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samedi, 24 octobre 2015

Du grabuge "Rue des Longues Haies"

Roman-théâtre

Du journal de Doofie

 

Voilà tout à l'heure, j'ai planté quelques fleurs de printemps. Mais gare à mes genoux, ils recommencent à farie mal. Seulement voilà, j'avais à peine fini mon travail que j'entends des bruits de voix, dans l'impasse d'à côté. C'est devenu là bas rue des longues haies...

Rue des longues haies, se dit Dummie qui vient d'entrer chez Doofie et la regarde écrire son journal... par dessus son épaule.. Ce n'était pas à Roubaix?

Si, une fois mon père a voulu nous montrer cette rue miséreuse chantée par un chanteur de l'époque et tristement célèbre, lui répond Dummie... Il y avait des maisons basses de chaque côté, avec un étage mansardée et des commères qui discutaient entre elles sur le pas de la porte... On passait en voiture tout doucement dans la rue, pour bien regarder... Mais c'était comme quand mon père est passé à Harlem... en taxi. Dans les années 60 aussi, le chauffeur lui avait dit : Puisque vous voulez absolument voir ce quartier, je vous le montre, mais je ne m'y arrête pas... on ne peut pas descendre de voiture ici quand est blanc. Il parait que Harlem, maintenant, c'est devenu à la mode, c'est un quartier bobo.

Que veut dire bobo, demande Dummie...

Entre bourgeois  et culture... repond Doofie.. tu vois, un mélange de bourgeoisie bon chic bon goût et de culture underground. Je reviens à la "Rue des longues haies"...

Ah! Ce n'était pas le père Duval qui chantait cette chanson..

Si, Dummie, le père Duval, tu as une mémoire étonnante.

Et bien continue ton journal... Où vois-tu la rue des longues haies ici... ??

De l'impasse, à côté de la maison du coin (deux maisons au-dessus de chez moi), on entendait des voix de dispute. Au début,j'ai cru que c'était un père qui grondait ses enfants, car j'entendais aussi un ou deux voix d'enfants, tandis que deux petits garçons de la maison du coin, continuaient à jouer au ballon sur le terre-plein devant, sans s'occuper de la dispute en question. Puis j'ai entendu plusieurs voix d'adultes, dans lesquels dominaient la voix d'un homme et d'une femme qui n'avaient pas l'air d'accord entre eux, puis un autre homme. Des jurons fusaient : "Ta gu... !" entendis-je. Et d'autres choses du même genre. On avait presque l'impression qu'il y avait une bagarre. De devant ma maison, je ne peux pas voir l'impasse, si bien que je ne pouvais m'imaginer que la scène. Puis, le voisin de deux maisons au-dessus est apparu venant de l'impasse et allant vers sa maison et a dit "Je vais appeler la police". Je l'ai vu ressortir avec son mobile en main.

Tu n'as pas été vois ce que c'était, demande Dummie...

Non, j'aurais bien eu trop peur d'être giflée moi-même. En plus, les voisins ne m'aiment, pas, toujours à critiquer mon jardin, - en tout cas, le jardinet de devant est bien nettoyé maintenant, même s'ils n'a pas l'allure impeccable de ceux avec un gazon anglais. Mais il y a encore quelques roses.

Oui, je les vois, je ne suis pas aveugle, dit Dummie, il y a encore quelques boutons de roses sur le route;

Et un sur le petit rosier rose de devant, dit Doofie. Puis elle se remet à écrire...

Mais avant, elle ajoute à l'intention de Dummie : Il vaut mieux ne pas  avoir un jardin à quatre épingles, avoir un peu d'herbes folles dans son jardin, des carreaux un peu sales, et une peinture extérieure pas très fraîche... plutôt que  de se disputer comme des chiffonniers. Moi, je ne leur adresse pas la parole et je laisse jaser les commères sur notre compte, personne ne me dit bonjours en premier, sauf parfois des enfants, alors je ne réponds pas à ceux qui passent comme la voisine du coin, fière comme Atraban devant moi, avec ses un mètre quatre vingt.

Ce n'est pas celle avec laquelle Schnelly s'était lié d'amitié un moment..

C'est une sportive, répond Doofie, et Schnelly adore les sportives. En plus, je ne m'y retrouve pas dans les femmes de cette famille, j'en vois trois différente, là où Schnelly, qui d'ailleurs ne parle plus à aucune d'entre elles... depusi que celle à cheveux courts m'a injuriée quand je lui ai signalé que son barbecue, laissé sans surveillance, faisait des flammes de deux mètres de haut.  "De quoi vous vous mélez, et vous laissez votre mari faire les couses ? Vous devriez les faire vous-même. Vous êtes une souillon, une sal....., une p.......  ...." Et il y en a une troiisième plus jeune, avec des cheveux en tire-bouchons qui a une coiffure qui ressemble à celles de mes vidéos.

