mercredi, 29 novembre 2006
Femmes mariées portant votre nom marital : ne songez jamais à réussir l'agrégation interne !
Je suis connue dans mon académie où je travaille depuis toujours, uniquement sous mon nom marital. Mon nom de jeune fille ne figure qu'en tout petit sur une seule page de mon dossier électronique i-prof (données personnelles).
Mais c'est bien sour son nom de jeune fille que l'on passe les concours internes.
Aucun problème pour s'inscrire à l'agrégation externe ; votre nom de jeune fille et votre maîtrise suffisent. Mais on vous dira - et bien que les textes de loi ont supprimé toute limite d'âge à cette agrégation - lorsque vous passerez l'oral comme on l'a dit à une de mes camarades de formation, que même si vous êtes du niveau, on ne vous donnera jamais l'externe parce que vous êtes trop veille.
PAr contre pour l'interne, c'est une autre paire de manche :
Normalement, si vous avez fait vos deux premières étapes d'inscription électronique, inscription et pré-inscription, on vous demande de remplir en décembre -troisième étape de l'inscription - vos états de services, etc... rien de bien compliqué.
Seulement , cette année, bien qu'ayant effectué mes deux premières étapes en bonne et due forme, pas de troixième étape en perspective, je n'ai pas reçu la liste des pièces à fournir et le bordereau à signer en même temps que les autres.
Comprenez vous ?
Pour le rectorat, étant mariée lorsque j'ai eu mon CAPES, j'ai travaillé 25 ans comme Madame (nom marital- tiret- nom de jeune fille).
Puis on a omis depuis plusieurs années de mettre mon nom de jeune fille derrière le tiret, si bien que professionellement je suis devenue Mme (nom marital uniquement).
Pour le service des examens et concours je suis Mme (nom de jeune fille) suivie en tout petit (lorsqu'on ne l'oublie pas) de épouse (nom marital).
Donc, quand le service des examens téléphone au collège que j'ai déclaré comme étant mon collège d'exercice (qui s'affiche automatiquement sur l'ordinateur quans je m'inscris), demandant si Mme (nom de jeune fille) remplit bien les conditions pour l'agrégation interne, on leur répond Mme (mon nom de jeune fille, moins 1 syllabe) est PEGC d'anglais.
Elle n'a pas son CAPES ? Boum, pas de troisième phase d'inscription, elle n'est pas assez diplomée.
Et pourtant moi, Mme (nom marital seul connu du rectorat ) + (nom de jeune fille avec une syllabe en plus que celui de ma collège d'anglais), je remplis tout à fait les conditions de titres et de diplômes et même quadruplement :
- maîtrise (sous mon nom de jeune fille),
- CAPES complet (avec le stage),(sous nom marital, née nom de jeune fille)
- certifiée (titre requis),(sous mon nom marital uniquement (nom sous lequel j'enseigne).
- bi-admissible à l'agrégation (titre preque trop élevé).(sous mon nom de jeune fille sur les certificats d'admissiblilité), nom marital sur le reclassement, nom maritel née nom de jeun e fille en tout petit sur la "titularisation" (bizarre, car j'atais dejà titulaire avant de passer bi-admissible).
Mais la personne qui a regardé mon dossier électronique d'inscription, a compris : Mme '(mon nom de jeune fille), prétend être au collège UNTEL, mais en fait c'est Mme (Mon nom marital) qui est prof là-bas, a répondu le téléphone. Usurpation! Mon nom de jeune fille ayant usurpé pour le concours La place de mon nom marital. Facteur d'élimination avant la troisième phase de l'inscription... Et mon nom de jeune fille, le seul possible pour m'inscrire à l'agrégation INTERNE, n'étant répertorié au rectorat que de façon très peu visible, je n'ai pas reçu les papiers pour faire cette troisième phase. En effet, tout laisse penser que Mme (mon nom de jeune fille) n'aurait jamais été professeur (sauf une année à ses débuts, au début des années 70, mais c'était avant le CAPES.
Après avoir travaillé pendant 10 ans dans le même lycée sous le nom (nom marital-tiret-nom de jeune fille), j'ai été nommée comme TZR sous (tenez-vous bien, ceci après 30 ans de mariage et de fidélité) Mlle (nom marital).
