vendredi, 14 juillet 2006
Brutus et Morphée
Ce matin mon époux m'a dit :
"Le temps rafraîchit. Il n'y a plus que 23° dans la salle de séjour."
Je lui ai répondu :
"Tu ne vas quand même pas mettre le chauffage... !"
Il dit
"Non, quand même pas."
J'ai dit :
"De toute façon, lui là-haut, Brutus, il l'a mis assez fort, le chauffage ces derniers temps. C'est bon qu'il le descende un peu".
En effet, dans mon enfance et mon adolescence, ma mère disait souvent, souvent en été, et souvent quand on était en vacances :
"Qu'est ce qu'il chauffe, Brutus !"
Il y a ainsi des expressions qu'une personne emploie toujours, on ne sait pas d'où elles viennent, de son enfance, peut-être...
On va aussi dormir dans les bras de Morphée.
Qu'est-ce qu'il a comme monde dans ses bras, Morphée ! Toute la nuit ! Et comme la terre tourne, il a toujours plein de gens dans ses bras. Quand moi je suis éveillée, je sais que si je creusais un trou dans la terre, j'arriverai à quelques cetaines de kilomètres à l'Est de la Nouvelle Zélande et là je verrai Morphée sur son bateau avec tous les gens qui vivent autour du Pacifique et dans ses îles, dans ses bras!
Mais Morphée a oublé quelqu'un, c'est la Petite Pixie, elle reste debout toute la nuit, même avec le brouillard et relève inllassablement la température sur l'aéroport pour que les avions ne se trompent pas de route et volent entre les différentes couches de nuages. Pauvre Petite Pixie !
domino
14:20 Publié dans A propos de la petite pixie, Humour i-grimoirien. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : petite pixie
mercredi, 12 juillet 2006
Quelque Chose de Drôle...
J'ai pensé à une chose drôle. J'ai pensé que l'année prochaine (comme je suis acceptée pour la troidième fois à la formation pour l'agrégation interne), j'ai imaginé que l'un de nos profs nous donnait à traduire un texte de mon blog qu'il trouve par hasard sans savoir que c'est moi qui l'ai écrit.
Je traduis bien l'affaire, puisque je sais ce que j'ai écrit, et je ne peux pas mal l'interpréter.
Mais voilà, en faisant le corrigé le prof dit, Mme domino, là vous avez mal interprété ; l'auteur n'a pas voulu dire cela, mais cela.
Que vais-je alors faire ?
- Discuter gentiment en lui disant que moi, domino, (sans dire que je suis domino), j'ai plutôt pensé que l'auteur domino voulait dire ceci.
- Ou bien ne rien dire et accepter sa traduction erronée (encore, j'ai déjà vu l'expression "traduction erronée" quelque part dans ce blog...)
- Ou alors, me fâcher et dire tout de go :"Mais enfin, Monsieur (ou Madame), c'est moi qui suis l'auteur de ce texte et je sais quand même bien interpréter ce que j'ai écrit parce que je sais ce que j'ai voulu dire....."
Que feriez-vous dans ce cas, pour défendre votre texte et votre traduction juste, sans blesser la susceptibilité du prof ?
domino
17:55 Publié dans Humour i-grimoirien. | Lien permanent | Commentaires (8)
1968-2006 : Aucune comparaison
Faisant partie de la génération de ceux qui ont fait leurs études dans les années 60, je m'insurge contre la comparaison entre les résultats du baccalauréat de 1968 et ceux d'aujourd'hui !
