vantait, et je me mis à pleurer en disant "Mais, je ne trouverai plus jamais de garçon qui voudra de moi pour se marier... " (Ce qui ne s'est pas vérifié, car j'eus avant d'épouser celui qui est toujours mon époux, beaucoup de prétendants). "Et ma correspondante allemande que je ne connais pas encore, que va-t-elle penser de moi?" C'est pourquoi, on me fit rapidement une dent à pivot, qui s'infecta dix ans plus tard, alors que j'étais déjà mariée et professeur, juste après ma réussite au stage de CAPES, et que l'on remplaça (tous frais à ma charge, ou presque, j'ai du payer deux mille francs* de ma poche, mon premier salaire mensuel de certifiée ayant été un peu plus de deux mille francs, le reste ayant été remboursé par la sécurité sociale et la MGEN), par un bridge, abîmant pour le poser deux autres dents de devant qui étaient saines, ce qui fut, je crois, encore plus pénible.
Financièrement parlant, mon père n'avait jamais demandé de dommages et intérêts au marchand de meubles qui était propriétaire du terrain à cause du panneau placé à l'entrée.
Et c'est depuis cette époque, il y a presque 40 ans, qu'il n'a plus fallu me parler, ni du village de Tournehem, ni de sa forêt. Ce village (je ne sais pas si c'est une ville, pour moi, dans mes souvenirs, car je ne suis plus jamais allée là-bas, c'est un village), ce village s'apella pour moi, Tournedent.
Le souvenir m'en est revenu aujourd'hui, en lisant sur les nouvelles qui étaient sur la page d'accueil de mon mail, qu'il y avait eu un nouvel accident à Tournehem, avec un manège, et 25 blessés, mes compagnons d'infortune. Je venais juste d'en parler il y a peu de temps, en disant à quelqu'un que j'avais surnommé ce village Tournedent. Un village que j'ai depuis toujours soigneusement évité sur la route de la mer, parce que j'ai pensé qu'il me portait malheur.
Aujourd'hui, quand je passe la langue sur l'arrière de mon bridge, qui est plus épais que ne l'étaient mes dents originales, je repense parfois à cet accident, mais je n'ai jamais pensé que comme disaient mes parents le bon Dieu aurait puni ma désobéissance.
domino
* Ce n'étaient pas des euros, heureusement.
12:20 Publié dans Les Mémoires d'une i-grimoirienne | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : mémoires, actualité