A l'oral, même topo :
Le ministère recherche si vous remplissez bien les conditions avant de vous déclarer admis, il téléphone au rectorat de REGION Où J'HABITE et il demande : "Mme (nom de jeune fille) est bien prof dans votre académie. Et on lui répond : "Madame (nom d ejeune fille) inconnue au bataillon de cette académie. Bon très bien, alors, ne la recevons pas ! Et Mme (nom marital) de continuer son petit bonhomme de chemin de professeur sous Mme (nom marital). Pas d'agrégation en vue, à cause simplement du fait d'avoir deux noms !
Mais il y a encore pire que pour moi :
Imaginez le cas d'une femme marié ou veuve et remariée 2 fois.
CAPES obtenu sous NOM MARITAL TIRET NOM DE JEUNE FILLE dans les années 70.
Enseignement titulaire pendant 10 ans sous nom marital n° 1.
Enseignement titulaire pendant 4 ans sous nom de jeune fille.
Enseignement titulaire sous nom marital n°2. Inscription à l'agrég interne sous nom de jeune fille, épouse deuxième nom marital,
Papiers fournis : CAPEs 1er nom marital : FAUX.
Années d'enseignement : 1er + 2 ème nom marital : faux
Il ne reste comme ancienneté que les 4 ans que la dame a fait sous son nom de jeune fille. Insuffisant.
domino
02:20 Publié dans "J'accuse", Zola | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : enseignement, inepties bureauxcratiques.
Commentaires
Encore une des absurdités de l'administration ! C'est vrai que c'est un peu compliqué maintenant pour s'y retrouver avec les nouvelles lois qui permettent aux femmes de porter, en plus de leur nom de jeune fille, le nom de leur mari.
Écrit par : Max | vendredi, 01 décembre 2006
J'ai été confronté à un problème au lycée dès la rentrée à cause d'une fiche administrative remplie différemment des autres années.
Jusqu'à cette année, j'écrivais le nom de jeune fille de ma mère dans la case "Mère", le nom de mon père dans les cases "Père", "Frère" et "Elève concerné" (mes parents ne sont pas mariés).
Seulement, cette année ma mère porte, en plus de son nom, celui de mon père. Ce que les personnes de l'administration auraient pu comprendre si elles faisaient l'effort de lire les papiers (puisqu'elles auraient effectivement constaté qu'au nom de jeune fille de ma mère avait été ajouté le nom de père).
Conclusion : La mention "Sans mère / Mère décédée" est apparue sur le résumé du papier et la somme d'argent (il s'agissait d'un papier pour obtenir une aide financière) a été plus élevée que prévue. Or, des contrôles sont effectués et lorsque les personnes ont constaté que ma mère n'est absolument pas décédée ni "absente", ils nous ont retiré une bonne partie de la somme attribuée précédemment, ce qui est particulièrement honteux à mon avis.
Écrit par : Max | vendredi, 01 décembre 2006
A Max (commentaire 1) :
C'est le contraire, avant les femmes mariées avaient comme nom d'usage le nom de leur mari. C'est avec les nouvelles lois qu'elles peuvent porter leur nom de jeune fille, ce que je voudrais aussi, mais je me suis mariée avant la date où les femmes pouvaient garder leur nom de jeune fille, si bien que depuis que je suis mariée (et ça fait un bail, plus de 30 ans), je n'ai jamais pu porter mon nom de jeune fille. Par écrit, je l'écris nom marital- (tiret) nom de jeune fille. Mais alors que mes diplômes sont à mon nom de jeune fille (même la maîtrise que j'ai passée étant mariée), mes papiers professionnels (nominations, affectations, promotions, etc... ne portent la plupart du temps que mon nom d'épouse (le nom de famille de mon époux). Heureusement que les bulletins de salaire portent mon n° de sécurité sociale, car sinon je ne risquerais de toucher à la retraite que ce qui correspond à l'année 73-74 alors que j'ai travaillé toute ma vie. En Allemagne pour la profession la femme garde sur ses papiers toujours son nom de jeune fille (ou nom patronymique ou nom d'épouse), même si on l'appelle oralement par son nom marital.
