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mercredi, 15 août 2012

Des maris "féministes"...

 

Des maris « féministes »

 

Roman-théâtre

 

C'est le petit matin, sur leur camping au bord de la piscine, en vacances, Blödie et Sottie sont déjà levées;

 

Sottie : Tu sais, Rapidy et moi, nous avons acheté notre maison, il y a déjà vingt ans quand nous étions dans l'académie de Bêtie... A l'époque, étant un grade au dessus de Rapidy, je gagnais plus que lui, nous avons acheté notre maison en faisant un crédit bancaire, et maintenant, il y a un type dans le quartier qui vient toujours demander à mon mari : « Et alors, quand vends-tu ta maison? »

 

Blödie : Ah bon, et ce n'est pas ta maison aussi???

 

Sottie : Et bien si, chez le notaire, Rapidy et moi, nous avons signé à deux et en plus comme je gagnais plus d'argent que lui, j'ai remboursé plus de crédit que lui. Et maintenant ce type là me vexe, en s'adressant à Rapidy, comme si c'était la maison de Rapidy et pas la mienne!! En plus, il tutoie mon mari d'une manière raciste, alors qu'il est d'origine uniquement européenne. Il est français de mère allemande et a les yeux bleus.

 

Blödie : Alors Rapidy, il a tout de suite dit non, et il a dit : « C'est aussi la maison de ma femme! »

 

Sottie : Non, il n'a pas dit que c'était aussi ma maison, il a seulement dit que non, il ne la vendait pas. Alors, moi, je me suis levée de la voiture où j'étais assise et j'ai dit, « Mais enfin, monsieur ceci est aussi ma maison, nous n'allons quand même pas aller coucher sous les ponts ou aller payer un loyer ailleurs et tu sais ce qu'il a répondu le type qui revient toujours à la charge.

 

Blödie : Non?

 

Sottie : Et bien moi, je peux vous l'acheter et vous pourriez alors me la louer. Non, mais, et puis quoi encore? Il croit qu'on va se faire gruger comme cela? Il est fou, le type! On ne va pas s'amuser à perdre de l'argent comme cela;

 

Blödie : Oui, mais tu aurais l'argent de la vente... et tu ne paierais plus d'impôts fonciers; et tu pourrais déduire le loyer de tes impôts.

 

Sottie : Oui, mais je serais quand même perdante, les impôts fonciers font moins qu'un loyer sur l'année. Et l'immobilier augmente. Et les loyers augmentent en même temps. Nous si on a acheté une maison, c'est aussi pour faire des économies pour la retraite.

 

Blödie : Et la conversation s'est terminée là?

 

Sottie : Non, tu sais ce qu'il a rajouté le type, en s'adressant toujours à Rapidy comme si ma voiture était la sienne : Et tu la vends quand ta voiture?

 

Blödie : Alors il a encore dit « ta » voiture à ton mari... C'est la voiture de ton mari.

 

Sottie : Non, c'est la mienne, il ne conduit pas. Et moi, je conduis juste le nécessaire, c'est vrai, je n'aime pas beaucoup cela, mais je ne veux pas changer de voiture, car j'aurais du mal à m'habituer à une autre, j'ai celle-là depuis vingt ans. Et elel est bien entretenue et le garagiste dit qu'il vaut mieux ces voitures-là, qu'elles sont moins onéreuses que les nouvelles dont les systèmes électroniques tombent souvent en panne.

 

Blödie : C'est pour cela que le type veut te la racheter

 

Sottie : Il ne veut pas la racheter à moi, mais à Rapidy, alors que la carte grise est à mon nom à moi... et que c'est moi qui l'ai payée.

 

Blödie : Et Rapidy a bien sûr répondu : cette voiture est à ma femme.

 

Sottie : Non, il m'a encore vexée, il a dit : Je ne vends pas « ma » voiture, comme si c'était « sa » voiture à lui et qu'il possédait toutes mes affaires personnellement, alors j'ai trouvé cela vraiment égoïste...

 

Blödie : Et tu n'as rien dit?

