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dimanche, 07 janvier 2018

Où sont les médecins français?

Du journal de Dummie

Dummie a une amie qui a été récemment hospitalisée (dont on taira le prénom et le nom par secret médical). Elle était dans un petit hôpital public de province. Ville de 36.000 habitants, agglomération de 120 000 habitants. 

Elle a été étonnée de voir le nombre de médecins étrangers qui exerçaient dans cet hôpital qui a une école d'infirmiers, aides-soignants, brancardiers à recrutement local, contrairement au recrutement des médecins. Notons à ce sujet que les titulaires d'une manière générale étaient moins sympathiques que les élèves de cette école : combien de fois l'amie de Dummie n'a-t-elle pas entendu : "Je connais mon métier". Par exemple une aide-soignante titulaire lui a dit ceci alors que la barrière de son lit était tombée et que la perfusion s'était emmélée aux barreaux, ce qu'elle lui a signalé et elle s'est vu répliquer d'un ton sec :"Je connais mon métier. Je suis diplômée". Une fois la barrière remise et l'aide-soignante disparue de sa vue, l'amie de Dummie a versé des larmes secrètes. Ceci en pleine nuit. 

Bon, ce n'est pas de cela que l'on voulait parler... Mais des régions d'origine des personnels. Si les personnels non médecins sont en majorité de la région (quelques uns venaient d'une ville située à 30 km, mais la plupart étaient du cru, soit des autochtones ou des immigrées de la seconde ou troisième génération formées dans les collèges et lycées du coin), la plupart des médecins étaient étrangers et parlaient français avec un fort accent et parfois ne dominaient même pas complètement notre langue. Ils (ou plutôt elles) étaient incomprises des patientes âgées ( habituées à leur accent local ou à au minimum un bon accent français). Les médecins criaient pour se faire entendre croyant que ces patientes étaient sourdes, et les aides-soignantes répétaient en bon français (ou du moins dans un français bien accentué), ce que disaient ces médecins pour être comprises des patientes âgées. Parfois l' amie de Dymmie répétait aussi pour sa voisine de chambre et elle se faisait fusiller du regard, parce que ça ne la regardait pas. 

Même l'amie de Dummie a dû faire répéter la dernière femme médecin qui lui a parlé avant sa sortie à cause du français aléatoire de cette femme médecin. Pourtant  l'amie de Dummie qui a été prof de langue vivante est très habituée aux accents étrangers et aux phrases maladroites des correspondants de ses élèves. 

Ceux qui parmi les médecins étrangers prononcent bien ont quand même généralement un vocabulaire assez pauvre limité à leur spécialité et n'arrivent pas à tout expliquer. 

Alors pourquoi y-a-t-il si peu de médecins du cru dans cet hôpital de province et pourquoi n'y rencontre-t-on presque aucun de nos anciens élèves issu des classes scientifiques des lycées locaux??? Pas de retour au pays pour eux après leurs études à grande métropole régionale? Même en libéral, les médecins manquent et on est loin d'être en Creuse ou en Lozère.... On est dans un département très peuplé. 

Nos élèves après avoir quitté le lycée se destinent davantage à l'industrie qui les paie sans doute davantage que la médecine surtout hospitalière. C'est pourquoi il est possible que peu d'entre eux embrassent la profession médicale. Le secteur porteur pour les scientifiques est bien sûr l'informatique, très à la mode, ou alors ils vont dans les secteurs de l'écologie, du développement durable. L'aéronautique et la profession de pilote de ligne ou de chasse attirent aussi beaucoup les meilleurs élèves. 

Sans compter qu'on oriente presque systématiquement les meilleurs élèves des lycées et collèges vers les classes préparatoires aux grandes écoles, et quel élève qui a passé deux ans en classe préparatoire aura-t-il envie de refaire ses première et deuxième années d'enseignement supérieur en médecine, ce serait pour lui une perte de temps dans ses études.  La classe préparatoire scientifique ou littéraire est considérée par les lycées locaux comme la voie royale, mais elles n'ouvrent pas la voie  de la médecine. Donc, il ne faudrait pas orienter à tout crin les meilleurs élèves en classe prépa.