A Max (commentaire 2):
Le problème avec les trop-perçus, c'est qu'il faut payer tout de suite. En 1976, juste après mon CAPES, j'ai eu très peur. Alors que au bout de trois mois je n'avais pas encore touché mon salaire de certifié (il fallait que toute la paperasserie se fasse, car j'entrais dans l'enseignement public), je recevais toujours le salaire (moins élévé et payé aussi par le trésor public) ou j'avais travaillé pendant les 3 années précédentes comme contractuelle. J'ai du rembourser soudain mon trop perçu du privé avec menaces de huissier (2ème rappel, alors que je n'avais pas reçu de 1er avis ni de 1er rappel) (cela faisait deux mois et la somme de 4000 francs d'alors), alors que l'état me devait 3 mois à 2500 francs chacun soit 7500 francs. Mais j'ai du rembourser avant d'avoir reçu l'autre salaire, c'était pourtant le trésor public de la même académie qui me payait. On s'est quand même excusé du 2ème rappel et de la menace d'huissier, dans la mesure où effectivement ils n'avaient pas envoyé les premiers papiers, ils ont avoué qu'ils faisaient ça pour faire peur aux gens. En fait c'était l'Etat qui me devait 3500 francs, mais ce n'était pas le même service payeur.
Écrit par : dominoooo | vendredi, 01 décembre 2006
Par rapport à mon erreur : Ah oui, Domino bien sûr, je n'ai pas fait attention ! :-)
Écrit par : Max | vendredi, 01 décembre 2006
a) Hey : Ne vous disputez pas sur mon blog ! Je n'ai pas le Wi-fi. Il paraît que c'est vrai, quelqu'un peut capter ton ordinateur en étant dans un voiture dans ta rue ou pas loin d'où tu travailles, par exemple, un autre étudiant dans l'université. Mais il faut déjà bien s'y connaître. Depuis que j'ai IE 7, je n'ai plus l'impression d'avoir de keylogger. De toutes façons, c"était à mon avis des gens d'autres continents.
b) Merci, Rose pour le beau texte sur Toulouse. Ici aussi on a des briques roses. Tu écris très bien. Cela ferait aussi un beau thème. Qu'est ce que tu dirais si nous proposions chacune notre traduction ? tu devrais passer l'agrégation de français, je suis sûre que tu réussirais.
c) Pour ceux qui passent pour la ènième fois l'agrégation, je dois dire que nous ne sommes pas les seules. Dans mon académie, il y a une collègue qui a été admissible 8 ou 9 à l'externe. Elle dit qu'elle l'a passée 10 fois. Certains disent qu'elle l'a passée 18 fois. Moi, je ne compte plus mes candidatures à l'externe. J'ai été deux fois admissibles à l'interne.
d) A elle : je ne sais pas de quoi tu parles quand tu parles d'un script. J'ai pris un modèle de blog tout fait chez Haut et Fort, modèle de base... Les widgets, je les ai trouvé sur d'autres blogs. Tu cliques dessus pour trouver les fournisseurs. J'aime bien mes petites pixies.
e) Ne vous diputez pas sur mon blog. Merci !
Écrit par : dominoooo | jeudi, 14 décembre 2006
Natürlich, kein Streit!!!! si "elle " se manifeste encore, je ne répondrai même pas, je voulais juste VOUS pérvenir...