 

Sottie : Si, il je me suis levée une seconde fois de mon siège et j'ai dit au type : Mais pourquoi vous posez cette question à mon mari : cette voiture est à moi et pas à lui, et il n'a pas le droit de la vendre. Pas plus que la maison, car je ne signerai pas la vente. Alors que je suis en propriété de la maison avec lui. Et je me suis fâchée sur le type, fâchée gentiment, mais fâchée quand-même et je lui ai dit : « Je vous demande de ne plus poser ces questions et de ne plus tutoyer mon mari »;

 

Blödie : Rapidy ne se fait pas beaucoup respecter dans ton quartier...

 

Sottie : Non, au début quand on est arrivé, tous les vieux (qui ne sont plus là, certains sont morts d'autres sont en maison de retraite), voulaient lui donner des conseils, mais nous on est « vieux » maintenant, enfin on a l'âge qu'avaient ces vieux à l'époque, et on ne se permettrait pas de donner des conseils aux autres habitants, je trouve que c'est un manque d'éducation de toujours vouloir conseiller les autres à tout prix. C'est se mêler de ce qui ne vous regarde pas: les gens qui disent toujours « Si j'étais à ta place, je ferais ceci ou cela, je les déteste.»

 

Blödie : Oui, tu as raison, je n'aime pas non plus que l'on veuille m'imposer des volontés.

 

Sottie : C'est parce que Rapidy ne sait pas faire de bricolage, que les gens veulent le conseiller. Mais moi, je sais, il me laissait faire quand j'étais jeune, mais maintenant, il est toujours en train de s'opposer à moi, en disant que mon idée n'est pas bonne, ou que je vais me faire mal, mais il ne le fait pas non plus. La seule personne qui le respecte, c'est une femme qui dit que ce n'est pas normal qu'il fasse les courses à pied, alors que je pourrais le conduire faire les courses (ou plutôt faire les courses avec lui..). Je voudrais bien, mais il est toujours parti de la maison avant que j'ai le temps de dire ' ouf! » et dit « Je vais faire les courses » et vlan il n'est plus là, il est parti faire les courses longtemps avec sa langue comme on dit, car il est bavard.

 

Blödie : Oui, le mien aussi est bavard, l'autre jour je suis sortie avec lui, un jour où il y avait des fêtes locales, tous les vingt mêtres il rencontre quelqu'un qu'il connait, il commence à bavarder un quart d'heure, et moi, je suis là et j'attends... j'attends patiemment, j'attrape mal aux jambes à force de faire du sur place. Tiens Blödie, je te présente Sweetie, c'est ma collègue (ce n'est pas la Sweetie que nous connaissons). Ah tiens, voilà Klugy, mon ancien élève.. Ah et puis là-bas, c'est Mme Maman, la mère de mon ancienne élève... et là bas, c'est Mme Pain, l'ancienne boulangère... Et moi la pauvre Blödie je dis poliment bonjour et j'attends. Par contre,je rencontre la première une de ses collègues que je connais depuis trente ans. Nous engageons la conversation à deux, mon homme nous coupe la parole et commence à parler de ses élèves ou de ses moyennes qu'il doit lui rendre.... pas moyen d'avoir une conversation personnelle...

 

Sottie : Moi, c'est pareil... Pas moyen d'avoir le droit au chapitre, il parle même en mon nom : « Nous pensons que... nous pensons que.... » même si je ne suis pas d'accord avec lui. Il a beaucoup changé depuis notre jeunesse, mais ça, c'est depuis toujours... un jour, quand nous étions jeunes je venais de me réveiller sous la tente, nous étions sur un camping en Autriche. Des jeunes français venaient d'arriver, et ils parlaient en français avec Rapidy...

 

Blödie : Toujours comme cela, tu vas à l'étranger faire des langues étrangères et tu parles français...

 

Sottie : Oui, c'est vrai, il disait en ponctuant toutes ses phrases de « Disons que... » « Nous pensons que... » alors que je ne pensais pas du tout la même chose; et si l'interlocuteur demandait « Et votre femme pense comme vous? » Il répondait « Je pense que oui... »

 

Blödie : Oui,, le mien fait pareil, malheureusement. C'est un peu fort quand même, de faire comme si leur femme était une partie d'eux-même...

 

Sottie : C'est pour cela qu'ils nous appellent « leur moitié », et mon Rapidy se dit féministe, il a une drôle de conception du féminisme... Et en plus.. il a changé tellement, que je me demande si c'est encore lui...