Voici le parcours du combattant que j'ai du faire en tant qu'élève des années 60 pour arriver jusqu'en classe de Terminale :
Premier écrémage :
En 1961, à l'âge de 10 ans tout juste, venant d'une école primaire à laquelle n'était pas rattaché un collège et un lycée, école primaire privée d'un quartier populaire d'une grande ville, j'ai du passer l'examen d'entrée en sixième. Seules celles (il n'y avait pas encore la mixité) qui étaient quasiment sûres de le réussir avaient le droit de passser cet examen : 3 élèves sur une classe de environ 15 élèves de CM2. Donc, 12 élèves environ étaient orientées en cours supérieur pour suivre ce cours et passer leur CEP à 13 ou 14 ans. Ils étaient nombreux et nombreuses. Tous les ans, les lauréats du CEP (Certificat d'Etudes Primaires), faisaient sauter des pétards dans la rue. Ils ne connaissaient pas les langues étrangères, mais avaient une excellente orthographe, ne faisaient ni géométrie, ni algèbre, mais savaient compter. Ils connaissaient bien aussi la géographie de la France et du monde... Déjà en CE1, quelle ne fut pas la stupeur de mon institutrice lorsque j'eus placé le Portugal au Sud de l'Espagne au lieu de le placer à l'Ouest sur des cartes que l'on dessinait soi-même! A titre de comparaison beaucoup d'élèves de collège ne savent actuellement même pas où est l'Est et l'Ouest....
De ma classe d'école primaire donc, dont au moins les 3/4 savaient déjà lire à 5/6 ans avant d'entrer à l'école primaire, nous ne fûmes que 3 élues pour la classe de 6ème. Deux entrèrent en 6ème moderne et je fus la seule à entrer en 6ème classique ( = 6ème avec latin). Je pense que les 2 autres élèves qui avaient réussi l'examen d'entrèe en 6ème Moderne ( = 6ème sans latin), n'ont pas continué leurs études jusqu'à la Terminale. Elles ont du changer d'orientation à l'issue de la Troisième.
Des 80% d'élèves qui ont eu leur bac aujourd'hui, les 3/4 dans les années 1960 n'auraient jamais été en sixième. On n'acceptait en 6ème que les brillants élèves de primaire.
Deuxième écrémage :
Une deuxième sélection se faisait à l'issue de la classe de 5ème. C'était encore le cas quand j'ai commencé à enseigner dans les années 70, même si dans les années 70, donc 10 ans plus tard seulement, on ne faisait plus une aussi sévère sélection à l'entrée en sixième.
Mon frère a subi cette sélection. Il a été orienté en 4ème technique à l'issue de la 5ème parce qu'il n'était pas assez bon en histoire et en français. Mais il était bon dans les matières scientifiques. Actuellement, on aurait dit, "il fera un bon S". D'ailleurs, tous ses enfants, qui ont à peu près le même profil que lui ont eu un bac S, dont deux avec mention AB. Donc, mon frère, s'il était né 30 ans plus tard, aurait eu, au lieu d'un bac "Technique Electronique" sans mention, un bac S avec mention.
A l'issue de la cinquième, donc, le quart des élèves qui avaient brillamment passé le cap de l'entrée en 6ème, étaient orientés vers des sections techniques et vers les CAP (Certificat d'Aptitude Professionnelle). Il y avait trois possibilités pour eux : le CAP avec un apprentissage à la clef, le lycée technique, comme pour mon frère, ce qui leur fermait définitivement la possibilité d'avoir un bac classique, et pour les filles l'Ecole Pratique où l'on pouvait entrer aussi après le CEP. J'avais une voisine qui allait à l'Ecole Pratique. Elle y apprenait les tâches ménagères, la coupe et la couture et le tricot. Nous aussi, en collège, on avait des cours de Couture. J'avais eu le premier prix de Couture en 6ème, donc j'étais méticuleuse, mais on m'avait menacée de redoublement à cause de mon écriture, et pourtant je dessinais bien, mon cahier de religion dessiné à l'encre de Chine, avec des lettres en relief et les espaces blancs coloriés au crayons de couleur, était montré dans toute l'institution. On citait ce cahier en exemple ! Cependant, malgré mes bons résultats, on a failli me faire redoubler pour l'écriture... A l'école maternelle, à l'âge de 5 ans, j'avais une superbe écriture bien ronde. J'écrivais au crayon noir (crayon gris ou crayon de bois, selon les régions...). Le passage au porte-plume à l'entrée en primaire m'avait posé quelques problèmes. Les pâtés commençaient à émailler mes cahiers couverts de bonnes réponses. En sixième, ce stylo-plume qui glissait si bien sur le papier a soudain donné des ailes à mon écriture qui est devenue une écriture de médecin... Alors, on m'a dit toute l'année :"Si tu n'as pas une plus belle écriture, tu redoubleras". Donc, entre les versions latines et l'étude de l'anglais, l'étude de l'histoire égyptienne et grecque (c'était le programme de sixième), des Textes de Théophile Gautier et d'Alain Fournier dans le Lagarde et Michard de Sixième, je faisais des lignes d'écriture. Et pendant toutes mes grandes vacances entre la 6ème et la 5ème, je remplissais des lignes d'écriture à essayer de faire des pleins et des déliés avec un stylo-plume... Et au début de la cinquième, le mal étant réparé, on accepta que j'y reste, et ma note en soin/écriture augmenta un peu.