Moi, je ne compte même plus les inscriptions à l'externe- admissible 1986, 49° à l'écrit(beau score pour lépoque), mais mon premier mari, le cheminot cégétiste, m'a obligée à brûler tous mes cours dans la cheminée pour "arrêter mes conneries", - la fac s'en souvient encore!!!-, a insisté pour le bébé, au bout de longues années de vie commune- je m'étais mariée à 18 ans pour fuir un Consieller Général RPR de père, but don't worry, 20 ans de salle des profs m'ont fait virer de bord!!!!-, et, entre écrit et oral, j'ai lu Laurence Pernoud... Admissible ensuite DIRECTEMENT à l'interne en 2003, avec un beau 14 sur Celan- aucun mérite, c'était mon sujet de DEA, enfin presque-, et readmissible externe l'an passé, avec notes atroces sur ce que j'avais le plus bossé- je t'ai promis mon rapport..ex, sur "la patrie chez Hölderlin," j'ai fait soit disant un exposé "d'en haut', à visée psychanalytique...N'importe quoi!!!! Là je suis perplexe, extrêmement fatiguée, passe aussi "chef d'établissement", mais en fait aucune envie, et de plus la fac me manque HORRIBLEMENT, l'intelligence, la "deutsche Kultur" dont tu as parlé....Ben oui, ces deux journées hebdomadaires étaient ma seule ouverture vers un autre monde, certes idéalisé, mais si loin de la réalité d'un prof lamda...C'est ainsi, les amours de Goethe, les terroirs aux couleurs de tourbe de Fontane ou les anges rilkéens m'ont toujours plus intéressée que l'ambiance qui règne dans la 4° B ou que les menus de la cantine...J'ai espéré, un temps, biaiser le système...C'est ainsi que j'ai allié devoir perso de mémoire et carrière, avec un énorme travail sur "Rose Ausländer, une poétesse juive en sursis d'espérance", entamé bien avant le sujet de l'an passé, et que j'ai réussi avec mention TB, inscrivant thèse dans la foulée, sur quatre poétesses juives et la dicibilité du Divin...Mais, aber, but, pero, comment ne serait-ce que payer les frais d'inscription quand on est en surendettement, et comment imaginer faire de la recherche sans aucun sou????? Je me suis échinée tout l'an passé à déposer des demandes de bourses dans de prestigieux organismes, je me suis battue des mois durant, avec des dossiers béton et des lettres de recommandation en pagaille- de JMV himself à l'ambassadeur de Roumanie à Vienne, spécialiste de poésie juive aussi, avec des contacts aussi intéressants et merveilleux que le poète Claude Vigée ou qu'Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'IsraËl...Résultat? Que ce soit la Fondation pour le Mémoire de la Shoah, ou le Centre Culturel Français de Jérusalem, ou la Fondation auschwitz en Belgique, même réponse, comme au CNRS, comme partout: niet!!! Là aussi, droit à rien, pas crédible trop vieiille...Oui, j'ai 45 ans et je suis "finie", condamnée à errer dans le purgatoire de l'EN, sans élèves, jusqu'à la fin de ma misérable carrière, et de toutes manières, là, en arrêt car épuisée physiquement par le combat perso et toutes ces Irrungen und Wirrungen...
Ecrire? Merci, d'ailleurs, pour tes gentils mots...J'y pense, le livre "La brebis galeuse" est en chantier, pamphlet contre les églises et les banques qui m'ont coulée, à cause de ce pasteur fou, et contre cette véritable alliance du trône et de l'autel...Sinon j'ai commencé aussi "¨Pourquoi je passe l'agrégation", je pourrais mettre en avant propos le rapport Life que je viens de recevoir...Et, pour revenir au début de mon mail, j'y dirais aussi tout le rêve brassé par des profs lamdas qui juent encore aux étudiantes,non solum pour les trois heures en moins ou les euros en plus, sed etiam pour la culture, l'intelligence, la vie quoi...
L'agreg, c'est asez simple, en fait, dans ma tête, je l'ai déjà, et je suis capable, je le sais, même si c'est extrêmement présomptueux, d'expliquer Brecht, Rilke ou Faust aussi bien que Laurent Cassagnau ou Jacques Lajarrige- je les salue au passage!!!- Non, je ne suis certes ni médiéviste ni civilisationiste, mais , oui, très forte en poésie, théâtre, roman, etc, et je sais que ma vie aurait due être différente si j'avais fait les bons choix, si j'avais bossé en HK, si je n'avais pas abandonné mes rêves, et que là, je ne devrais pas être en train de me battre pour rembourser des milliers d'euros de dettes, pour préserver mon enfant et pour ne pas devnir dingue, mais en train de préparer un colloque- et, 'ailleurs, j'avais trois interventions prévues et ECRITES cette année, une au collouqe qur le Voyage Immobile, l'autre sur Ilse Aichinger, etc...- Je regarde chaque semaine le Schwarzes Brett de l'AGES..., ma bible...-Mais là aussi, j'ai tout arrêté, à quoi ça va me servir d'aller m'agiter SANS cette PUTAIN d'agreg???Grrrrrrrrrrr!!!!!!!
