Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 08 juin 2006

Les 35 heures pour les profs ?

Un moment, il était question de faire venir les profs 35 heures par semaine dans les lycées et collèges. A l’époque, je n’étais pas Titulaire en Zone de Remplacement, je travaillais en poste établissement depuis toujours .J’ai 55 ans et cela fait seulement 3 ans que je suis Titulaire Remplaçante (les dénominations antérieures étaient plus compréhensibles par le commun des vivants)...

J’ai répondu, soulevant un tollé de protestation, que avec du lycée, du BTS (et durant une année encore de l’apprentissage précoce des langues en primaire, en plus de mon horaire), je travaillais 70 à 105 heures par semaine. J’avais chronométré pendant 3 mois : Janvier, Février, Mars, les 105 heures, c’était en période de conseil.

Il faut dire que j'enregistrais toutes les semaines mes 2nde année de BTS hôtellerie restauration au laboratoire de langues : ils enregistraient des exercices de prononciation, des exercices structuraux que je leur fabriquais tout spécialement pour eux avec le vocabulaire de leur programme et surtout des comptes-rendus oraux et des commentaires sur les textes des annales d'examen enregistrés (ils devaient passer un examen consistant à écouter une cassette  en allemand, à en faire le compte-rendu et à dire leur avis sur le problème évoqué dans le dialogue. Quand ils avaient le temps à la fin de l’heure, il me faisaient le script écrit de ce qu’il avaient dit sur la cassette pour faciliter la correction. Quand ils n’avaient pas le temps, c’est moi qui transcrivais leur cassette avec les fautes, fautes de prononciation également transcrites, je leur mettais des codes de correction comme pour les devoirs écrits des autres classes et je leur faisais recorriger une deuxième fois.

Un jour, peut-être des anciens élèves et étudiants ont dit : « Avec Mme domino, c’était bien, elles nous donnait des corrections. Au moins avec elle, on travaillait ». Ceci dans leur langage au lieu de « Elle nous faisait faire les corrections de devoir ». Et encore des adultes de l'enseignement ont compris que je leur faisais corriger les devoirs en classe. Or, je corrigeais leur correction de devoirs chez moi ou dans une salle de travail au lycée.

Et comment  les adultes de l’éducation nationale ont-ils interprété cela ainsi ? Que je leur aurais soi-disant donné des baffes. Vous comprenez, des corrections = des baffes !

Ensuite j’ai appelé cela des « réparations de devoirs ». C’étaient d’ailleurs l’expression qu’utilisait les instits de ma soeur (Ils ont peut-être eu les mêmes ennuis que moi). A l’époque, c’était encore "les bons vrais instits". Ils n'avaient pas besoin de faire une licence pour savoir enseigner ! (les professeurs des écoles vont me huer, je vois cela d'ici. Mais je pense que les parents faisaient plus confiance aux instits, par tradition).

Quant aux 35 heures par semaine :

Voici ce que j’ai répondu et qui mal compris a déclenché un tollé de protestation :

« Pour, moi, il faudrait aussi ouvrir le lycée le soir , la nuit et le dimanche », car c’est vrai que je passais toutes mes nuits et tous mes dimanches à corriger les devoirs écrits, les cassettes et les correstions des deux. Souvent je terminais mon travail à 5 heures du matin, je me couchais une heure pour reposer mes jambes, sans m’endormir la plupart du temps, car j’avais peur de ne pas me réveiller à temps et je me préparais à 6heures du matin pour repartir à 7 heures vers le lycée (beaucoup plus tôt quand il y avait de la neige, car alors je prenais le train en allant à pied jusqu’à la gare qui est à 4 km.

A la fin de cette période faste de 13 ans durant laquelle j’étais fière, sans en tirer vanité, d’être jury de BTS dans 3 académies à la fois, membre des commissions de choix de sujets, des commissions d’harmonisation...Et si j’en parle encore maintenant c’est pour compenser le complexe d’infériorité que je fais d’ être TZR, mise la plupart du temps au rancart et sans considération aucune quand j’entame une suppléance : on me prend pour une auxiliaire, car les parents ont du mal à s’imaginer que le remplaçant peut avoir plus de diplômes, de concours réussis et d’ancienneté que le professeur qu’il remplace, et même les chefs d’établissement sont dans ce cas, je me suis déjà fait mal recevoir en remplaçant une contractuelle qui travaillait depuis seulement un ou deux ans et n’avait pour tout diplôme qu’une licence et aucun concours. Pour continuer à enseigner l’allemand, je me suis faite bénévolement prof d'allemand d'associations de jumelage,car j’aurais mauvaise grâce de demander quelque chose pour les cinq heures que je donne le samedi après-midi,  alors que j ‘ai maintenant moins de travail que mes collègues.