Dummie : Elle se fait peut-être passer pour toi... Et on croit que c'est une bonne chanteuse, et une bonne guitariste...

Doofie : Mais Schnelly ne voit qu'une seule femme dans les trois, et pourtant, j'ai déjà vu celle à cheveux courts, et celles à cheveux longs ensemble. Je n'ai pas la berlue... Il jure dur comme fer, que c'est la même. Elles se ressemblent, mais cela doit être deux soeurs. Je me demande comment ses cheveux pourraient pousser aussi vite... Court en août et très longs en octobre....!!!

Dummie : Si tu veux plaire à Schnelly, il faut faire du sport...

Doofie : Mais je ne peux pas faire du sport en ayant mal aux genoux.. je marchais avec des béquilles il y a encore un mois, et maintenant j'arrive à faire 50 mètres sans elles.

Dummie : Alors, écris ton journal...

Doofie : Oui, tu me troubles dans ma page d'écriture, Dummie... Où en étais-je. (Elle lit) Je l'ai vu ressortir avec son portable... (Elle écrit)  Je me suis dit qu'il appelait la police comme il l'avait annoncé... J'ai vu qu'il tournait le coin et allait vers les autres... Puis, je suis rentrée. Schnelly n'est pas très gentils, il voulait ranger mes outils, j'ai dit : Non, sinon, je ne vais plus les retrouver, range seulement le sécateur à l'endroit où tu l'avais pris... il s'évertue à le ramasser pas terre, mais comme il ne sait plus se pencher suffisamment en avant,  il met un temps fou à le ramasser alors que je suis à moitié dans la maison et à moitié dehors, en train d'attendre. Puis il râle, car je dis, tu aurais dû attendre que je le soulève moi-même. On aurait été plus vite. Encore des reproches, dit-il, il grommelle, j'ai les larmes aux yeux. C'est comme cela que tu me remercies de tout le travail que j'ai fait à ta place? (Bon, il n'aurait sûrement pas planté les fleurs de printemps... il trouve que c'est inutile). Tu devrais me féliciter (C'est comme quand l'association pour laquelle je donnais des cours, l'a félicité en public pour les cours qu'il donnait, alors que je faisait tout le boulot, c'est comme Rodin et Camille Claudel, je travaille et il ramasse" les lauriers. Il a même fait croire que c'est lui qui avait appris les langues slaves 1 et 2 et la langue ouralo-altaïque en frimant avec mes livres (je n'ai toujours pas retrouvé mes trois livres de langue slave 1 qui ont disparu au mois d'avril).

Doofie écrit encore : Je range les petits outils... dans le paquet avec les fleurs... il finit pas dire qu'il me félicite pour ce travail parce que je viens de dire qu'il aurait dû le faire. Et me dire que c'était bien d'avoir fait tout cela. Scdhelly monte se coucher (il est redescendu depuis manger les moules que j'ai cuites, mais il n'a voulu en prendre qu'une assiette et j'ai dû en manger trois...) Je lui ai dit : Tu ne vois pas combien d'animaux on tue quand on mange des moules et des crevettes... J'en ai presque honte...

Entre temps, j'avais vu que le plastique que l'on glisse entre la persienne et la porte pour empêcher l'eau de pluie d'entrer dans la maison, était à l'intérieur. J'ouvre la porte pour ajuster le plastique et je soulève la persienne pour regarder dehors car j'entendais encore du bruit. Qu'elle ne fut pas ma stupéfaction lorsque je vis qu'une immense voiture noire était garée sur mon trottoir, juste devant le jardinet que je venais d'avoir soigné...

Une immense voiture noire....? Oui, je l'ai vu en venant, dit Dummie. Je me demandais si tu avais fait un achat...

Tu rigoles? dit Doofie, pas du tout mon type de voiture, on dirait une grosse américaine...

Ou une voiture d'un sbire de la SED...*, dit Dummie... les grands fonctionnaires du parti en Allemagne de l'Est avait de telles voitures...

En plus, l'une des femmes qui loge juste à côté ...

Il y en a encore plusieurs... questionne Dummie, comme à la maison du bout..??.!!??

