vendredi, 21 août 2009
Il y a bleu et bleu....
Il y a des expressions que l'on peut employer dans différents sens créant ainsi une ambiguité. Certaines personnes mal intentionnées se font un plaisir d'utiliser ces expressions dont un sens est négatif, pour salir quelqu'un, et emploient parfois de régionalismes au lieu de la "bonne forme" de langage pour créer une ambiguité. Même des collègues enseignants utilisent des façons erronées de s'exprimer à propos de leur collègues et on se demande parfois s'ils le font exprès ou pas.
1) Il donne des corrections aux élèves
Un collègue fait systématiquement faire des corrections de devoirs à ses élèves. Les élèves font les devoirs sur un cahier en n'utilisant que les pages de droite, puis après la correction du professeur, corrigent leurs fautes en face sur la page de gauche. A un stage d'allemand on nous a donné des codes chiffrés pour corriger les copies, Le professeur relevait toutes les copies deux fois, ce qui doublait son travail de correction. La première fois, il met un code correspondant à la faute, entre temps l'élève recherche la bonne solution, la met sur la ligne du dessous (les devoirs sont rédigés en passant des lignes), puis la professeur relève de nouveau la copie et écrit la bonne solution si elle n'a pas été trouvée, et augmente la note en fonction du sérieux et des solutions trouvés lors de la correction, ce qui incite les élèves à faire sérieusement cette correction. Peu à peu j'ai adopté le système avec des codes en lettres, plus facile à retenir pour professeurs et élèves. Les élèves s'améliorent et ceci beaucoup plus vite qu'avec le système habituel, mais le professeur passe un temps énorme à corriger : j'ai employé ce système pendant un certain temps de ma carrière! Environ le 8 dernières années avant mon inspection de 2002. Mes collègues qui refusaient d'employer ce système qui prenait trop de temps au professeur ont eu de bien meilleures inspections que moi et peu de temps après j'ai pu lire ces deux choses sur des règlements de lycée. Dans le règlement paru en septembre 2002 dans le lycée où j'ai été inspectée ill était écrit "Il est interdit de donner des tapes aux élèves." Je me suis donc doutée qu'un collègue avait fait des récriminations aurpès de l'inspecteur concernant le fait que je faisais faire des corrections de devoir aux élèves, en disant "Elle donne des corrections aux élèves!". Ou bien que des élèves se sont plaint : "Oui, elle est bien, mais elle donne beaucoup de corrections" (de devoirs à faire, mais ce n'était pas dit dans la façon élève de parler.
Sur le réglement de mon premier lycée de rattachement comme TZR en 2003, il était écrit :
"Il est interdit de faire faire des corrections de devoirs aux élèves." (sic!) Je me suis demandée si on avait distribué le même réglement aux autres professeurs et à moi, dans la mesure où ce règlement était fait pour professeurs et élèves, je me suis demandée si les professeurs n'auraient pas la révolution s'ils proposaient aux élèves de faire des corrections de devoir!
En effet "donner des corrections" peut avoir le sens de "donner une correction", c'est à dire "donner une râclée" ou quelque chose de ce genre! Et aussi "donner des corrections de devoirs (à faire)". Mais dans ce cas, il faudrait préciser pour lever d'ambiguité.
Il y a déjà des professers qui ont été mis en examen et certains qui sont morts pour avoir donné des corrections de devoirs à faire, à cause de la mauvaise façon des élèves de s'exprimer face à leurs parents.
2) Être en arrêt, être arrêté :
Certains collègues soit par leur mauvaise façon de s'exprimer, et leur négligence verbale, soit parce qu'ils sont mal intentionnés ou ont envie de s'amuser pour voir la réaction des autres collègues emploient cette expression pour des collègues qui sont malades.
Par exemple un collègue est absent depuis deux jours, on demande au collègue qui sait toujours tout: "Tu ne sais pas si M. Chose va être absent longtemps."
"Il est en arrêt" répond le collègue. Cette expression, très proche de l'expression être aux arrêts, ou de l'expression plus moderne être arrêté, que certains collègue emploient aussi pour un collègue en arrêt-maladie, est non seulement ambigue, mais aussi incorrecte sur le plan de la langue.
On doit dire : "Il est en arrêt-maladie" ou "Il a un congé maladie" ou "Il a un arrêt maladie de 8 jours", etc... Il faut préciser à chaque fois "maladie", sinon, à son retour, le collègue risque d'être regardé de travers, parce qu'on va croire qu'il a été quelques jours en prison...
Le collègue que je connais, emploie aussi cette expression au passé. Qu'est-il arrvié en 2002? "Elle a été arrêtée...", dira-t-il, au lieu de "Elle a été en congé maladie".
Les collègues répondront alors : "Mais, elle a été coupable de quoi?"
3) Etre en examens, être en examen.
L'expression, être en examen est juridique ou à la rigueur dans un français assez limite, scolaire. L'expression Etre en examens au pluriel est souvent employée par analogie avec 'être en cours". Au moment du brevet ou du bac, on dira "Le collège, le lycée est en examens", pour dire "Il est fermé pour cause d'examens". L'inspecteur téléphonant pour inspecter Madame Machin Chose en juin, le proviseur répond, pardonnez moi, mais ce jour-là, nous avons besoin de toutes nos salles, le lycée étant en examens. Ah bon? répondra l'inspecteur pince-sans-rire, quel incident s'y est-il passé?
