samedi, 30 août 2008
Pédanterie ou préciosité... (1)
Je viens d'une grande métropole régionale, voire une mégalopole, et j'habitais dans une ville satellite de cette grande métropole.
Quand on parlait de pédanterie ou de préciosité, on parlait d'une part de la ville voisine et jumelle par le même nombre d'habitants, située à un bout de la mégalopole, et de la capitale de la mégalopole située à l'autre bout.
En 1968, cela faisait belle lurette que les jeunes filles de ma ville industrieuse étaient en pantalon, voire même en jeans, pendant leurs loisirs, bien que la jupe restait obligatoire dans les écoles, et que les dames commençaient aussi à porter le pantalon quand elles allaient faire leurs courses.
C'est alors que je mis mon nez pour la première fois dans la capitale de la mégalopole régionale dont la largeur n'égale que la hauteur de la ville de Mexico (hauteur sur la carte, pas l'altitude).
La première fois pour acheter ma première guitare, la deuxième fois pour passer mon bac.
Quand je suis allée passer mon bac, pas de problème, j'étais habillée (jétais très mince à l'époque) dans un petit tailleur gris, que l'on m'avait acheté trois mois plus tôt pour mon séjour de Pâques en Allemagne.
Par contre, lorsque j'étais allée acheter ma guitare avec ma mère, j'avais un pantalon de velours cotelé de couleur jean, avec la veste assortie, un costume que m'avait taillé la mère de ma meilleure amie (aujourd'hui décédée), parce que nous voulions être habillées pareillement, et le pull de laine mélangée jaune peut-être, à moins que nous ne l'ayons tricoté que l'année suivante quand j'étais en fac à Capitale de Grrande Métropole Régiionale, et elle à l'école d'infirmières, en tout cas, comme nous avions toutes les deux des soeurs qui étaient encore des marmots (des marmottes, ça ne se dit pas!), on voulait être soeurs, et on avait trouvé la soeur de notre âge ou presque, elle était onze mois plus jeune que moi. Les pulls identiques, on se les tricotait nous-mêmes. Pendant le mois où on avait le même âge, on disait à tout le monde qu'on était jumelles.
Bon, à cette époque là, je ne vivais plus dans la grande villes industrieuses dont les clochers chantaient avec les cloches de Rhymney* :
"Is there hope for the future?"
Mais dans Ville Moyenne, qui ne faisait qu'un avec elle, car elles étaient réunies par leur Beau Jardin.
Bref, tout ça pour vous dire, que quand je suis arrivée à Capitale de la Métropole Régionale, toutes les dames et jeunes filles étaient en jupe, et j'étais la seule à des kilomètres à la ronde à être en pantalon, je me sentais honteuse, mais honteuse, mais petite, mais petite.... vraiment une campagnarde d'une grande ville, arrivée dans une grande ville.... snob.
Bon, l'achat de la guitare, ce sera pour une autre fois, j'y ai laissé toutes mes économies, tous mes "dimanches" accumulés pendant deux ans... mais ça m'a rendu heureuse.
Tout ça pour vous dire que même dans les villes, il y avait des différences, même entre la classe moyenne d'une ville et celle d'une autre ville, il y avait des différences, des villes travailleuses et des villes snobs, dont les clochers chantaient avec ceux de Wye de leurs cloches d'argent:
"Why so weary, sisters, why?"
Là-bas tout était différent.
Durant mon adolescence, je suis allée très rarement à Capitale de Grande Métropole Régionale... Parfois on passait en revenant de la mer, le jour de ¨Noël, car le jour de Noël mon père voulaitt toujours aller manger des moules au bord de la mer, c'était devenu une tradition familiale, on mangeait des moules et pas des huîtres, réservées au Nouvel An. Et on revenait en passant en voiture par la Grand'Pkace de la Capitale Régionale pour se mettre plein de lumières féériques de Noël dans les yeux.