Mes parents, surtout mon père, car ma mère était fière de mes résultats, n'envisageiaent pas pour moi des études aussi longues et c'est seulement grâce à mon année d'avance que j'ai pu continuer mes études jusqu'à l'université, si je n'avais pas bien travaillé en classe, j'aurais été à l'école pratique. Mon père disait qu'il fallait qu'une femme sache cuisiner, faire le ménage, tricoter et faire de la couture. Il parlait toujours de couture, parce que ma mère qui savait tricoter et m'avait appris le tricot dès l'âge de 7 ans, ne savait pas coudre à la machine. Et mon père pensait que connaître la Coupe et la Couture était indispensable pour faire faire des économies à mon futur ménage. Mais la petite fille passait vaillamment toutes les étapes et montait allègrement de classe en classe, en faisant le racommodage familial pendant les grandes vacances. Ma mère me donnait son grand panier à linge où s'accumulaient les bas sur lesquels il fallait rattraper les mailles, les pulls auxquels ils fallait faire la même chose, les chaussettes à repriser, les élastiques de taille à recoudre, etc... Ceci dit mes ancêtres brugeoises avaient peut-être été dentellières et cela ne devaient pas me poser trop de problèmes. Et je cruaudais aussi le jardin, entendez par là, j'arrachais ou plutôt j'enlevais délicatement en les soulevant avec un outil les mauvaises herbes. Quant au tricot... Il y a quelque part dans le Bourbonnais, une dame de mon âge qui a le souvenir d'un mémorable pull jacquard blanc et bleu que j'avais fait à l'âge de 12 ans. Nous étions en vacances là-bas et mon tricotage faisait l'admiration de toutes les dames du village qui m'apprenait leurs trucs de tricoteuses et c'est grâce à elles que j'ai appris une technique qui permettait de tricoter vite.
Revenons-en à nos moutons (Mais contrairement à ce qui se passait alors à 400 km de là chez mon futur époux, il n'y avait pas de moutons chez moi).
Après être entrée en Quatrième, la classe qui avec la Première se passa le mieux pour moi, le parcours était assuré jusqu'au BEPC (Brevet d'Etudes du Premier Cycle), ce fameux premier cycle étant le collège actuel. Comme j'étais excellente en Mathématiques -et à partir de la Troisième j'ai commencé à être bonne en français, j'ai plutôt recommencé à être bonne en français, parce que j'étais bonne en français de l'Ecole Maternelle où entre l'âge de 5 et 6 ans, je faisais déjà de l'analyse grammaticale, et où nous étudiions de très beaux textes de lecture, à la fin de l'Ecole Primaire- , on envisageait pour moi plutôt une orientation scientifique.
En Quatrième j'ai commencé l'allemand, j'étais bonne en allemand, dont la grammaire était aussi logique que les Mathématiques, et j'avais déjà décidé d'être professeur d'allemand ou de mathématiques, deux matières -scientifiques et littéraires - incompatibles pour mon orientation future. C'est pour cela que j'ai toujours trouvé qu'il fallait faire une section qui réunit les qualtités des bacs S et L pour les élèves qui sont bons en tout. Ceux qui ont lu mon journal de seconde qui était durant un moment attaché en lien ici, on vu comment au milieu de l'année de seconde, au grand effroi de ma prof de Mathématiques qui adorait sa championne en maths, dont la réputation s'étendait jusqu'en Terminale- je les avais aidées en maths quand elles étaient en Première M (actuelle S) et moi en Troisième- , je suis passée les bras chargés de livres de 2C (scientifique) en 2A (seconde littéraire), parce que l'on faisait plus d'allemand en seconde A. A partir de ce moment là -Ala jacta est- mon futur métier était choisi.