Bon, un collègue a appris que vous passez des examens à l'université, par exemple un Master (ancien DEA). Vous êtes absente trois jours (il y a deux journées de révision, plus une journée pour la présentation du mémoire). Où est la collègue, demande un collègue, elle est malade. Un autre collègue, le seul au courant du fait que vous passez un Master, dit : "Ah non, elle est en examen" "En examen? Ah bon!" dit le collègue en quittant la salle des profs d'un air outré, sans demander plus d'explications. Puis il dit à un collègue qu'il rencontre dans le couloir : "Tu sais que Madame Machin-Chose est en examen?"
Ah oui, pourquoi? Je n'ai pas osé demander, mais le collègue JeSaisTout semble au courant.
Entrant dans la salle des profs au collègue JeSaisTout callé dans son fauteuil et mettant au point son devoir pour demain matin 8 heures.
Ah oui, j'avais complètement oublié que je devais donner un DS pour demain aux TL. Il faut vite que je le copie. Mme la CPE est passé tout à l'heure et vient de me le rappeler.
C'est vrai que Mme MAchinChose est en examen!
Oui, mais elle ne veut pas qu'on l'ébruite (sous-entendu, au cas où elle échouerait à son examen). Elle ne tient pas trop à ce que ça se sache!
Ah bon, et de quoi retourne-t-il exactement.
Ben, tu comprends, comme elle ne veut pas qu'on le sache au cas où...
Ah bon, fait le collègue intrigué, ressortant par la porte de la cour.
Il s'est passé quelque chose de grave, dit-il à la collègue TrucBidule, notre collègue MachinChose a été mise en examen, il faudra prévenir les syndicats pour qu'ils fassent quelque chose!
Le lendemain : Grand conciliabule, AG des syndicats, la collègue Machin-Chose a été mise en examen, mais nous ne savons pas de quoi il retourne. Demandons des explications au proviseur.
Le proviseur arrive : je ne sais pas de quoi il s'agit, je ne suis pas au courant, (c'est la secrétaire qui gère les congés pour examens et concours...), je vais prévenir le rectorat et essayer de me renseigner.
Le lendemain une affiche thrône dans la salle des profs : Madame MachinChose n'a pas été mise en examen, elle passe des examens universitaires.
4) Excitation :
En passant devant la classe de Me TrucBidule, j'ai ressenti une certaine excitation, dit ce principal à l'inspecteur.
Elle avait la porte ouverte, demande l'inspecteur, c'est vrai qu'elle est mignonne, Me TrucBidule.
5) "Sa classe, c'est un vrai bordel".
Ah bon, dit le proviseur, il va falloir songer à contacter le tribunal. Est-ce que les faits sont graves. Y-a-t-il eu des délits d'ordre disons, euh... dit-il d'un air embarassé...
Bon, soit dit en passant, la dernière expression étant très employée, il semblerait que dans l'enseignement, on comprenne le mot "bordel" sous la signification de "chahut". Mais avouez que pour les trois premières expressions, contenant les mots "arrêt" ou "arrêté", "correction" ou "être en examen", certains collègues font planer volontairement l'ambiguité, et lorsqu'il s'agit de collègues de droite qui déclarent en salle des profs voter pour De Villiers, et qu'ils font planer cette ambiguité à propos de collègues de gauche, il est certain que la mauvaise intention est manifeste! Dans la mesure où les propos racistes sont interdits dans l'enseignement, les collègues d'extrême droite ne doivent pas déclarer leurs opinions politiques dans l'enceinte d'un établissement scolaire.
Ce qu'il faut faire quand collègues, parents, ou élèves emploient des propos ambigus :
Elle est en examen!
Demander tout de suite : Pour quel délit? Dans quel tribunal?
Le collègue qui fait planer l'ambiguité devra alors répondre, il ne s'agit pas de cela, mais la collègue passe des examens universitaires.
Il est en arrêt! Il est arrêté!
Réponse à donner : Ah oui, dans quelle prison?
Réponse : Ce n'est pas cela que je veux dire, il est en maladie.
Elle a donné des corrections.
Ah oui? Et elle leur a fait mal?
Et bien, non, cela ne peut pas leur faire de mal.
Tu trouves? Mais c'est interdit!
Interdit? Non, c'est surtout long à corriger.
Ah! Oui, c'est de corrections de devoirs que tu voulais parler?
Etc...
Mais essayer toujours, que le collègue tenant des propos ambigüs, le fasse exprès ou non, de lever l'ambiguité.
Autre chose : Beaucoup d'enseignants sont musiciens.
Certains, au lieu de dire, elle prend des cours de violon, de chant, etc... disent "Elle a des cours de violon, de chant, etc..." et alors on peut comprendre : "Elle donne des cours de violon, de chant, etc..." Le proviseur ou l'inspecteur : "Ah bon, elle porte deux casquettes, pas étonnant qu'elle corrige lentement ses copies" En fait, on laisse croire ainsi que le professeur a deux activités professionnelles...
domino
23:18 Publié dans La linguistique, science i-grimoirienne, | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langage, double-sens, ambiguités