Volià, à part ça il fait beau, la vie est belle, le soleil brille sur la ville rose, là je cours chez l'avocat pour négocier un départ de mon fils le 28/12 à 13h et pas le 27/12 à...4 h du mat...et je n'ai tjs pas lu Jelinek!!!!
Pein de bisous couleur de miel,
Biene
Écrit par : Rose | jeudi, 14 décembre 2006
L’inspecteur
( j'écris avec pseudo, hein, c'est plus sûr....) un vieux texte, mais encore d'actualité, non???
Il arrive presque à l’improviste.
C’est du moins la version officielle, celle que l’on est censée donner aux élèves…
En fait, voilà presque une semaine que l’on ne ferme plus l’œil de la nuit, se rêvant déjà à Cayenne, rétrogradée et déchue de ses droits civiques …Une inspection, c’est une mini affaire Dreyfus, on doit défendre son honneur au risque de se perdre, et on espère toujours être réhabilité, même si l’on sait que le tribunal a une réputation sanglante…
Voilà donc plusieurs jours que l’on entraîne nos élèves comme pour les JO…On se sent l’âme d’un entraîneur du PSG des grands soirs, on leur répète qu’ils sont les meilleurs, que nous sommes une équipe, que l’inspecteur ne vient pas pour eux…En fait, ils sont le public, et nous, pauvres tâcherons de l’Education Nationale, nous sommes tous les joueurs en un ! Nous devons être les attaquants, peaufinant nos plans, nos stratégies éducatives, mais aussi la défense, préparant les attaques larvées de ce cher homme (« Alors, Madame, depuis combien de temps n’êtes-vous pas allée en Angleterre ? »), et encaissant les buts et les coups bas (« Peut-être devrions-nous envisager un petit stage à Londres l’été prochain ? »…)
D’ordinaire, nos cours sont corrects et préparés, bien sûr, mais, bon, il ne faudrait pas non plus pousser mémé dans les orties…Après vingt ans de métier, on ne relit pas fiévreusement les instructions officielles tous les soirs ; il nous arrive même d’arriver et de faire un petit devoir surprise, les jours où on a envie de rêver un peu à la soirée qui s’annonce…
Aujourd’hui, c’est comme quand on passe à la télé. On a mis nos habits de lumière, on a tenté un maquillage à la fois lumineux et discret, censé estomper notre teint terreux et livide, on se veut , comme le jour du grand oral de l’agrégation, humble et souverain, humble devant le jury, et souverain sur la matière.
Aujourd’hui, notre cours est un cours modèle, une parodie de leçon…Nous sommes Maurice Béjart, chaque seconde du cours est orchestrée comme un pas de danse. Nous avons repris le vocabulaire tendance de l’IUFM- un stylo est un « outil scripteur », un mot écrit au tableau une « trace écrite »…Nous nous désolons secrètement de ne pas être prof d’EPS, car nous aurions bien voulu placer le « référentiel bondissant »…le ballon !!- et nous entrons dans l’arène, le cheveu humide et le souffle court.
Il est assis au fond de la classe. Devant lui, les élèves, bien sûr, sont pétrifiés. Il nous darde de son regard noir, et on se sent soudain comme lorsque nous étions convoquée chez le « Surgé », à cette époque où les CPE faisaient encore de la discipline…
Notre inspecteur, tout le monde le surnomme Danton. C’est qu’il a dit, en arrivant dans l’académie, que les têtes allaient tomber…Drapé dans sa dignité comme Queen Mum dans ses robes fleuries, impassible comme un garde devant Buckingam Palace, il a présidé la réunion de rentrée avec une poigne de Dame de fer …Bien sur, c’est un maître en sa matière, féru de didactique, excellent concepteur d’idées nouvelles…Mais aime-t- il encore son métier ? Aime-t-il les élèves ? Y va-t-il, lui, en Angleterre ?!
Il est, en fait, devenu ce que nous détestons : Un vieux prof aigri, qui, ne supportant plus les élèves, s’est échappé au-delà du quotidien, vers des hauteurs plus gratifiantes, sans doute, mais si éloignées des réalités de l’enseignement…Il ne suffit pas de se gausser de mots ronflant et de « didactiser » l’actualité pour intéresser une classe et boucler un programme, il faut être à l’écoute des individus , du réel, de cet impalpable métissage qu’est une classe…L’inspecteur nous juge, potentat un peu méprisant, ancré dans ses certitudes de pédagogue parfait , certain de son bon droit.
