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mercredi, 30 mars 2016

VPC : mauivaise organisation...mauvaise gestion de la clientèle..

(Roman-théâtre)

(Du journal de Dummie)

Mon père travaillait dans la vente par correspondance, il a travaillé 50 ans dans la vente par correspondance, dans la même entreprise et dans l'entreprise qui l'a précédée. Il y avait "une bonne place", chef de service dans mon enfance, il est monté en grade jusqu'à sa retraite à 66 ans. Il avait dû travailler, alors qu'il avait largement toutes ses annuités, un an de plus pour former un successeur sur son poste qui avait un côté technique indubitable, puisqu'il fallait y être spécialiste des papiers et de l'imprimerie, et oui, un catalogue, cela s'édite...

A la maison, concernant le catalogue, nous étions toujours les premiers servis, avant même la parution du catalogue, mon père étalait sur la table de la salle de séjour les in-quarto dépliés. Et on y lisait en penchant la tête dans plusieurs sens, car les pages y étaient tête-bêche la future mode e ton choisissait déjà nos habits. Je me souviens d'un ensemble avec deux blouses sans manches en tissu, sans boutons, de style débardeur, mais en tissu épais, l'une fleurie et l'autre turquoise assorties à une jupe réversible turquoise d'un côté et fleurie de l'autre, qui était dans les premières pages du catalogue et que ma mère a commandé. J'adorais cet ensemble que je pouvais varier à mon gré. Soit uni fleuri, soit uni turquoise, soit la jupe turquoise et le haut fleuri ,soit la jupe fleurie et le haut turquoise.

Mon pète n'a survécu qu'un an à son travail. Sa carrière avait juste été interrompue six ans pendant la seconde guerre mondiale. Mobilisé en 39, fils d'un soldat tué à Verdun en 1916, il avait participé à l'embarquement vers l'Angleterre à Dunkerque, avait  été débarqué en Normandie en 40, avait été fait prisonnier en Normandie, il n'a jamais tué personne, en 39-40, pendant la guerre, il travaillait dans les télécommunications et tapait des messages en alphabet morse, un alphabet qu'il nous a appris dans notre enfance. Ils envoyaient leurs messages cachés dans les champs.  Il a retrouvé son poste dans la VPC en rentrant de la guerre,après avoir été prisonnier de 40 à 45  et a rencontré ma mère qu'il a épousée.

Bon voilà, mon père était un Monsieur Catalogue, on aimait bien aussi la laine, je faisais du tricot et ma petite soeur du crochet, et tout cela, est-ce que c'est parce que je suis comme Doofie, harcelée, s'en va-t-à-l'eau à cause de moi : Je m'explique ... 2002, je suis convoquée à la médecine du réctorat qui selon le recteur précédent, fait un très bon travail (de sape, à mon avis), et que je n'ai pas à critiquer. On me met en congé (pour trois ans selon eux, mais j'ai réussi à limiter les dégâts en un an de congé, en faisant des pieds et des mains pour retrouver ma fonction de prof d'allemand. A la médecine du rectorat on m' a posé de nombreuses questions indiscrètes, que, selon la déontologie médiale, je l'ai appris ensuite, on n'avait pas le droit de me poser : des questions sur la profession qu'avait eu mon père, ma mère, sur la profession de mes frères et soeurs, les noms de jeune fille de mes grand-mères. Ce que font mes beaux parents, de quoi elles étaient mortes, etc..etc... Un médecin m'a dit ensuite qu'il est absolument interdit à un médecin de poser des questions sur la famille.

Si vous voulez savoir, il y a une certaine longévité dans ma famille;. Mis à part mon grand-père, tué en 1916, le deuxième mari de ma grand-mère qui était mon parrain est mort durant mon stage de CAPES à 85 ans, ma grand-mère est morte en décembre de la même année (alors que j'étais jeune titulaire), à 88 ans, mon autre grand-père, et mon autre grand-mère sont morts en juillet après ma première année de titulaire à respectivement 88 et 86 ans. ma mère est morte à presque 89 ans. Deux soeurs de ma grand-mère paternelle ont dépassé largement 80 ans et même presque 100 ans je crois pour l'une, et des cousines de ma grand-mère maternelle ont été jusqu'à 97 ans et plus.

1) Deux mois après la passage à la médecine du rectorat, l'entreprise dans laquelle travaillait mon frère a fermé ses portes.

2) L'entreprise dans laquelle travaillait ma soeur (filiale à l'étranger) a commencé pour la première fois à faire des licenciements économiques dont on a parlé dans le journal.

3) L'entreprise de VPC dans laquelle avait travaillé mon père qui était mort depuis 20 ans,  a commencé aussi à licencier économiquement, pour la première fois de son histoire et a fait une première restructuration, que n'a pas fait sa concurrente plus chanceuse.

Maintenant, on a dû dire quelque part où a travaillé mon père, depuis un an l'entreprise où il avait travaillé, a de nouveaux des ennuis. On parle de cette entreprise dans des termes pas très élogieux dans le journal. Qui peut croire qu'elle n'a plus que 90 salariés et qu'elle n'en aura bientôt plus que 45? Avec toute la publicité qu'il y a sur internet. Mais où le journal a raison, c'est qu'ils ont perdu leur clientèle historique en supprimant le catalogue. En effet, les fidèles clientes faisaient partie de la génération précédente, qui commence à partir au ciel, à la génération intermédiaire, et à ma génération, et je dois dire que les femmes de ma génération et même les plus jeunes, n'ont pas forcément internet chez elle. Par exemple, les élèves adultes que j'ai eu pendant dix ans, parmi lesquels il y avait quelques retraités, faisaient grise mine lorsque je leur donnais une adresse web où il y avait quelque chose d'intéressant à regarder et me disaient :" On n'a pas internet". Ou bien : "Je ne sais pas me servir d'un ordinateur". Ils n'ont jamais regardé mes vidéos en allemand sur Votre Tube Cathodique.

Là est le hic. L'entreprise de VPC où travaillait mon père a perdu sa clientèle pour avoir abandonné le catalogue et avoir tout misé sur le web.

Et moi dans tout cela. Excellente ancienne cliente de la laine (le catalogue de laine a disparu, même la filature aurait fermé, alors que les laines étaient inusables et pouvaient durer cinquante ans.) Il était très important pour moi ce catalogue de laine que j'avais consulté depuis mon enfance; sur lequel j'avais commandé de la laine par l'intermédiaire de mes parents quand j'étais adolescente et jeune adulte, puis par moi-même durant mes 25 premières années de mariage. Puis un jour ce catalogue s'est arrêté. Et ensuite, je n'ai plus reçu le catalogue. Alors qu'il existait encore, je l'achetais d'abord en kiosque, puis il a disparu des kiosques à journaux, fille de cette entreprise de VPC qui avait fait vivre mes parents, et nous, leurs enfants, je n'ai plus eu le catalogue de l'entreprise où mon père a travaillé durant cinquante ans. Depuis au moins dix ans. Pas une publicité, rien, alors que je n'ai pas déménagé. Voilà comment on perd la clientèle.

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Pour Dummie

domino

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