samedi, 26 janvier 2013
Uniforme
Lorsque j'étais jeune, j'étais dans une vénérable institution de filles où nous portions un uniforme. C'était dans les années 1960. Je n'avais pas eu d'uniforme à l'école primaire, car j'étais dans une école primaire de quartier. La seule obligation était alors de porter un tablier. Les garçons de l'école voisine portaient des blouses grises.
L'institution où je suis entrée en sixième, après examen car je venais d'une autre école primaire que celle de l'institution, examen qui s'appelait « examen d'entrée en sixième » et que je réussissais brillamment, à l'âge de juste dix ans, malgré la panique suscité par mon encrier renversé... entrée donc en sixième classique, c'est à dire de latinistes, comportait une école primaire, d'où furent issues la plupart de mes camarades de sixième, très peu venant de l'extérieur camarades dont bien un tiers avaient un an d'avance et même une deux ans d'avance, qu'elle perdit au niveau de la seconde car elle dût redoubler la seconde, une école secondaire qui comportait ce que l'on appelle maintenant le collège et le lycée.
Toutes les élèves, sauf celles de Terminale, devaient porter l'uniforme.
L'institution comportait trois cours, celle des primaires, dont les locaux étaient deux anciennes maisons de maître du pâté de maison rachetées par l'institution, une cours intermédiaire plus petite où étaient les lycéennes (j'ai cru voir en m'approchant de l'extérieur de l'institution que le bâtiment qui séparait les deux cours n'existe plus, et notre cour la plus grande et la plus carrée entourées de préaux qui jouxtaient les bâtiments de trois côtés, le quatrième côté étant constitué d'un haut mur nous séparant de la rue, dans lequel était percé une petite porte, l'entrée des élèves. Une plus grande porte donnait sur la cour du primaire, la plus grande où nous allions au sport car les terrains de volley étaient dessinés sur le sol et on montait le filet quand on en avait besoin; plus tard au lycée, nous avions aussi fréquenté le grand stade de la ville, pour préparer les épreuves du baccalauréat, on y allait en autocar, et nous avons fréquenté la piscine de la ville, l'une des piscines les plus célèbres du pays actuellement, à partir de la quatrième.
Bon bref, mais j'en étais à l'uniforme...
L'uniforme comportait normalement, vous verrez que nous avons pratiqué la constestation pré-68, d'une manière assez spéciale, puisqu'il s'agissait essentiellement de contester peu à peu certaines parties de l'uniforme et de faire introduire la mixité dans les écoles, mixité qui ne fut introduite que quelques années après 68. Par contre, le contenu des cours n'était jamais contesté, bref, l'uniforme comportait normalement :
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pour les jours normaux, dit de classe :
. une jupe plissée bleu marine qui devait aller jusqu'en dessous du genou (pas de mini-jupes donc),
. pulls à manches longues et courtes et gilets bleu-marine (les T-shirts n'existaient pas encore et pour l'été, les pulls courts étaient en fine maille).
. sous les pulls ou en été on pouvait porter des chemisiers blancs ou bleu ciel ou bleu marine.
. Les chaussettes devaient être blanches ou dans les tons bleus, il pouvait y avoir des fantaisies du moment qu'elles étaient dans les tons bleus, par exemple des rayures bleues sur des chaussettes blanches.
Par dessus le tout, on portait un tablier (en fait une blouse) à manches longues qui devait être dans les tons bleus (bleu ciel ou bleu marine), pour la classe et blanc pour le laboratoire.
. A l'extérieur ou dans la cour quand il faisait froid, on devait porter un manteau bleu marine et le béret qui portait l'insigne de l'institution était obligatoire dans les déplacements extérieurs et sur le chemin de l'école, du moins au début, quand j'étais en sixième.
. Les pantalons étaient interdits, ils n'étaient autorisés que sous les jupes par grand froid, mais personne n'en portaient car sous la jupe, cela faisait ridicule.
. En hiver on pouvait mettre des écharpes de laine bleu marine.
. En été, on devait porter une veste bleu marine à l'extérieur.
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Pour les jours de fête et les manifestations scolaires qui étaient nombreuses : fête de l'école, journée du spectacle de l'école, distribution des prix, les communions de l'école où l'on chantait quand on n'était pas soi-même communiante (ce qui fut mon cas en cinquième où je fis ma communion à l'âge de 11 ans, 11 mois et 3 semaines), les différentes fêtes religieuses) :
. La jupe bleu marine plissée qui allait jusqu'en dessous du genou, la même donc que celle que nous avions en classe.
. Un chemisier blanc à manches longues (comme dans les chorales).
. Et le fameux béret avec l'insigne de l'institution.
. Pour les fêtes, les chassettes devaient être blanches, on a pu mettre des collants ou des bas à partir de la troisième.
Quand il faisait froid, on avait quand même le droit de mettre un pull fin blanc sous les chemisier, donc il fallait que le chemisier soit assez large pour qu'il n'ait pas l'air étriqué.
Comme entre la sixième et la troisième, on était en pleine croissance, il fallait racheter souvent des vêtements.
Les classes de terminales qui s'appelaient « Philo », « Maths Elem » et « Sciences Ex », n'avaient pas d'uniforme. Les premières s'appelaient Classique, M et M' (Moderne et Moderne Prime, ce qui était en fait la première D, ou première S avec option biologie. La plus prestigieuse était la « Philo » qui était la classe des latinistes.
Voici les améliorations que nous trouvions au cours de notre scolarité, certaines étant introduites de force par les élèves.