Troisième écrémage :
Revenons-en à ce fameux BEPC. Celui-ci ne suffisait pas à entrer en Seconde. Il fallait dans mon collège, plus de 12/20 de Moyenne Générale pour entrer en Seconde et plus de 12/20 de Moyenne à l'examen d'entrée en Seconde pour entrer dans cette classe. En fait, il fallait les trois : le BEPC, 12/20 minimum de moyenne générale et 12/20 de moyenne à l'examen d'entrée en Seconde.
En ce qui me concerne j'avais réussi le BEPC, on ne donnait pas de mentions, et je n'ai jamais eu mes notes, seulement mon diplôme. J'avais plus des 12/20 en moyenne annuelle en Troisème, et j'ai eu tout juste les notes requises à l'examen d'entrée en Seconde Scientifique. La Seconde C devait être suivie par une Première C (mathématiques, mais il n'y avait pas cette section dans mon institution, j'aurais du aller dans un lycée de garçons où j'aurais été la seule fille, et mon père n'aurait pas voulu), ou une Première D , section scientifique Biologie, que l'on appelait encore Sciences Naturelles, en abrégé les Sciences Nat ; mais bien que j'ai été abonnée depuis l'école primaire jusqu'en première à un 15/20 immuable dans cette matière, je ne l'aimais pas, sauf la Géologie et l'Etude des Plantes. Je n'aimais pas l'Etude du Corps Humain, ces cours me faisaient tomber dans les pommes. J'ai du sortir deux fois des cours de Sciences Nat parce que j'étais malade, une fois en sixième et une fois en première.
Ceci dit, malgré mon 2ème prix de Grammaire et Thème Allemands et mon 1er Accessit de Version et Questions Allemandes (au bout de deux ans d'étude de l'allemand), il était écrit sur mes résultats de l'examen d'entrée en seconde : "Peut entrer en Seconde C (scientifique) à condition de travailler les langues" (Sic!). C'est comme-ci on écrivait sur un Bulletin d'Entrée en Terminale L : Peut entrer en Terminale L à condition de travailler les Mathématiques.
J'ai bien suivi ce conseil et je le suis toujours. J'adore les langues et je les adorais déjà. j'apprends toujours de nouvelles langues.
En ce qui concerne mes camarades de Troisième, voici ce qu'il advint d'eux :
Quasiment toute la classe de 3ème Moderne est partie dans quelque chose qui ressemblait au BEP ou dans des écoles de Secrétariat (comme les Cours Pigier). Environ 3 élèves sont montées en seconde C. Le reste de la Seconde C était constitué des meileures élèves en provenance de l'enseignement court. C'était un premier cycle destiné aux élèves qui en principe à l'entrée en sixième n'étaient pas assez bonnes pour entrer en Seconde ensuite. Donc, cette 2C scientifique était moins bonne que la 2A littéraire qui faisait quasiment toutes encore du latin. Il y avait dans cette 2C où j'étais entrée des élèves qui venaient de toutes les écoles privées de la ville et environ 35 élèves quand même.
En passant en Littéraire au cours de la seconde, je rejoignais la meilleure classe. Celle dans laquelle se trouvaient quasiment toutes les anciennes sixièmes classiques dont la plupart faisaient encore du latin. Nous avions, pour la moitié d'entre nous, un an d'avance (17 ans envisageables dans l'année civile du bac, certaines étant de septembre/octobre ont eu leur bac à seize ans et demi, moi-même, étant de Mai, à 17 ans et un mois). Dans cette classe, il y avait aussi une élève qui avait deux ans d'avance, elle était entrée en seconde à l'âge de 13 ans, mais elle a redoublé. D'autres bonnes élèves venant de cycles courts nous avaient également rejointes. Nous étions aussi 35.
