dimanche, 22 octobre 2006
De l'autorité...
Pourquoi se plaint-on d'une recrudescence de violence de la part des élèves ? On prétend que quoi que l'on fasse, les professeurs n'auraient plus d'autorité sur eux...
Et bien, voilà mon avis sur la question : si les professeurs n'ont plus d'autorité, c'est que , dans bien des endroits, l'on ne les investit plus d'autorité.
L'infantilisation des professeurs par leurs administrations et les inspecteurs en est la cause. Et les notes que l'on donne aux professeurs aussi.
On se demande d'ailleurs pourquoi on donne encore des notes et des avis à des professeurs qui, en ayant passé de durs concours, sont par essence courageux et travailleurs.
Dans les administrations, les notes administratives et autres ont été inventées pour disicipliner le fonctionnaire, faire en sorte qui'il ne passe pas trop de temps à boire son café et qu'assis à son bureau, il travaille vraiment...
Mais, le professeur lui, qui doit arriver devant les élèves avec un cours, a certainement travaillé et le juger, non sur sa displine à lui qui de toute façon ne peut qu'être bonne, mais sur la discipline de ses élèves est un leurre.
Les professeurs se rendent d'ailleurs compte entre eux qu'ils ont la plupart du temps les mêmes problèmes avec les mêmes élèves, Boulard ou Ducobu.
Entendre des élèves indisiplinés dire de façon érronée (parler régional) que le professeur n'a pas de discipline, quand c'est eux qui font du bruit, est une aberration !
Revenons-en à l'infantilistation.
Cela commence en début de carrière quand le chef d'établissement ou son adjoint plus vieux, demande sans cesse au jeune professeur qui aurait eu sinon de l'autorité "çà va avec vos élèves? Si vous voulez, on peut vous aider..." Jusqu'à l'infantilistion complète lors de l'entretien d'octroi de la note administrative (sil y en a un, dans les lycées aux nombreux effectifs, on vous envoie la note toute préparée d'avance). On vous convoque et on vous dit : Cette année (la plupart du temps ces 5 derniers mois), telle et telle chose n'ont pas marché et on vous en fait une énumération, ce qui vous traumatise. La plupart des chefs d'établissement ne soulignent jamais le positif.
J'ai entendu une fois quelqu'un raconter d'un collègue qui avait suivi un stage pour devenir personnel de direction, lui rapporter qu'on leur aurait dit au stage : "Vous ne serez un bon principal/proviseur que si cvous bouffez du prof".Et ensuite on reproche aux professeurs de mauvais rapports avec leur direction ! Il semblerait que ce serait alors plutôt le chef d'établissement qui aurait de mauvais rapports avec ses professeurs.
Revenons en à l'infantilistion :
Le professeur infantilisé, ne se base plus sur son autorité naturelle, mais sur ce que l'on attend de lui, en essayant de ressembler aux canons dictés par la hiérarchie, il perd de son naturel, devient guindé. Déstabilisé, il perd de son assurance vis à vis des élèves, assurance quil avait peut-être auparavant, mais qui maintenant lui fait défaut parce que l'autorité hierarchique lui fait croire d'emblée et dès ses premiers cours qu'il n'avait pas l'autorité nécessaire pour enseigner.
En réalité, il se sent en infériorité parce qu'il voit et sent que l'on ne lui fait pas confiance. Les élèves ressentent alors son manque d'assurance et abusent de sa gentillesse et n'écoutent pas parce qu'ils ont senti qu'il n'était pas sûr de lui, et pour cause, ses supérieurs l'ont désabilisé dès le départ.
Ce n'est jusqu'ici pas mon cas cette année.
Mais c'est le cas de beaucoup dans d'autres lycées et collèges où l'administration paternaliste infantilise les professeurs, même parfois plus âgés qu'eux.
Un professeur infantilisé est relégué par son administration au même rang qu'un élève, comment alors l'élève sachant que le professeur n'est non seulemnt pas soutenu, mais aussi relégué au même rang que lui, considéré le prof comme celui qui détient un savoir supérieur au sien qu dioit le lui communiquer ?