Après mes 13 années passées en lycée et avant de devenir bouche-trou, je fus convoquée à la médecine du rectorat où l’on m’a dit presque textuellement :

« Mais, ma bonne dame, 70 heures par semaine ! Si vous travaillez autant, c’est que vous ne travaillez pas assez vite, c’est une preuve d’inefficacité totale ! Dans les entreprises américaines, tout le monde finit à 15 heures, et on ne travaille pas le Vendredi. Celui qui travaille plus tard est considéré comme inefficace et est vite licencié par son patron !

 

Elle avait  même deux dossiers sur la table :

« Celui là, c’est le vôtre et celui-là c’est celui d’une personne qui a été victime de harcèlement moral » Qui ? Mystère ! Mon patron me faisait souvent des remarques désobligeantes pour des broutilles que mes collègues appelaient « patacaisses». Exemple :  me dire, alors que je faisais un entonnoir en papier pour la machine à polycopier : « vous n’étes pas douée de vos dix doigts »! et dire cela à une musicienne (seulement amateur)! Il se mettait en colère et devenait tout  rouge   lorsque pas de ma faute (j’avais organisé l’échange scolaire avec le collège voisin), je lui avais amené les papiers pour le voyage avant les vacances de Février parce que la date limite tombait au milieu de ces vacances. A vous dégoûter de faire des échanges scolaires. Et c’est lui qui s’est senti harcelé ! (De toute façon, il ne sera pas sanctionné parce qu’il est maintenant en retraite).

Concernant les jumelages :

Nous, on s’occupe encore d’échanges avec l’Allemagne, mais dans les comités des villes, on y jouit de plus de considération pour le travail fourni. Même si on n’est pas payé en plus. Dans l’enseignement, on n’était pas payé en plus non plus d’ailleurs et il fallait souvent recevoir les professeurs allemands chez nous (ce qui représente un travail monstre lorsqu’on organise en même temps un jumelage) et leur offrir des cadeaux quand on allait là-bas. Il fallait leur faire faire des excursions le week-end avec notre voiture, ce qui représente des dépenses supplémentaires, qui ne sont pas remboursées. Maintenant l’échange scolaire est ce qui représente pour les familles le moindre coût  pour envoyer leurs enfants à l’étranger, mais le système serait efficace si les élèves n’étaient pas en groupe avec ceux qui parlent la même langue qu’eux pendant le séjour.

 

Concernant le travail à terminer à 15 h. si on veut être considéré comme efficace :

 

Quittons tous les lycées et collèges à 15 heures et laissons les élèves sans surveillance jusqu’à 17h 30, 18h et on verra bien où cela mène...

 

 Je ne peux pas être inquiétée pour avoir écrit tout ceci, car les lecteurs de mon blog ne savent pas qui je suis et aucune indication ne peut leur permettre de m’identifier . A cette époque-là  les blogs n'existaient pas, s'ils avaient existé je serais peut-être toujours professeur de lycée et pas TZR.

 

domino

 

J’ai entendu dire quelque part que lorsqu’on est convoqué ainsi on peut être enregistré et ensuite on ferait des coupures dans ce que vous avez dit pour vous faire dire autre chose : alors attention à n’employer que des phrases affirmatives qui ne peuvent pas être utilisées en supprimant les négations. A chaque fois que j’ai été convoquée ainsi, il y avait un gros fil gris qui partait de la prise de courant et aboutissait sous la table, sans ordinateur ou téléphone sur la table.Et un bureau qui ne permettait pas de voir ce qu'il y avait sous le bureau.

 

Commentaires

C'est comme partout ailleurs. Le travail des autres n'est jamais considéré. En tant que secrétaire, on disait que je ne faisais rien. Alors j'ai fait une liste de toutes mes tâches. Et je la montais quand on me déconsidérait. Pour les femmes au foyer, c'est la même chose ... Elles ne font rien, il paraît. Mais, s'occuper des enfants, leur faire faire des activités, faire les courses, entretenir la maison, le jardin, s'occuper du linge, le repasser, prendre des décisions, répondre au courrier administratif, faire tourner la maison ... ce n'est pas du travail ???
Bon courage, domino et ne te laisse pas abattre....
Elisabeth

Écrit par : elisabethleroy | jeudi, 08 juin 2006

Oui, je le connais de collègues qui travaillent à temps complet et on 3 enfants ou plus, quand elles sont à la maison, elles ne savent plus où donner de la tête : entre les copies et le petit pot du petit dernier à vider... le biberon à donner, aider à faire les devoirs et quand tout le monde est couché, corriger les copies et préparer les cours....

Écrit par : domino | jeudi, 08 juin 2006

Pour Elisabeth :
C'est bien de ton patron précédent que tu parlais !

Écrit par : domino | vendredi, 09 juin 2006

C'est bien de mes patrons précédents dont je parlais dans ce commentaire.

Écrit par : elisabeth | vendredi, 09 juin 2006

Les commentaires sont fermés.