Quatrième écrémage :
Il y a eu un nouvel écrémage à la fin de la Seconde, puisque en Première A , nous n'étions plus que 23, avec une nouvelle camarade arrivée d'un lycée, l'écrémage entre la Seconde et la Première avait été d'un tiers.
La classe la plus prestigieuse de l'Institution était encore la "Philo" ou Classe de Philosophie.
Nous étions la première promotion à avoir des lettres au bout de notre bac: A, C ou D.
Les Sciences Ex (Sciences Expérimentales) et les Maths Elems (le tremplin pour les Maths Sups) avaient bonne réputation aussi. La première littéraire juste au dessus de nous était la classe de Réthorique, car les liitéraires qui étaient juste avant nous faisaient au lycée la Rhétorique, dans cette classe les élèves passaient le premier bac qui avait beaucoup de matières, puis la Philosophie, où l'on passait le deuxième bac, notre bac actuel, et à l'université on faisait et on passait sa Propédeutique. Mai 68 a balayé la Propédeutique à l'université; c'était une espèce de classe préparatoire avec beaucoup de matières.
Je suis née un an trop tard pour avoir un bac aussi prestigieux qu'était le bac Philo et faire la Propédeutique, :Comme je m'étais ennuyée en CM2 à refaire la même chose qu'en CM1, on aurait pu me donner une année d'avance supplémentaire, pour que je réussisse mon bac à 16 ans en 1967 et de cette façon j'aurais pu faire la Propédeutique. J'aurais bien voulu sauter le CM2 et ma mère l'aurait voulu pour moi aussi, mais ils n'ont pas voulu que je passe l'examen d'entrée en sixième à la fin du CM1, pourtant j'aurais pu le réussir aussi bien qu'un an plus tard. En CM1/CM2 j'étais dans une classe à deux niveaux et j'avais fait les deux programmes en 1 an.
Si j'avais passé mon bac avec deux ans d'avance au lieu d'un, on ne m'aurait pas dit durant presque toute ma vie "Oui, mais tu as eu ton bac en 1968, c'était un mauvais bac. Dans ma vénérable intitution, on n'avait pas eu d'allègements de programme, on avait travaillé jusque début juin, en cachant nos cartables dans des sacs à provision, pour ne pas être huées par les ouvriers des usines. Ne dites pas que j'aurais été réac, avec mes parents je ne pouvais pas faire autrement. La majorité était à 21 ans, et j'en avais tout juste 17.
Cinquième (petit) écrémage :
A l'entrée en Terminale, les 3 seconds cycles privés des institutions de jeunes filles de la ville ont fusionné. Un garçon est arrivé dans la classe pour certaines matières, parce qu'il n'y avait pas ses options dans son lycée. Avec la fusion des trois établissement, et un nouveau lieu géographique dans la ville, nous étions 40 dans la classe de Terminale A. Je crois que pour celles qui venaient de mon lycée et avaient du changer de lieu géographique à l'intérieur de la ville et de bâtiment (certaines étaient là-bas depuis le jardin d'enfants), cela avait été comme un arrachement. C'étaient les années des changements et des bouleversements. Certaines camarades avaient encore disparu de la scolarité, telle celle qui était l'une de mes meilleures copines depuis la troisième et était championne de France UGSEL d'athlétisme. Bien que j'étais devenue extrêmement bonne en dessin (mais je n'ai pas passé l'option facultative, on était mal renseignés), je dessinais pour mes camarades de classe, elle me demandaient de leur dessiner des danseuses pour les murs de leurs chambres; bien qu'en Février j'ai acheté ma première guitare, et j'ai appris très vite, j'accompagnais les chants religieux des messes scolaires avec des barrés en Sibm au bout de deux mois, je travaillais quand même beaucoup en classe et le soir. Mais malgré ces succès artistiques, en classe, je me suis d'abord sentie seule avec toutes les nouvelles qui étaient originaires de ces bâtiments-là. Mes parents fermaient la lumière à 22h30 et je ne pouvais pas travailler aussi longtemps que mes camarades. Mon exposé sur Apolinnaire (on avait encore du français en Terminale) avait été noté 17 à l'écrit et 14 seulement à l'oral en raison d'une expression timide... Mon anglais s'améliorait au contact des correspondantes de mes camarades et par les chansons, et lorsque je suis allée pour la première fois faire un séjour en Allemagne à Pâques, je me suis rendue compte que je comprenais tout et je parlais presque couramment. Je parlais presque couramment anglais avec les cousins anglais de ma mère, qui étaient venus en visite pendant les vacances entre la Première et la Terminale. Ils descendaient d'un frère de ma grand-mère qui était parti en Angleterre vers 1920. Mais ils ne sont venus à la maison que quelques heures.