Ecoute, je ne sais pas, celle à la camionnette blanche gaz de France, qui n'est pas là aujourd'hui, est blonde, a des cheveux mi-long et un visage rond, mais je ne la vois plus en ce moment. Une autre à la camionnette Gaz de France, elle est blonde avec les cheveux au carré et le visage plus mince, Schnelly dit que c'est la même qui a maigri. Ils viennent le week-end. Il y a une autre blonde avec les cheveux au carré aussi, et une petite voiture noire. Elle es là toute la semaine sauf aux heures de bureau, et m'a dit bonjour et m'a souri, ce qui est rare dans ce quartier. Quand on est arrivé ici, j'avais 38 ans, tout le monde s'entendait bien et on supportait la musique des uns des autres. Un voisin jouait de l'orgue électronique, un autre de l'accordéon musette et moi de la guitare. Pas de problème pour la musique.

Mais tu n'habitais pas dans l'académie de Bêtie, dit Dummie...

On venait ici en été, répond Doofie

(c'est pour éviter les incohérences spatiales et temporelles du roman, .... dit domino l'auteure)...

Bon, je continue; Doofie écrit :

Il y avait une immense voiture noire... et quelle ne fut pas encore ma stupéfaction quand je vis... passer une voiture de piolice qui venait i du coin, juste quand j'ouvre la porte et que je regarde dehors..Mais ils avaient à peine tourné le dos que les bruits de voix ont repris. .et la dispute.

Dummie : C'est comme les élèves, si un surveillant  entre dans la classe pour faire une commission , ils bavardent et quand tu les regardes de nouveau, ils se taisent. 

Je regarde un peu le ciel, écrit Doofie, pas d'étoiles, le ciel est gris, mais des petites lueurs argentées très rapides semblent percer de temps en temps les nuages, comme si quelque étoile brillante perçait soudain les nuages et faisait furtivement une apparition en dessous d'eux. Et puis, la voiture de police repasse, venant de l'autre bout de la rue. Elle ralentit à hauteur de la grand voiture noire et de ma maison et à hauteur de la voiture en double file face à la maison d'à côté. Ils pourraient en mettre des procès ici, à tout le quartier, stationnement interdit sur les trottoirs, c'est la règle générale, en l'absence de toute autre règle... ils pourraient verbaliser tout le quartier pour le stationnement. mais les voitures sur les trottoirs, c'est une tradition ici. Comme cela les rues sont plus dégagées. Un jour dans l'académie de Bêtie, ils ont mis des avertissements à tous les collègues stationnés sur les trottoirs de par et d'autre de la nationale en face du lycée où nous travaillions... Bon, ils vont jusqu'au bout de la rue, font demi-tour en tournant sur le terre-plein à hauteur de la petite impasse et s'en vont par la rue en face...

Dummie : Mais enfin, Doofie, tu ne te caches pas dans ta maison, quand la police tourne dans le quartier...

Doofie : Je n'ai rien à me reprocher, sinon ce que tout le monde me reproche, mes carreaux sales...mais pas partout, seulement là où je n'arrive plus à les atteindre faute de place... Le jardin pas tiré à quatre épingles, mais ils en ont rien à faire...

Dummie : Et qu'est ce que c'était que cette dispute...???

Doofie : Aucune idée... de loin, je n'ai pas compris grand chose... sinon des injures et jurons.

Dummie : Nous n'avons pas été élevées comme cela. Ma mère à la rigueur disait Flûte ou Zut! quand elle se trompait ou était maladroite, mais jamais les cinq lettres.

Doofie : C'était pareil chez moi, jamais on entendait de telles injures dans notre quartier, pourtant, les gens ne roulaient pas sur l'or quand même. Personne n'était Rotschild. c'était un quartier d'employés. Mais on était plus civilisé. La société n'a pas progressé.

Dummie : Non, hélas... ou alors ce n'est pas la même région ici. Mon grand-père maternel parlait patois, mais un beau patois qu'un de ses cousins mettait en poèmes. Il n'y avait jamais d'injures dans son patois. Mais beaucoup d'humour... Tiens, si tu bois de l'eau, tu vas avoir des grenouilles dans le ventre, me disait-il en savourant sa Nieulle ou son Wambrechies. Et il en disait d'autres, toutes aussi savoureuses.

Doofie : Ton grand-père était extra...

Dummie : Tu as fini ton journal..

Doofie : Oui, une conclusion. .. Ensuite, j'ai fait cuire les moules... Schnelly n'en avait pas très envie... puis... je me suis mise à écrire... puis... Dummie est arrivée...

Voilà Dummie, dit Doofie...

Plus personne dans les rues, dit Dummie, vite, je rentre chez moi, ce n'est pas loin...dit Dummie qui s'en va en pressant le pas.

Surtout en va pas vers l'impasse des longues haies, dit Doofie...

...../......

Pour Doofie et Dummie

domino

 

* SED : la parti presque unique de la RDA (ou DDR ou Allemagne de l'Est), avant la réunification de 1990.

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