Dans mon adolescence on a rendu quelques visites familiales à une lointaine cousine de mon père. Ce furent mes seules incursions dans Capitale Régionale avant que je devienne étudiante.
Ma grand-mère maternelle avait des cousins qui habitaient dans la Wye régionale... : ils étaient d'une autre société que nous, je crois même que c'était des cousins de son premier mari, celui qui avait été tué en 1916 et était le père de mon père :
On disait que ce grand-père que nous n'avions pas connu était d'un milieu plus aisé que ma grand-mère, qui était, à l'époque de ma naissance, ouvrière du textile.
On allait chez ces cousins quand j'étais adolescente parfois, trop rarement, dans les visites d'étrennes du dimanche après-midi, souvent en janvier.
Ils habitaient dans une longue rue rectiligne au bout de notre Wye, une rue avec de hautes maisons altières, toutes différentes les unes des autres, avec des pignons sculptés, et des mosaïques entre les étages. Ce qu'on appelait une maiosn de maîtres. J'étais en admiration devant les deux cousins un peu plus agés que nous, leur langage, leur classe, j'étais secrètement amoureuse de ce cousin éloigné qui avait des sourcis en accent circonflexe comme les miens, et quand la cousine est partie en Allemagne, se marier avec un bavarois, j'étais toute en admiration pour cette cousine qui habitait en Allemagne, et dont on parlait si élogieusement.
Quant à la cousine qui était entre l'âge de mes parents et celui de mes grands-parents , elle était veuve, son mari avait apparemment fait partie d'une armée coloniale, parce que sa maison était emplie de trophées exotiques, amenés de continents lointains, tels l'Afrique ou l'Asie. Elle parlait plus de ses enfants que de son passé, ses enfants qui venaient faire une apparition dans le salon, pendant qu'on écoutait sagement.
De cette grande maison, on ne connaissait que le couloir et le salon, car on y entrait tout de suite par une porte sur le coté du couloir, dans ce salon aux placards de bois sculpté, où trônaient quelques objets exotiques enfermés dans des vitrines qui ressemblaient à celles des musées.
On y parlait avec un accent épuré des consonances régionales que le français avait dans grande ville industrieuse où je suis née.
C'est cela que j'appelle la préciosité que j'ai retrouvée en milieu semi-rural et qui n'a rien à voir avec de la pédanterie. Car ces chez gens-là, la préciosité n'est jamais affectée.
Mon père quand on allait là-bas , lorsqu'il parlait, ouvrait bien ses "a" prenant l'intonation précieuce des gens de Ville Industrieuse, une intonation qu'il n'avait pas lorsqu'il discutait avec le reste de la famille, ou quand nous étions seuls à la maison, mais le même accent qu'il avait quand j'étais petite, et que des collègues venaient dans le petit salon de notre maison ouvrière, toute pareille aux autres, collée à la voie ferrée dans ville industrieuse, pour parler travail.
On sentait, que soudain, il manquait de naturel, quant à ma mère qui bien que d'un père local de ville industrieuse avait vécu jusqu'à l'âge de 13 ans à Paris et dans la région parisienne, elle n'avait aucun mal à adapter son accent, juste qu'elle ne parlait pas beaucoup et se sentait aussi mal à l'aise que nous qui écoutions bouche bée, dans ce salon de musée, les hisoires de la cousine qui pleurait la mort de son défunt mari et racontait ses aventures, dont je ne me souviens pas plus que d'un roman lu trop rapidement...
(pour collecter mes mémoires, il va falloir piocher dans plusieurs blogs)
Voir le 2 pour la préciosité rurale....
domino
* Bells of Rhymney : chansons sur les cités minnières du pays de Galles, dont les cloches des villes d'industrie reçoivent les moqueries des cloches de Wye, la ville riche.
20:15 Publié dans psychologie i-grimoirienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : psychologie, préciosité, pédanterie, milieux sociaux, ruralité