Ma mère ne m'a aidée qu'à l'école primaire. Elle m'a appris à lire et à écrire avant l'âge de 4 ans et mon entrée en école maternelle et me faisais réciter mes leçons que l'on devait apprendre par coeur. Ma mère ne parlait aucune langue étrangère, donc elle n'a pas pu m'aider en langues.
A partir de la sixième, mes parents n'arrivaient plus à me suivre sur le plan scolaire. Mon père m'a fait réciter en 4ème ma première liste de vocabulaire allemand, la première leçon du Bodvin et Isler, avec les élèments de la pièce "das Fenster, die Tür" et les éléments du mobilier "der Tisch, der Stuhl" avec leurs pluriels. Mais ensuite, il n'a plus eu le temps.
Mes parents n'avaient que leur CEP (le fameux Certificat d'Etudes Primaires), mon père l'avait eu à 12 ans dans les années 20, et ma mère à 13 ans, dans les années 30. Mon père a étudié dans les années 50 par correspondance. Il est sorti premier de "l'Ecole d'Approvisionnement", c'était une école commerciale de niveau supérieur, qui était aussi fréquentée par des étudiants ayant des licences. Mais lui était entré là avec seulement son Certificat. Mon père avait appris l'allemand oral pendant la guerre, en étant prisonnier durant 5 ans là-bas, il a appris à peu près en même temps que nous l'anglais, et il apprenait aussi l'italien, tout cela pour ses voyages professionnels, car il allait régulièrement en Allemagne, en Italie et en Angleterre et est allé aussi pour son travail deux fois aux Etats-Unis. Mais je trouvais qu'il avait une mauvaise prononciation.
Le baccalauréat :
Et le bac de 68? Celui qui soi-disant était du niveau de celui de cette année ?
Dans ma bonne classe de A de 40 élèves, celle où il y avait eu l'écrémage dont vous avez entendu parlé ci-dessus, celle pour laquelle les élèves avaient été sélectionnées en tant que classique dès la sixième, 15 seulement ont été admises en Juin . Nous étions 7 à avoir des mentions. Une TB (une outsider de 18 ans parlant couramment allemand de naissance et ayant choisi l'option 3 langues vivantes), deux B (les deux meilleures élèves de la classe, mais sans année d'avance, 18 ans, l'une a fait un parcours sans faute jusqu'à l'agrégation d'histoire, son père était prof de cette matière, notre prof de Teminale. Elle était déjà allée en Chine et en URSS). Et 4 mentions AB, dont je faisais partie avec 13/20 de moyenne. Les deux mentions B étaient latinistes. 3 des 4 mentions AB dont moi, étaient en Option Mathématiques, sachant que dans la classe, il y avait une élève en option 3 langues vivantes, 5 élèves options Mathématiques (dont moi) et toutes les autres, 34 donc, étaient restées latinistes jusqu'au bac. Ne dites surtout pas que le premier bac A, même labellisé 68 aurait été un bac poubelle ! Il n'y avait pas d'autre classe de L dans l'Institution, l'autre classe de Terminale était une TD pour les futures femmes médecins.