Voilà la question que je me pose depuis longtemps, pourquoi cette notation la plupart du temps infantilisante? Les professeurs ne devraient être sous les ordres de personne et être seuls maîtres à bord, car c'est eux qui détiennent à la fois le savoir et qui connaissent suffisamment leurs élèves et le niveau de ceux-ci pour les faire progresser. On dirait que l'on a touours besoin de les faire tomber à coup de massue lors des inspections ou des notations administratives. Or, le professeur qui a mis longtemps à devenir ce qu'il est, n'est pas quelqu'un qu'il faut contrôler et dire de quelqu'un qui a été si courageux qu'il en a réussi toutes ses études et des concours difficiles, qu'il est une personne dont il faut contrôler le travail est aberrant.
Suivre des programmes non adaptés au niveau de connaissances et de maturité des élèves est aussi aberrant. Le professeur qui a ce que j'appelerais un certain feeling pédagogique, sait mieux que quiquonque ce qu'il faut pour chaque élève. Ce qu'il faut pour chaque classe. Ce n'est pas l'inspecteur qui débarque une fois toutes les tant d'années dans la classe, qui peut savoir mieux que vous, ce que vous avez à faire... Vous connaissez vos élèves et savez de quelle pédagogie ils ont besoin.
Quant à la note administrative, elle ne peut, pour ceux qui ont toujours les mauvaises classes, ne faire que remuer le couteau dans la plaie et déstabiliser encore plus le professeur. Et c'est alors un circulus viciosus qui s'amorce.
Et s'est-t-on déjà demandé si rapports d'inspection et notation administrative existent dans les autres pays Ou seulement par l'esprit cartésien de mes compatriotes ?
domino
22:55 Publié dans Enseignement (1) - Vie et anecdotes | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Je ne peux pas donner mon idée, je ne suis pas dans la fonction publique. Bonne soirée.
Écrit par : elisabeth | mardi, 24 octobre 2006
Encore une belle démonstration ! Décidément, il faut que j'aille me coucher : je tombe d'accord avec tout ce qu'il y a sur ce blog et plus je vous lis, plus je me dis que vous êtes quelqu'un de très bien !
Mon père était inspecteur mais pas très respectueux des consignes (c'est d'ailleurs ce qui explique son "exclusion") et le week-end (à table), il nous racontait de ces choses... c'était aberrant.
Je retiens celle-ci :
On lui a demandé d'inspecter un enseignant d'anglais, une enseignante d'espagnole et une enseignante d'allemand alors qu'il était inspecteur spécialisé en histoire, géographie et éducation civique. Il faut ajouter à cela le fait que ces trois enseignants étaient hors de son académie.
A la question "pourquoi ?", on lui a répondu :
Ils doivent être notés mais il n'y a pas d'inspecteurs disponibles.
A la question "comment vais-je faire ?", on lui a répondu :
Prenez "la fiche d'exigences" sur le bureau et voyez s'ils y répondent.
Je ne sais pas ce que sont devenus ces enseignants... mais voyez un peu comment sont ils sont considérés.
J'ai trouvé cette histoire aberrante mais assez bien représentative du n'importe quoi de l'organisation de l'EN.
Écrit par : Max | jeudi, 28 décembre 2006
Erreurs :
(Ligne 11) "[...] une enseignante d'espagnol"
(Ligne 22) "[...] voyez un peu comment ils sont considérés"
(Ligne 24) "[...] assez bien représentative des dysfonctionnements de l'EN" (Education Nationale)
Précision :
(Ligne 14)"[...] hors de son académie" = hors de l'académie dans laquelle il travaillait.
Écrit par : Max | jeudi, 28 décembre 2006
Je suppose que ton père, qui n'était pas spécialiste de ces matières, ni de leur didactique et de leur pédagogie, n'a pu que très bien noter ces enseignants, en se disant que fianlement, ils en savaient plus sur leur matière et la façon dont elle s'enseigne que lui. Et qu'ils continuent une belle carrière....
Écrit par : dommminnnnnno | jeudi, 28 décembre 2006
Oui, bien entendu, ils ont eu une excellente note de la part de mon père mais les notes n'ont pas été directement rentrées dans le dossier de l'enseignant. Les documents sont passés entre les mains d'autres personnes qui ont certainement modifier ces notes...
Écrit par : Max | jeudi, 28 décembre 2006
A Max:
Tant mieux pour eux !
Écrit par : domino | vendredi, 29 décembre 2006
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