Notre récompense, nous l’aurons le lendemain, quand, souriants, complices, les élèves nous ferons une fête de tous les diables avant le cours, presque une standing ovation, en nous jurant, sur un ton jubilatoire : » Vous lui en avez mis plein la vue, madame ! Sur ma mère, il avait l’air de kiffer grave vot’ cours !!! »
Anna Gonzales.
Écrit par : Rose | jeudi, 14 décembre 2006
Et un p'ti dernier, pour la route...
Le jour où j’ai vendu Rimbaud.
Il fait un beau soleil d’automne, les asters fleurissent tendrement.
Nous sommes le deux, et mon compte est déjà à découvert, comme toujours depuis trois ans…
Avez-vous déjà goûté à un colis de la Banque Alimentaire ?
Mes enfants m’ont demandé pourquoi il était écrit « Interdit à la vente », sur ces drôles de boîtes qui ressemblent à des raviolis pour chiens….
Déjà, il faut démarcher l’assistante sociale du Rectorat…Elle n’est pas débordée, a plutôt l’air de bailler aux corneilles dans son joli bureau placardé d’affiches vantant les méfaits du tabac. Poliment, elle daigne me taper un courrier à destination de l’épicerie sociale, et j’ai l’impression d’être Gérard Jugnot dans « Une époque formidable », c’est assez grisant. Un peu comme si j’allais passer à la télé pour la soirée des Enfoirés, sauf que je ne fais pas partie des bénévoles, mais des nécessiteux, ce qui est tout de même assez paradoxal avec un salaire d’enseignante…
Mon appartement se vide peu à peu des biens nécessaires, mais pas obligatoires…Le lave vaisselle est parti discrètement, tout comme le piano, ou encore les vieux vinyles de Dylan ou de Bécaud. Je garde sous le manteau, pour les jours de vraie disette, un trente trois tours des Choeurs de l’Armée Rouge et un quarante-cinq tours de Bill Haley et ses « Comètes »! Ils nous feront au moins un panier du Lidl…Surtout, ne pas dire à mes parents que ces reliques vont être vendues…
Pour mon bureau en chêne blond, récupéré dans les locaux de la CGT de la SNCF où travaillait mon premier mari, lorsque j’avais vingt ans, et qui, après des générations de fonctionnaires puis de révolutionnaires zélés, a vu passer toutes mes dissertations sur les Affinités Electives ou sur Bismarck, j’hésite…Le vendre serait un véritable crève cœur, car il est comme l’extension de mon âme, comme un fidèle compagnon d’infortune…
Ce matin, une jeune fille a découvert mon annonce placardée à la fac, et va venir fouiller dans ce que j’ai décrit comme « Les Puces au chaud » et « Une Bibliothèque de rêve ».
Je n’ai jamais classé mes livres, hormis quelques rayons spécifiques, comme les « beaux livres » ou les médecines douces. Depuis toujours, Hugo voisine avec Charlotte Link, Agatha Cristie avec Platon, et, miracle de la mémoire visuelle, je suis capable de retrouver mes « petits » en cinq minutes, connaissant le recoin où se cachent Werther et Raskolnikov, ou encore les endroits où j’ai glissé photos, notes d’agreg, mots doux…
On sonne. Elle s’appelle Anna, est étudiante en Lettres Modernes, et elle est d’emblée émerveillée par l’abondance, le fouillis, le rangement à la diable, les vieux policiers qui épaulent les classiques et cette ambiance « quais de Seine »….
Soudain, elle le prend.
« Mon » Rimbaud. Mon recueil nrf de « Poésie/Gallimard », celui qui me suit depuis la Première quand, avec Marie-Claude, nous déclamions Ophélie sur les pelouses du lycée…
«-et l’infini terrible effara ton œil bleu ! »
Petite fille, j’ai vécu cinq ans à Charleville-Mézières, et l’un de mes premiers souvenirs, c’est ce petit pont qui mène au Musée Rimbaud, ce sont les arcades de la Place Ducale, et je me suis toujours senti une étrange sororité avec l’éphèbe rebelle.