Et j'ai eu en maths une moins bonne note que la note prévue, entre 18 et 20 tout au long de l'année, nous avions passé le bac à l'oral et là je peux vous dire que je suis tombée pour cette matière qui était ma meilleure matière sur une prof expéditive. On n'était pour elle que des littéraires. Elle m'a donné 3 exercices que j'ai tous fait au brouillon en 5 minutes à 1 mètre de l'élève qui était en train de passer et séchait. Quand je suis passée j'ai fait brillament le premier exercice, la prof qui m'interrogeait m'a dit "C'est très bien, merci, ce n'est pas la peine de faire le reste. Je vois que vous êtes bonne". J'avais tout bon à ce qu'elle m'avait demandé de faire , elle n'a pas voulu écouté le reste, et elle m'a mis 14/20, ce qui pour elle était une bonne note et ce qui pour moi en était une mauvaise. Si j'avais passé les Mathématiques à l'écrit, j'aurais pu faire tous mes exercices et avoir 20/20. S'il n'y avait pas eu Mai 68, j'aurais passé les maths à l'écrit... et j'aurais eu 20/20.
15 autres ont été admises en Septembre. Et 10 ont échoué.
Mon ancien lycée a pourtant depuis été considéré plusieurs fois depuis qu'il y a un classement des lycées comme le meilleur de la région. Mais en 68, les candidats et candidates qui venaient du privé et passaient un bac oral, donc non anonyne, n'avaient pas la tâche facile face à des professeurs du public (ceux du privé n'interrogeaient pas encore) extrêmement politisés. D'ailleurs ma question d'Allemand a porté sur la division de l'Allemagne, mais je m'en étais bien sortie avec un 15/20. Au bac blanc, avant mon séjour en Allemagne, j'avais eu 11/20. Au bac j''avais la moyenne partout.
J'enseigne depuis longtemps dans le public, mais je n'ai jamais défavorisé un candidat du privé à un oral de bac.
Mais à cette époque-là le clivage privé/public était très fort, plus fort que maintenant, et il est vraisemblable que dans un bac tout à l'oral, les candidats du privé aient été défavorisés. Je connais le niveau actuel des élèves de Terminale, et je peux vous dire que si cela avait été en 2006, toute ma classe aurait eu le bac en Juin et les 3/4 auraient eu des mentions.
Ou alors, le journaliste qui a dit ce matin à la radio -d'après mon époux- qu'il y avait eu aussi 80% de réussite au bac en juin 68 s'est trompé. Car à l'exemple de cette bonne classe de Centre-Ville dans laquelle j'étais en 68, il n'y aurait du y avoir que 40% de réussite au bac en Juillet 68. Et 40% en Septembre. Donc, 80% en tout, et pas en Juin. Personne n'a passé son bac en Juin en 68. Il a commencé en Juillet. Si c'était 80% en juillet pour toute la France, c'est que le privé aurait été défavorisé.
Dans le cas où c'était 80% en tout, pour Juillet et Septembre, la classe de privé dans laquelle j'étais n'aurait pas été défavorisée.
domino
10:15 Publié dans Enseignement (1) - Vie et anecdotes | Lien permanent | Commentaires (7)
mardi, 11 juillet 2006
Pensée du jour 3
Le rôle d'un/d'une journaliste alternative c'est d'écrire pour la postérité ce qui fut caché aujourd'hui et hier.
C'est de révéler aux générations des trois ou quatre siècles futurs ce qui a été tu et la parole de ceux qui, avant que n'existent la parole des i-grimoires se sont tu pendant trop longtemps.
C'est de dire la Vérité Cachée en la révélant pour les enfants des futures générations.
Mais la Nature Humaine peut-elle ne jamais apprendre...?
Salut à toi ...Brecht... "An die Nachgeborenen", aux enfants à naître.
Nos combats se ressemblent dans leur différence.
domino
16:05 Publié dans Pensées et Aphorismes, mai à août 2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Pensée du jour 2
Le rôle d'un/d'une journaliste alternative c'est d'écrire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas et n'osent pas dire à cause des clivages politiques.
C'est de dire tout haut ce qui est tu.
domino
15:55 Publié dans Pensée du jour, Pensées et Aphorismes, mai à août 2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Pensée du jour.
Le rôle d'un ou d'une journaliste alternative, même si il/elle n'exerce pas le métier de journaliste dans la vie, est aussi de découvrir les dessous de table de la société et de l'enseignement.
domino
15:45 Publié dans Pensées et Aphorismes, mai à août 2006, Société | Lien permanent | Commentaires (1)