( Notons pour ceux qui ne savent pas que les classes prépa sont deux années préparatoires aux concours d'entrée dans les grandes écoles comme l'ecole des Mines école scientifique et industrielle), l'ENA (école nationale d'administration), ou Normale Sup pour préparer l'agrégation des professeurs par la voie royale. 

-  Qui vient de me mettre un espace minuscule pour taper mon message à l'aveuglette, alors que sur mon navigateur après vérification, les autres sites sont en taille normale? Encore un espion qui n'apprécie pas ce que j'écris, parce qu'il n'a rien compris.... pas parce que j'écris mal, mais parce que son esprit est trop obtus. -

Bon ceci dit et troisième volet de cette note, pourquoi y-a-t-il en France, tant de médecins issus de l'Europe de l'Est? Et en particulier de Roumanie? 

Plusieurs raisons à cela? 

1) Les salaires qu'ils peuvent avoir dans leur pays sont dérisoires, ils viennent s'enrichir en France, et parfois retournent ensuite au pays, avec plus d'argent pour eux vivre, comme souvent chez eux la vie est meilleure marché qu'ici. Quand ils n'ont plus d'argent, ils reviennent en France. 

2) Ils s'installent dans les régions où il y a en France pénurie de médecins. Comme dans les départements désertiques : Lozère, Aveyron, Creuse. Une fois qu'ils ont quelques années d'exercice, ils s'orientent vers de plus grandes villes, changent souvent de région, par exemple s'ils ont fait une erreur là où ils se trouvent. 

3) Ils doivent en principe passer un examen de français pour prouver qu'ils peuvent discuter avec leur patientèle. Mais certains parlent encore mal français dans les hôpitaux. 

4) Ils sont recrutés par les hôpitaux de province et des petites villes qui ne trouvent pas de médecins français à recruter, car ceux-ci préfèrent le libéral si possible dans les grandes villes.

Nos anciens élèves qui ont adopté la profession médicale, ne reviennent pas toujours au pays pour exercer, mais s'installent dans les grandes villes, ce qui est dommage pour ceux qui les ont aidé et soutenu dans leur enfance et leur adolescence, leurs parents, voisins, professeurs...

Pourtant, en France, les études de médecine, surtout en facs et universités publiques sont de bonnes études, longues, avec de nombreux stages. C'est peut-être en France que l'on a l'un des meilleurs systèmes de santé, et avec l'Allemagne, la Belgique...  les meilleures études de médecine. Et on se demande quelle est la qualité des diplômes de ces médecins de pays assez pauvres à l'Est. Je pense que la République Tchèque par exemple est bien lotie sur le plan de la santé, mais je ne sais pas pourquoi  tous ces médecins roumains arrivent chez nous. 

En Allemagne, il faut avoir d'excellentes notes à l'Abitur pour entreprendre des études de médecine, à cause du numerus clausus et avoir fait son "grosses Latein" (le "grand latin" qui permet de comprendre mieux les mots de la médecine). Ce sont donc les meilleurs élèves qui dont médecine, alors qu'en France, les meilleurs élèves vont en prépa... vers les métiers de professeurs de lycée ou d'université, ou vers l'administration ou l'industrie.

Ces médecins sont aussi regroupés dans les mêmes services et parlent roumain entre eux, au détriment du patient qui ne peut suivre leurs conversations. 

Bon, l"Europe c'est bien pour les échanges, mais déjà on s'était insurgé ici-même contre le fait que les français avaient du mal à réussir l'agrégation d'allemand littéralement squattée par les allemandes et les autrichiennes qui font certaines années 50% des lauréats et lauréates, ce qui a empêché mes Dummie et Doofie, bien francophones,  d'âtre agrégées. Et maintenant, on se demande pourquoi nos chers premiers de classes ne sont pas médecins ici chez nous, dans un vieux bassin industriel jouxté par les forêts et la campagne, et que l'on soit obligé de recruter nos médecins à 2500 km d'ici...???

Pour Dummie et son amie qui vient de sortir de "l'hôpital franco-roumain..."

domino