samedi, 26 avril 2008
Démocratie et/ou République ????
Ici je ne vais pas vous parler de politique nationale et internationale, mais de théorie politique en général, comme si on était à Sciences Po, na!
Saviez-vous que la République et la Démocratie sont incompatibles, non? Et bien voilà un petit cours :
La RDA était la République Démocratique Allemande, et pourtant tout un chacun se plaisait à dire, qu'elle n'avait rien de démocratique.
La France est fidèle aux idées républicaines.... Le plus flagrant exemple d'idée républicaine est l'école laïque de Jules Ferry, avec l'interdiction du port de signes religieux pour garder une neutralité religieuse. Pourtant il est évident que cette interdiction ne concerne qu'une seule religion avec l'interdiction de son signe le plus visible : le voile (et par conséquent l'interdiction à toute fille ou femme de porter un foulard qui la protège du vent, parfois plus pratique qu'une casquette ou un chapeau de soleil*..). Mais a-t-on déjà vu un proviseur ou un principal renvoyer chez lui un élève parce qu'il porte une petite croix chrétienne? La plupart n'osent plus en porter, mais ils manquent encore pour les communions, distribuent leurs images à leur meilleur ami... donc, signe d'intolérance, et donc pas de tolérance et de neutralité.
Les idées républicaines ne sont pas forcément des idées démocratiques, car la démocratie accepte le pluralisme.
Initialement et pour les Anciens, la démocratie était la forme idéale de gouvernement, la forme dans laquelle les citoyens discutaient des nouvelles lois par l'intermédiaure de leurs représentants dans une assemblée.
La République étant la forme de gouvernement dans laquelle le pays est dirigé par une seule personne, le président.
Selon les anciens, la République est une Dictature, et on ne doit utiliser ce type de gouvernement qu'en cas de crise extrême, lorsqu'il faut prendre des décisions immédiates, comme une guerre (ce qu'on appelle guerre ici, c'est une vraie guerre, où les ennemis s'affrontent réellement en rangées et en bataillons, et pas un Vigipirate contre d'improbables attentats).
Cependant le recours à la République, doit être très rare, et il faut toujours privilégier la démocratie. Les romantiques allemands, comme Schlegel, jugent possible que dans les temps nouveaux et à venir, on fasse de temps en temps appel à la République, pour régler une crise, mais on dit aussi que le Romantisme Allemand a été à la source des idées nationales et du nationalisme qui ont pourri l'Europe de la fin du XIXème siècle et du XXème siècle provoquant les grandes guerres que l'on sait.
Cependant pour les romantiques allemands la République ne devait être que momentanée et on devait toujours revenir ensuite à la Démocratie.
En Allemagne les Républicains (Republikaner) sont très mal vus, même de la Droite... les Républicains sont en Allemagne, l'extrême droite.
Aux États-Unis d'Amérique on doit être plus au fait qu'en Europe de la différence entre la République et la Démocratie, car les idées des théoriciens politiques anglais de l'époque des Lumières tels que Hume y sont plus connues et on y a gardé le sens de la différence entre République et Démocratie, puisqu'aux élections présidentielles Démocrates et Républicains s'affrontent. Les États-Unis ne sont pas une République, mais une Fédération, tout comme l'Allemagne qui porte pourtant le nom de République, mais le président y joue un rôle très, très discret, uniquement représentatif. Et par conséquent on ne peut pas dire que l'Allemagne soit une République puisqu'elle est dirigée par l'assemblée du Bundestag, dont la chancelière ratifie les décisions, ce sont les États-Unis d'Amérique qui ont prôné cette constitution pour l'Allemagne, au modèle de la leur, pour éviter qu'elle redevienne une dictature.
En principe, dans un pays qui est dirigé démocratiquement par une assemblée, le président, s'il y en a un, a un rôle représentatif uniquement à l'étranger et on ne fait sinon appel à lui qu'en cas de crise grave.
En France, le chef du gouvernement est le Premier Ministre, qui est l'homologue de la Chancelière Allemande, et pas le Président de la République.
Or, on parle toujours de façon erronée du gouvernement du Président, les journaux titrent : "Le Bilan de la première année du gouvernement du Président..." et c'est symptomatique, si c'est le président qui gouverne, nous sommes en République et pas en Démocratie (car alors ce serait même pas le premier ministre, mais le président de l'assemblée qui gouvernerait). Selon les théories de philosophie politique que l'on connaissait encore à l'époque des Lumières et à l'époque du Romantisme allemand, nous sommes en République et pas en Démocratie, à partir du moment où l'on parle de façon erronée du Gouvernement du Président de la République.
Mais après tout qui a rendu le Président de la République, chef de gouvernement? Peut-être pas lui-même, mais les Français et leurs médias, les journalistes. Ce sont les journalistes qui parlent de gouvernement présidentiel. Sont-ils tout à fait au fait des institutions et de la constitution française ou ont-ils simplement transcrit dans leurs écrits un fait réel?
Dans la Constitution, ce n'est pas le Président de la République le chef du gouvernement.
Un Président de la République qui s'érige en chef de gouvernement émet des décrets-lois qui n'émanent plus de la démocratie, mais du gouvernement d'une seule personne.
Pour résumer, vous avez compris ce que je veux dire : Les français confondent démocratie avec république alors que ces deux mots n'ont jamais rimé ensemble.
D'ailleurs quand j'étais petite, élève de l'anciennement privé, j'éprouvais tout ce qui était public et république comme quelque chose d'extrêmement impressionnant, un autre monde dans lequel je ne vivais pas, et qui me semblait là comme quelque chose de menaçant : le dispensaire où on allait faire ses vaccins derrière la mairie (les mêmes qui ont fait mettre ma mère en maison de retraite, alors qu'elle voulait rester chez elle, elle le prouvait, car elle était propriétaire), l'école publique, les lycées publics, le collège public en préfabriqué qui était juste à coté de la maison, tout cela me semblait inaccessible, jusqu'au jour où je me suis retrouvée dans la fac publique (on ne faisait pas allemand dans la fac privée), où c'était après 68 le foutoir complet, avec une journée de cours par semaine, et des bancs d'amphi qui se vidaient tout au long de l'année, des étudiants qui faisaient n'importe quoi, alors que dans l'école privée, je n'avais même pas fait Mai 68, on allait en classe en Mai 68 avec nos cartables cachés dans des sacs à provisions, pour ne pas nous faire huer de ceux du public et houspiller par les ouvriers des usines en grève. Nous n'avons pas eu d'allègements de programme.
J'ai commencé ma carrière de prof par trois ans dans le privé avant d'avoir mon CAPES du public, et j'ai opté pour le public parce que je voulais venir en aide aux enfants des classes sociales moins favorisées.
domino
* Bien que non-musulmane, je portais des foulards pour me protéger du vent jusque dans le milieu des années 80. Quand j'étais petite toutes les femmes portaient des foulards sur la tête, mais dès que l'on a décrété que c'était un signe religieux, alors que pour nous, cela n'avait rien de religieux, les femmes françaises ont abandonné le port du foulard et celui-ci est passé de mode. Ma mère qui ignorait totalement que le foulard était un signe religieux a porté ses "fichus" jusqu'au milieu des années 90, jusqu'à ce que je lui explique que maintenant c'était mal vu de porter un foulard ou un "fichu". Qu'on l'a prenait pour une maghrébine; Elle ne savait même pas ce que voulait dire maghrébin, elle disait toujours algérien ou nord-africain comme dans les années 50-60.
08:29 Publié dans la politique de mon i-grimoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : démocratie, république, dictature, politique, 1968, 68