En sixième on portait encore assez fièrement le béret. A partir de la cinquième, surtout à partir de la communion, on le portait de moins en moins et en fait, à partir de la quatrième, on ne le porta plus du tout, les jours de classe, en hiver on portait des bonnets à pompon bleu-marine qu'on se tricotait parfois nous même (nous avions appris à faire des pompons en classe), on garda encore le béret pour les jours de fêtes jusqu'en troisième, je crois qu'il a disparu de la circulation vers la seconde.
En sixième beaucoup ne portaient plus le béret sur la route de l'école car on se faisait huer par les élèves des écoles publiques.
En quatrième, on a fait la révolte des tabliers, peu à peu, plus personne ne mit de tablier, je crois que tout d'abord les tabliers devaient être bleu marine, puis on accepta le bleu ciel, le bleu marine se faisant rare dans les magasins, puis on labandonna complètement, certaines le portaient encore, d'autres plus. Les soeurs qui dirigeaient l'établissement finirent par ne plus faire de remarque, car généralement, quand il y avait une entorse à l'uniforme, on n'était pas puni, mais on devait revenir l'après-midi sans l'élément en trop ou avec l'élément requis.
Quand j'étais en quatrième, la mode était aux rayures, et à la maison, je portais le pull de l'idole des jeunes, le même que celui de Françoise Hardy avec de grosses rayures, rouges, noires et blanches. Je portais aussi à la maison un pull à manche courte en dégradé de trois gris, gris foncé en bas, gris moyen au milieu et gris clair en bas qui ressemblait fort à celui de ma prof d'allemand qui était mon idole, et l'idole de toute la classe. Elle n'avait que 19 ans et était en deuxième année d'allemand, mais je dois dire que son enseignement fut excellent et m'a bien profité puisqu'elle m'a donné dès le départ d'excellents bases de vocabulaire et grammaticales. Nous étions 40 élèves dans la classe, une partie était des quatrièmes modernes et j'étais dans la partie classique qui avait des cours de latin à part où nous n'étions plus qu'une quinzaine, contre la bonne vingtaine que nous étions en sixième. Je passais tous mes jeudi après-midi (nous avions congé le jeudi après-midi et pas le mercredi, ni le samedi) à faire les versions latines; on faisait aussi de la version en anglais et à partir de la 3ème LV2, on a fait de la version en allemand.
Bref, je reviens à l'uniforme, la mode était aux rayures, et aux chaussettes de tennis à rayures bleu-blanc-rouge (le rouge : horreur pour les bonnes soeurs!), et aux chaussures en cuir blanche qui portaient deux rayures transversales sur les côtés, comme les chaussures de sport actuelles, mais c'était de chaussures de ville. Les chaussures de sport étant alors en tissu : tiens, j'avais oublié de parler de la tenue de sport.
Pour la tenue de sport, on devait porter
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un short bouffant bleu marine avec des élastiques aux ouvertures pour les cuisses, en effet, cela aurait été indécent de porter des shorts dont les ouvertures pour les cuisses flottaient.
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Un pull à manches courtes bleu marine (toujours le fameux pull en laine fine).
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Soit des baskets en tissu bleu marine et blanches, soit des tennis en tissu blanc.
Bref, un jour je vins en classe avec mes chaussettes rayées bleu-blanc-rouge et dès la mise en rang, je me pris la remarque d'une (bonne) soeur qui s'appelaient des « chères soeurs » : « Il y a du rouge dans vos chaussettes, vous reviendrez à deux heures avec des chaussettes blanches ou bleues ». La remarque était faite sur un ton tellement impérieux que l'on ne pouvait qu'obéir.
Donc à partir de la quatrième, on ne mettait plus son béret pour venir à l'école (quand on le mettait, les autres le lançaient sur les préaux), on oubliait souvent son tablier, on commençait à apporter de la fantaisie dans sa tenue bleu-marine, par exemple, comme je tricotais, j'avais fait un polo bleu marine en laine aiguilles 7, rapide à tricoter.
A partir de la troisième, ce fut une faveur accordée aux grandes élèves que nous étions devenues, nous eûmes le droit de porter des jupes droites, à partir du moment où elles étaient bleu marine et allaient jusqu'en dessous du genou, ces jupes étaient plus à la mode, et de porter des bas (les collants n'existaient, il me semble, pas). Nous apportions de la fantaisie en portant des bas ajourés en dentelle blanche en hiver. Qui étaient plus chaud que les bas en nylon marron.
Peu à peu, comme on était en pleine époque Beatles et que les mini-jupes étaient à la mode, on eu le droit de porter des jupes qui allaient jusqu'au milieu du genou, seule concession faite à la mode, mais pas de pantalons.
En terminale, après la fusion des écoles privées de filles de la ville, l'école changea de lieu dans la ville, pour les seconds cycles uniquement, nous n'avions plus d'uniforme,mais devions porter des jupes toujours longues au minimum jusqu'au milieu du genou et n'avions pas droit au pantalon.
Quand je suis arrivée à l'université publique à l'âge de 17 ans, j'ai porté tout de suite des pantalons, des jeans de velours côtelé. Au début, je n'ai eu que des camarades garçons, comme à l'école maternelle, avant de retrouver quelques filles vers la fin de l'année.
Mes copines des écoles publiques que je rencontrais au judo, pouvaient porter ce qu'elles voulaient sous le tablier, qui devait être rose durant une semaine et bleu ciel, l'autre semaine. Quand le lundi, elles se trompaient de tablier, elles étaient collées.
J'aidais une copine du public pour son allemand et ses maths, alors qu'elle nous avait plus ou moins prêté sa correspondante anglaise, à moi et à mon frère. Et aussi une de ses guitares, car elle aimait comme moi le folk-song, ce qui était assez rare dans mon école privée.
Voilà, c'était être élève dans les années 60. L'école a bien évolué depuis.
domino
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