Anna sourit, me demande si « je l’ai lu »… (Les gens qui viennent à la maison demandent d’ailleurs souvent si « je les ai TOUS lus »…! Question étrange, si déplacée, incongrue, illicite, ridicule, que je ne peux qu’y répondre gentiment, en éludant la vérité…On ne va pas monter un Café Philo juste pour cette question, mais elle est pourtant extrêmement symptomatique du respect et de la crainte que la plupart des gens ont devant les livres et devant ceux qui les fréquentent…Non, justement, je n’ai pas TOUT lu, et c’est une de mes premières questions existentielles que je me posais, enfant…Comment trouver ce temps ????)
Oui, Anna, j’ai lu Rimbaud. Non pas une fois, mais des centaines, des milliers de fois. J’en connais chaque vers, chaque parcelle d’émotion. C’est grâce à lui, à ses mots, que j’ai aimé la poésie, que j’ai compris que jamais je ne tenterais de transformer le monde, mais plutôt que je changerais la vie, ma vie…Portée par les couleurs et les illuminations d’Arthur, j’ai descendu des fleuves impassibles et embrassé des centaines d’aubes d’été. Ses voyelles m’ont aidé à comprendre les méridiens célaniens et les méandres proustiens, son portrait d’adolescent rageur et rêveur est toujours posé sur mon bureau, fragile icône qui m’aidé à traverser tant de saisons en enfer.
Voici venir le temps des assassins. Oh, ce n’est pas « Le choix de Sophie », il n’y a pas mort d’homme, mais juste cette reculade, cette petite prostitution. Vendre « mon « Rimbaud, ce serait véritablement vendre mon âme au diable, renoncer à ma dignité.
Je redresse la tête et, doucement, je lui reprends le livre, tout tâché, tout corné, plein de sable, de rêves, d’amour. Il ne partira pas, il restera auprès de nous quand les huissiers viendront saisir l’ordinateur et la télé, il me suivra encore dans le HLM où je vais sans doute devoir aller m’installer, moi qui rêvait d’une grande maison au milieu des tournesols, d’une véranda gorgée de soleil et ivre de passions, où j’aurais écrit de longs romans pleins de bruit et de fureur…Il sera parmi mes derniers fidèles, avec mon exemplaire de l’Idiot présentant Gérard Philipe en couverture, avec mon Journal d’Anne Franck quadrillé de bleu et la méthode Boscher de mon père…
« Celui là n’est pas à vendre. »
…
Elle est retrouvée !
-Quoi ?- l’Eternité !
Écrit par : Rose | jeudi, 14 décembre 2006
Rose, je lis ta vie, ta drôle de vie, je te souhaite de continuer à avoir du courage car malgré tout il faut continuer.... Bonne soirée à toi et à Domi.
Écrit par : elisabeth | jeudi, 14 décembre 2006
J'ai encore mon Rimbaud aussi, celui sur lequel la prof de français en première a passé un trimestre. Même que toutes les filles s'énervaient, sauf moi qui dans le silence de ma chambre me prenais pour Rimbaud ou plutôt pour Verlaine et écrivais des poèmes :
"Le ciel est par dessus les toits,
Lourd de buée,
Gris de fumée,
Les usines que personne ne nettoient
Se dressent
Maîtresses".
Il faut dire que Roubaix n'était pas "aufgeputzt" à l'époque.
Et mon journal d'Anne Franck, il est aussi quadrillé en bleu, c'était mon premier "Livre de Poche". Mon premier livre de grande.
Bon, mais je vais raconter tout cela dans mes Mémoires.
