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dimanche, 18 janvier 2009

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Elle était seule quand nous sommes entrés dans la pièce

Sur un lit blanc aux draps bordés de dentelle,

J'ai carressé son gilet bleu comme le ciel

Ses mains jointes étaient blanches comme le lait

Et ressemblaient aux miennes

C'était la première fois que je voyais si bien ses mains

Ses doigts qui ressemblent tant aux miens

Jusqu'à la forme de l'ongle

Ses mains qui ont eu mes doigts de bébé dans les leurs

Pour elle, j'étais toujours restée son bébé

Ses yeux étaient presque totalement clos

Laissant entrevoir sous la paupière

Un petit rayon de bleu

Son visage comme du marbre

Laissait échapper une sévérité empreinte de douceur

Elle dormait là, couchée sur le dos

Immobile, froide, ressemblant aux gisants des cathédrales,

Elle ne m'a pas parlé, ne m'a pas prise dans ses bras,

J'ai carressé le bleu de son gilet,

Les symboles de la religion entouraient son lit

Pourquoi es-tu partie?

Pourquoi nous laisses-tu, seuls sur la terre,

Orphelins de père et de mère?

Pourquoi toi?

Tu as eu une longue vie...

Remplies d'embûches dans ta jeunesse.

Tu n'avais que 20 ans quand le  feu déferla sur la terre.

Six ans plus tard tu rencontras mon père

Qui eu juste le temps de voir ses enfants se marier

Et partit très  tôt

Tu es restée seule longtemps

La solitude était ton lot quotidien

Que tu partageais avec les oiseaux du ciel

Et les chats qui passaient

Malgré tes nombreuses amies

Et ta famille très nombreuse

Qui s'est maintenant amoindrie

Et ton carnet de rendez-vous et de visites

Plein comme celui d'un ministre

Presque personne n'est passé aujourd'hui

Beauucoup de tes amis étaient déjà partis

Au pays du gtrand repos

J'ai regardé longtemps dans mes larmes

Tes mains et ton cou trop maigres

Et ton front altier emprunt de fierté

Qui avait contenu le bon sens

Qui était le tien

Ce bon sens qui te faisait dire souvent :

"Mais dans quel monde vivons-nous?"

Je n'entendrais plus ta voix douce et pleine

Dire sur mon répondeur

"Allo! C'est maman! Vous êtes-là? Ah! Non, vouus n'êtes pas là?

J'attends! Ah! Qu'est ce que c'est?

Le bip, je dois raccrocher?

Ah! C'est drôle ça! C'est bien drôle!"

Ta voix qui disait quand on racontait :

"C'est bâte!"

Avant qu'on t'emmène là-bas,

Et que ta voix prenne un voile,

Que dire encore? Que dire?

De cette vie toute simple

Des arrosoirs et des rateaux

Qu'il y a trois ans encore au jardin

Tu maniais si bien

De cette journée de jardinage

Qui fût notre dernière belle journée

Au soleil de l'été

Où tu ramassais encore le bois

Plus vite que moi

Où je me suis cognée la tête dans un arbre

En me redressant

Mais cette douleur n'a pas mis d'ombre

Sur une journée au soleil

Où rien ne laissait présager

Que plusierus moi après tu laisserais

Ce petit coin de pelouse que tu as aimé

Derrière toi.

Maman menait bien sa vie toute droite

Elle aimait son indépendance

Maman toute blanche

Tu es devenue un gisant de marbre

Tu sembles indifférente à mes appels

Quand je te demande de revenir

De ressussiter

Tu sembles ne plus m'écouter

Parce que tu ne bouges plus

Que tes lèvres ne remuent plus

Mais je sais que là-bas

Au pays où est papa,

Tu nous entends et tu nous vois

Et tu nous protégeras.

Tout doucement tu es partie

Comme tu as vécu.

Il faut se faire à l'idée

Que tu ne reviendras plus

Que tu as vécu ta vie

Bien remplie

Parce que tu nous as fait

Et que tu nous a élevés

Pour nous et le monde

Tu m'as élevée

Pour parler au monde

En ton nom

Au nom de tout ceux

Dont on oublie le nom.

Dire 'Dans quel monde on vit!"

Et tout doucement le construite mieux.

 

domino

 

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