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mercredi, 07 février 2007

Plusieurs notes

J'avais envie d'écrire plusieurs notes ce soir, comme des notes de musique qui s'égrènent. Je suis fatiguée, j'ai failli m'endormir sur l'ordinateur. Comme c'est un portable, c'est dangereux si je pique une tête dedans. Cela a déjà failli m'arriver plusieurs fois ce soir... C'est vrai que dans 30 mn, il sera minuit.

Après des péripéties ferroviaires, je suis arrivée au cours qui était en l'absence de professeurs remplacé par un film sur le colonialisme néerlandais. Dur ! Je n'ai vu que les derniers 3/4 d'heures du film qui dure 4 heures. Les autochtones pro-colonialistes qui étripaient les autochtones restés dans la forêt tropicale, voilà ce que ça donnait. Et un homme, alors que tout son village a été assassiné, va au devant de ses tueurs, plutôt que de sauver le seul survivant du massacre, un bébé qui pleurait en se serrant contre sa maman morte, et d'aller se cacher avec lui, ou de s'enfuir avec lui, déchirant ! Parce que sa femme a lui est morte, il se fait tuer plutôt que de sauver le bébé.

Et le bébé blanc qui se met à pleurer parce que son papa se met en colère. Comme on dirait maintenant Max Havelaar le papa du bébé, pique une crise. - D'ailleurs ce sera la journée des Max, n'en déplaise à Max, après on va rencontrer Max Liebermann dans une version. - Mais le bébé blanc, il réagit comme moi quand j'étais petite. Avant l'âge de dix ans j'étais comme le bébé blanc, quand mon père criait sur mon frère, parce qu'il ramenait toujours des mauvaises notes en histoire, je pleurais, et j'allais au coin, parce que mon papa, il aimait pas qu'on pleure. Mais moi, j'aimais pas qu'on crie. A quoi on pense quand les profs nous passent des films !

Le film est sous-titré, mais d'où je suis, je ne vois pas bien les sous-titres, heureusement que je saisis un peu le néerlandais, j'en ai fait deux ans. En sortant, je dis au professeur de néerlandais qui nous a offert cette solution de remplacement à nos professeurs absents, "Dank u wel". Et il me répond quelque chose que j'ai compris mais oublié. Et je lui dis avec un excellent accent en roulant les rrrrr, comme il faut : "Ik spreek een beetje nederlands !" Aaaah! ça à l'air de lui plaire. Si j'ai pas mon agrégation d'allemand, je pourrais passer celle de nederlands, mais il n'y a que une ou deux places pour la France, trustées par des néerlandophones. D'ailleurs, il n'y a que des néerlandophones qui se présentent. Quoiqu'avec mon nom de jeune fille, je pourrais tromper l'ennemi et me faire passer pour une néerlandophone. Ces brutaux colonialistes qu'on a vu dans le film sont mes ancêtres ????? Cela s'est passé au 19ème siècle et finalement en Europe, on a beaucoup évolué en 150 ans quand même.

 On a moins de cours parce que le 1er semestre universitaire est passé et maintenant on prépare plutôt les oraux. Les autres de l'agrèg interne ne viennent plus. Il se pointeront Vendredi tous à la didactique. Obligatoire si on veut que la formation tienne.

J'ai passé une colle de version avec Papageno l'Enchanteur, il m'a dit qu'il ne comprend pas qu'avec mon niveau  je n'ai jamais été admissible à l'externe (mais seulement deux fois à l'interne). J'ai dit que c'est surtout en dissert que ça pêche : des dissertations trop longues avec des phrases alambiquées, cependant la technique est bonne, transitions entre les parties, et tout, et tout... J'essaie d'améliorer mon style. D'ailleurs ici, sur la journaliste, je ne fais pas de phrases alambiquées, oder ? On m'a déjà dit que j'ai une pensée très riche, mais qu'il faut en suivre les méandres dans mes phrases à la Thomas Mann. Il faut penser aux correcteurs. Alors l'année dernière, j'ai fait plus court et j'ai eu de moins bonnes notes que d'habitude. Alors, que faire ???