 

Blödie : C'est parce que nous n'avons pas su évaluer les prémices de leur changement, mais c'est vrai que nos hommes ont toujours été un peu prétentieux.

 

Sottie : Oui... Et en plus il me casse tout... L'autre jour quand nous étions en vacances à deux, il a cassé mon appareil de photo, il l'a fait tomber sur l'objectif et il s'est coincé. Plus moyen de le remettre en place et de la faire rentrer dans l'appareil.

 

Blödie : Oui, ils sont comme des grand-frères qui cassent les jouets de leur petite soeur.

 

Sottie : J'étais juste en train d'improviser une nouvelle chanson et il me filmait. Mon improvisation a été interrompue, à la fin du film il y a de drôles d'images bizarres, comme un tournoiement, et puis on me voit de profil sur le banc et floue (l'appareil est tombé à côté du banc où j'étais, je me demande comment, car Rapidy était face à moi), et puis plus rien.

 

(Doofie qui vient de sortir de son petit chalet de camping, a rejoint nos amies sur la terrasse, elle installe son transat sur la terrasse de la piscine en baillant, pose à côté du transat une serviette de bain sur laquelle, elle dépose une pile de documents et de vieux grimoires, elle met l'ordinateur portable par dessus, elle installe son duvet tout en disant bonjour aux deux amies, leur envoyant un sourire comme elle seule en a le secret.. puis tout en s'enfonçant dans son duvet, elle dit à ses amies ..;)

 

Doofie : Moi, aussi, mon Schnelly a changé.

 

Sottie et Blödie (intéressées) : Ah ah!

 

Doofie : Et oui, parfois je me demande s'il n'a pas été échangé contre un sosie méchant. A certains moment seulement, d'ailleurs à ces moments-là, son physique change aussi... il se gonfle, même sa tête change de forme, elle devient plus courte derrière et le front fuit plus vers l'arrière. Et quand dans ces moments-là, je lui demande de se souvenir de quelque chose de notre passé commun, de certaines vacances par exemple, alors qu'il y a encore trois ans, il se souvenait parfaitement des vacances d'il y a vingt ans, maintenant, il doit réfléchir pour s'en souvenir. Par contre, il se souvient toujours des courses qu'il doit faire, pour dépenser notre atgent, il est toujours là et achète plutôt plus que moins... En fait, comme il a du mal à se souvenir des souvenirs communs, je me dis que ça ne doit pas être lui. Depuis hier, on dirait que c'est le vrai, car il ne se fâche pas, mais en fait, ce n'est pas toujours le cas. Une fois, alors qu'il parlait de façon prolongée à des gens, j'ai remarqué qu'il avait un accent allemand et parlait comme les allemands qui parlent bien français, alors qu'avant, il n'avait pas d'accent quand il parlait français ou à la rigueur un accent de l'est de la France, mais pas un accent allemand comme celui-là. Mais les gens le laissent comme cela quelquefois parler avec son accent allemand pendant un quart d'heures, mais moi, généralement quand je dis mon avis sur quelque chose, on me coupe la parole, surtout au niveau de l'éducation nationale.

 

Blödie : Oui, moi, c'est pareil, même toi, Doofie qui est si intelligente, on ne te laisse jamais parler... c'est pour cela que nous nous exprimons dans ce roman de domino.

 

Sottie : Mais moi, je suis d'accord pour dire que mon Rapidy a changé aussi, avant, il savait se faire discret, maintenant, il est devenu embêtant, se trouve toujours dans mes jambes ou derrière mon dos, sauf quand il dort comme maintenant. Il m'empêche d'avancer, accumule des objets dans l'entrée des pièces pour m'empêcher de ranger derrière. On dirait vraiment qu'il me veut me metre des bâtons dans les roues...

 

(Doofie n'écoute plus, elle ne semble plus intéressée, elle n'écoute pas car, pendant cette pause elle est repartie dans sa généalogie... peut-être qu'elle écoute d'une oreille, nos amies disent maintenant bonjour aux autres qui se sont levés, Schnelly prépare la table pour le petit déjeuner...)

 

Pour Sottie, Blödie, Doofie, Schnelly, Rapidy et Cie...

 

 

domino

 

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