Quant à l'inspecteur, après m'avoir torpillée, il s'est excusé d'avoir semé la panique parmi les élèves en leur demandant leur cahier de cours, aux deux cancres qui étaient assis derrière. Il avait pas compris que j'avais dit au début de l'année que la feuille de consignes où je demandais un cahier (parce que les feuilles de classeur se perdent), c'était pour les secondes, et que j'avais dit aux Terminales que comme ils étaient déjà assez grands pour savoir comment ils doivent s'organiser, ils pouvaient , eux, prendre un classeur ! Evidemment il était pas dans ma classe le jour de la rentrée. J'avais bien vu qu'il y avait du remous dans les fond de la classe, que mes élèves bavardaient avec l'inspecteur, et je me demandais ce qui se passait... Du reste, il a bavardé pendant toute l'heure, quand ce n'était pas avec les élèves, c'était avec le proviseur et mes élèves participaient quand ils ne se sentaient pas espionnés, c'est à dire quand les deux hommes cravatés, qui étaient derrière mes deux cancres, étaient plus occupés par leurs propres palabres qu'à écouter mon cours. Ils murmuraient dans mes oreilles telllement ils avaient peur. Et finalement l'inspecteur n'a entendu que 3 élèves participer, mais ils avaient tous participé quand il bavardait, et l'un d'entre eux a eu 20/20 au bac et est maintenant en master d'allemand. L'année dernière une de mes anciennes élèves a eu son CAPES d'allemand.
Écrit par : dommmino | jeudi, 14 décembre 2006
A Rose : tu vas peut-être te faire un blog chez haut et fort, comme cela on pourra aller le commenter.
Écrit par : dommmino | jeudi, 14 décembre 2006
Bonjour, Domi, le Journal d'Anne Franck je l'ai aussi en livre de poche, tout bleu et quadrillé. Ma meilleure amie de seconde au Lycée y a écrit : il faut le lire absolument.
Je l'ai toujours et j'ai donc ce souvenir de mon amie Edwige avec qui je correspond toujours, soit depuis 36 ans.
Rimbaud, également, incontournable.
Écrit par : elisabeth | vendredi, 15 décembre 2006
Les filles, vous êtes mon nouveau soleil, là je me meurs depuis ce matin- virius surinfecté, pas passé avec "mes "médecines, SOS med, piqure - comment on écrit ça??- d'ACUPAN, migraine si forte que je pensais à une méningite- tjs l'excès..., nausées, usw, 16 de tension...
Oui, un blog, warum nicht, je me suis mise sur "my space", où je suis "inaliénablealiénor", mais j'ai déjà oublié mon mot de pase, je voulais en faire le premier blog consacré à la fois au divorcé et à la poésie juive, lol.
Anne Franck quadrilée aussi a été mon premier "vrai" livre, et tout mon parcours universitaire en a été marqué, n'est-ce-pas fou?
"...sich an allen Ecken
wundstossen
une ganz bleiben"
Rose A.
Seid umarmt, ein schönes WE wünscht
Biene.
Écrit par : Rose | vendredi, 15 décembre 2006
Les commentaires de la "dispute" ont été supprimés ?! Et le commentaire dans lequel il était question de "wi-fi", aussi ?
On ne voit pas le blog de Rose.
Écrit par : Max | samedi, 16 décembre 2006
Ah oui, quand j'ai lu que vous utilisiez IE, j'ai bondi ! Comment se fait-il que vous qui avez quand même un certain nombre de connaissances en informatiques, vous n'utilisiez pas Mozilla Firefox ? Il est très sécurisé.
Écrit par : Max | samedi, 16 décembre 2006
A max :
la dispute, c'est deux notes avant. mais c'est en allemand.
J'ai déjà pensé à utiliser Mozilla Firefox, mais j'ai tous mes favoris (au moins 300, tous classés dans des petites valises à subdivisions). Je pense que si je met Mozilla Firefox, je n'écrase pas IE, mais je n'en suis pas sûre. IE7 est de toute façon plus sécurisé qu'IE6 que j'avais avant.
Écrit par : dommminnnnnno | dimanche, 17 décembre 2006
Lors de l'installation de Mozilla Firefox on vous proposera d'importer les favoris Internet Explorer (avec conservation des "petites valises à subdivisions"). Et vous conserverez Internet Explorer.
Écrit par : Max | dimanche, 17 décembre 2006
Donc, j'aurai mes deux moteurs (trois avec celui de mon fournisseur d'accès) et mes deux listes de favoris identiques ?
Écrit par : dommminnnnnno | dimanche, 17 décembre 2006
Pardon, je voulais dire mes deux navigateurs (donc, trois puisque j'en ai déjà deux).
Écrit par : dommminnnnnno | dimanche, 17 décembre 2006
Voilà, c'est exact. La seule petite différence va résider dans l'appellation : chez Mozilla "marque-pages" et chez IE "favoris".
Écrit par : Max | dimanche, 17 décembre 2006
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