Je marche sur le quai... J'ai composté mon billet à l'entrée de la gare. A l'entrée du quai le controleur me regarde. Il est sûr que j'oublie de compioster, mais moi, je sais que j'ai composté. Il ne va pas manquer de passer. Il sussure, non, il lit comme un acteur, mais vraiment un acteur, je n'ai jamais entendu un contrôleur qui parle dans son micro d'une façon aussi théâtrale, mais il est plus âgé que les autres, alors, c'est normal... "Les passagers qui n'ont pas... doivent..." Il passe. Je lui donne 4 billets d'un coup. "Je ne sais pas où est le bon". "Pas besoin de chercher, Madame, il est au-dessus!" Ah, mince, me dis-je, il a pas du chercher, je croyais qu'il était en dessous. En dessous, ce sont ceux de ce-matin ! Celui de ce soir, il était au dessus. Il a pas du chercher ! Et il me le poinçonne. Il doit être déçu que mon billet est composté, comme toujours, comme d'habitude, mais je ne le composte jamais au quai d'où part le train, mais presque toujours à un autre. Alors, ils pensent toujours que je n'ai pas composté, mais en réalité j''ai toujours composté. Il ne fera pas d'affaires avec moi. Je voyage toujours à plein tarif. Si je prends une carte, je risque de l'égarer au fond de mon sac, et alors, c'est la panique. Alors je voyage toujours à plein tarif. Obstinément. Tant pis pour mes finances.

Bon, je suis bientôt toute seule dans le wagon, avec un jeune homme bien, plus jeune que moi, un peu barbu, c'est peut-être Dylan en 1976. Je fredonne, et je fredonne seulement (je ne chante pas, si je chantais, on m'entendrait dans tout le train), Railroad Boy. Railroad Boy, ça va bien avec le train. J'aurais pu aussi chanter Freight Trein.

Je feuillette la revue Guitare Classique. Page 77, il est là, c'est lui, pas Dylan, non, un autre barbu... Il joue de la guitare debout. Lui, le virtuose, je le connais, c'est lui que de 94 à 2000 j'allais voir tous les ans dans les forêts de sapins jurassiens et alsaciens. C'est lui le compositeur au 400 morceaux. C'est lui qui à la fin du premier stage m'a fait la bise comme à tous les autres stagiaires, puis me félicitant pour ma composition que je venais de jouer au concert des stagiaires m'a fait la bise une deuxième fois. Et ils ont tous crié "Ouh! Ouh!", en rigolant, parce que j'avais eu plus de bises qu'eux. C'était en 1994. Il y a plus de dix ans déjà et c'est comme si c'était hier. C'est grâce à lui que j'ai construit les nina (avec un tilde sur le n qui n'est pas sur mon clavier) romantica et barrocca, qui tiennent compagnie à la manuela clasica. Mes filles de bois. Et on repartait des stages avec une accolade qui vous donnait l'envie de jouer pendant presque un an, jusqu'au stage suivant. On repartait avec plein de musique dans la tête, de cette douce nostalgie des sonorités ineffables des instruments les plus merveilleux. Et des airs qu'on avait entendu sous des doigts la plupart du temps très jeunes, qui nous trottaient dans la tête à longueur d'année. Je ne peux pas décrire ces sonorités. Celles du plus bel instrument de musique.

C'est là que la nina romantica est le jour de sa naissance et jusqu'à environ 24 heures après passée de main de maîtres en main de maîtres, sans que l'on sacjhe exactement pourquoi, son son magique tenait le musicien qui en jouait sous son charme pendant des demi-heures entières. J'ai pensé au violon magique...

Et il est là à la page 77, il joue de la guitare debout. Comme il nous l'a dit, c'est la meilleure position pour jouer de la guitare. Ancien médecin, il sait de quoi il parle. Et il est toujours là. Il joue de la guitare debout.

Et je ne joue presque plus : On m'a dit que la musique et l'agrégation d'allemand, cela ne fait pas bon ménage.

Il était pas tout seul, ils étaient trois, quatre, cinq amis.

Et à la page 78, encore quelqu'un que je connais. Je l'ai rencontré cet été. Il faisait la basse continue dans deux groupes à St Michel-en-Thiérache. Je ne me souviens plus des noms des groupes. Il m'a dit d'aller voir le site de la Société Française de Luth ou le site belge, ce que j'ai fait depuis;

mais dans ces mêmes semaines de Juillet 2006, j'ai rencontré aussi Arnaud pour la troisième fois, et le grand Hopkinson qui lorsque je lui ai fait dédicacé ses disques, et que je lui ai dit que je jouais de la guitare baroque, s'est levé de sa chaise, très gentleman, en me serrant la main. Serrer la main au grand Hopkinson, au gentleman du luth, à l'un des plus grands musiciens de ce monde, imaginez-vous, j'aurais voulu ne plus jamais me laver la main et garder les cellules de sa main merveilleuse qui se sont collées aux miennes toute ma vie. Pour jouer aussi bien que lui.

Moi, toute petite, j'ai joué dans la cour des grands.

Bon, "demain sera un autre jour", je vais me lever tôt, j'aurai un cours sur la Renaissance et Faust, et d'autres cours, je ne sais pas lesquels, on ne sait plus trop quel prof vient, quel prof ne vient pas. L'horaire s'allège, mais moins pour moi que pour ceux qui n' ont fait que l'interne.

domino