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vendredi, 16 janvier 2009

Ce n'est pas moi...

Non, ce n'est pas moi qui suis morte, pas domino, la journaliste alternative (avis pour mes détracteurs), mais ma mère.

Quand j'étais petite, une voyante était passée devant la maison, je devais avoir 7 ans, ma mère m'avait dit de rester dans le fond de la maison, toutes les femmes du quartier relativement populaire où j'habitais (on était dans les années 50) étaient sorties des maisons sur le pas de leur porte et se faisaient dire la bonne aventure par des bohémiennes qui passaient par là.

L'une d'entre elle avait prédit à ma mère qu'elle vivrait très vieille, qu'elle mourrait à 95 ans, et moi, j'ai toujours été persuadée qu'elle ne pourrait par mourir avant 95 ans. C'est pourquoi je ne m'attendais pas, même si sa santé déclinait ces derniers temps (elle n'articulait plus bien les mots, mais semblait encore tout comprendre quand je lui ai téléphoné récemment). J'étais persuadée qu'elle ne mourrait qu'à 95 ans.

La voyante avait dit aussi que ma mère aurait beaucoup de chagrin à cause d'un enfant blond (ma mère m'a dit que c'etait sa première petite fille  que ma belle-soeur ne voulait pas lui donner dans les bras).

La voyante avait dit que l'un de ses enfants deviendrait célèbre dans sa grande vieillesse. Dans le domaine artistique. Elle a dit au début que c'était mon frère parce que quand il était petit et adolescent, il dessinait bien, mais mon frère n'a plus dessiné ensuite. Elle n'a jamais rien sur de mes vidéos et de mes blogs, sauf un peu de mes blogs de photos, mais elle ne comprenait rien à Internet, et ne savait pas que comme la télé on le voyait dans le monde entier. Il lui a manqué ces 6 années et demi entre l'âge de 88 ans et demi et celui de 95 ans pour le vivre.

Alors, je regrette de ne lui avoir rien expliqué des vidéos qu'on voit dans le monde entier, et où on entend la belle voix de la fille qu'elle a faite, cette voix qui a été portée par son corps, qu'elle a jamais rien su ou rien réalisé de tout cela. De ne pas lui avoir dit qu'on me faisait des compliments sur cette voix, dont elle aurait été fière, tant sa voisine jalouse avait dit que sa fille chantait mieux que moi.

Je sais qu'on ne me demandera jamais de chanter à l'enterrement ou de jouer de la guitare, je suis le vilain petit canard de ma famille en somme relativement bourgeoise.

Ma mère m'a raconté beaucoup de choses sur sa jeunesse, je me souviens de beaucoup de choses, mais je ne peux pas doner de dates exactes, car ma mère ne donnait jamais de dates exactes quand elle racontait, et puis un jour, elle a commencé à raconter les histoires qu'elle avait déjà raconté 20 fois, différemment, et je ne sais plus où est la véritable histoire. Elle ne racontait jamais ces histoires à mes frère et soeur parce qu' il allaient plus souvent que moi, parce qu'ils habitaient plus prêts, mais ne restaient jamais longtemps. Alors que mon mari et moi nous dormions chez elle et restions plusieurs jours pendant lesquels elle nous racontait le passé et le présent, nous savions beaucoup de choses sur sa vie, que les autres ne savaient pas.

Puis, elle a été classée Alzheimer, et alors, on nous l'a enlevée pour la mettre dans une maison de retraite BCBG, où je ne m'y retrouvais pas, et où je ne retrouvais pllus ma mère telle qu'elle avait été.

Je me souviens des longs instants passés avec elle, à une période de Noël où elle était triste : dans son jardin, elle avait toujours donné à manger aux oiseaux. Elle gardait les croutons de pain du repas dans les poches de sa robe, pour les donner aux oiseaux du petit balcon qu'elle avait sur une rue passante, mais elle s'était fait 'attrapée"  parce que ça salissait le balcon. Elle m'a dit "Tu as déjà vu ça, toi, qu'on a pas le droit de donner à manger aux oiseaux."

J'avais l'impression que dans cette vaste maison qui ressemblait à un hôtel, elle n'avait pas d'amis. Alors ses anciennes voisines et ses soeurs venaient lui rendre visite (l'une de ses soeurs est décédée depuis, alors qu'elle avait poussé pour mettre ma mère en maison de retraite, elle est partie avant elle, chez elle, après avoir été malade durant un mois.

Puis, maman a ecore été malade plusieurs fois, malgré les sorties peu nombreuses, elle avait souvent des bronchites, alors qu'elle n'en avait pas eu beaucoup dans sa maison. J'avais prévenu que dans les endroits collectifs on a plus souvent des maladies microbiennes, mais on ne m'a pas écoutée.

Je savais qu'elle pouvait avoir des infirmières qui se seraient occupées d'elle à dominicle. Je savais qu'on pouvait monter des fauteuils ascenseurs sur ses deux escaliers (pusique mon frère avait peur qu'elle tombe, alors qu'elle marchait avant son départ à la maison de retraite encore mieux que moi, elle était toute minde et très souple et savait faire un tas de mouvements que 30 ans plus jeune, je ne sais plus faire, je savais même que cela reviendrait moins cher que la maison de retraite.

Mon frère disait qu'elle donnait de l'argent aux mendiantes, mais elle en dépensait trois fois moins que ce qu'a coûté la maison de retraite.

Et puis, si elle était restée chez elle, je serais venue la voir plus souvent... comme je le faisais avant.

Mais même quand je faisais plusieurs centaines de kilomètres par semaine, on m'a reproché ne ne pas y aller assez souvent alors que je n'avais même plus le temps de faire le ménage chez moi. Alors j'ai dit 'Ils verront ce que c'est ne pas venir souvent".

Et elle est partie avant que je n'ai eu le temps d'u retourner, alors que je disais plusieurs fois par semaine à mon mari "Il faudrait aller voir maman".

Elle ne m'a pas attendue.

Elle s'endormait souvent dans le fauteuil en regardant la télé. Elle est partie comme ça; elle s'est endormie dans le fauteuil, peut-être qu'elle  regardait la télé. Quand elle me parlait des gens qui mouraient dans son quartier, elle disait quelquefois, celui-là, celle-là, il /elle a eu une belle mort, il/elle est mort(e) en dormant. C'est comme cela qu'elle est partie aussi. Elle disait toujours que quand elle mourrait, elle voulait mourir en dormant.

Je n'ai jamais compris pourquoi mon frère, qui a délaissé ma mère pendant 25 ans de son veuvage, s'est intéressé à elle durant les trois dernières années. Il va être cité en exemple, moi pas (on a même pas voulu que j'aille la voir tout de suite, on m'a dit  : "tu viendras demain"). Il s'est intéressé à elle en faisant des fautes psychologiques énormes, comme l'arrachement brutal de sa maison. Sans qu'elle ait le temsp de préparer le départ de chez elle.

Je me souviens de la dernire fois que je l'ai vue, une nuit de janvier avant la nouvelle année, il faisait froid et noir dehoirs, il y avait un sapin,des éclairages de Noël. Elle m'a prise dans ses bras, m'a câlinée, m'a appelée son pettt bébé, et je pensais la revoir bientôt tout en pensant, c'est peut-être  la dernière fois, mais je pensais toujours cela en la quittant, même quand elle habitait encore chez elle, passé un certain âge, on peut mourir à tout moment.  Alors je me souviens de ses doux bisous, de ses quatre smacks sur mes joues accompagnée de 'mhh... mhh' et j'ai gardé ce souvenir de son affection pour toujours.

domino

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