Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 10 août 2017

Le yaourt au café

Roman-théâtre

(Doofie est revenue sur le camping là où l'on voit la mer scintiller entre deux rochers. Elle et Schnelly n'ont pas trouvé l'église où était célébré la messe de funérailles de son frère. Ils sont allés à la grande église, après être descendu du train et ce n'était pas là.) 

(C'est la nuit, Doofie se lève en douce pour écrire son journal).

Il s'est passé quelque chose de bizarre hier soir. Ayant une petite faim encore après le repas, j'ai pris un yaourt dans le réfrigérateur du chalet, un yaourt sveltetaille au café. Une crème au café, plus exaactement. Ou je ne sais plus, je crois que 'jai dit "J'ai encore faim" et Schnelly m'a donné ce yaourt sveltetaille au café. Une chose était bizarre, alors que j'étais assise dehors, le dos tourné au chalet, il est arrivé derrière moi, s'est penché sur le côté et à mis sa tête devant moi et m'a dit : "Il est bon, hein, ce yaourt, tu ne le trouves pas bon?" Et il a insisté, alors qu'il s'agit d'une vulgaire crème au café toute simple. Sur le moment, je n'ai pas trouvé cela bizarre. 

Environ dix minutes plus tard, je m'étais installée à refaire mon arbre entre deux, contente d'avoir retrouvé une cousine du côté de mon père, que je connaissais dans mon enfance (dommage que mon frère, s'il est vraiment mort, ne puisse pas participer aux retrouvailles, car cela fait plusieurs cousines du côté de mon père que je trouve coup sur coupe... donc deux depuis qu'il est peut-être mort. Une qui est venue toute seule en consultant mon arbre et une autre par mes propres recherches. Et là aujourd'hui j'ai encore un cousin qui descend de la branche de la femme d'un de mes grands oncles qui m'a contacté aujourd'hui. Mon frère avait toujours rêvé de trouver les cousins de ce côté là de la famille. 

Bon, bref... Je mange ce yaourt et alors que je me relevais pour prendre autre chose dans le frigidaire, kaï kaï, une espèce de bouffée de chaleur accompagnée de vertiges. Je suis vite sortie du chalet pour respirer l'air frais de la nuit et pouvoir respirer. 

Et puis, c'est seulement après que j'ai fait le rapprochement avec le yaourt , et je me suis dit que je l'ai échappé belle. Deux fois que dix minutes après avoir mangé, j'ai ce genre de bouffée de chaleur accompagnée de vertiges, une autre fois une semaine avant le décès de mon frère. Quelle somme faramineuse a-t-on promis à Schnelly pour qu'il me donne ce yaourt ou plutôt cette crème au café...???

Et puis, mon frère est décédé peut-être de la même façon (peut-être décédé, c'est tellement une mort bizarre que je n'arrive pas à y croire, voir les épisodes précédents du roman dont je suis l'une des héroïnes),  ma mère était decédée après un repas dans la maison de retraite, trois jours après une de ses sœurs qui habitait à 1000 km de là. Deux de la même famille frère et sœur pour réitérer le drame, c'est un peu fort. Ils ne m'auront pas....!!!! 

J'ai l'impression qu'on a dans l'éducation nationale toujours essayé de me faire subir deux fois la même chose. Quand j'avais fait un rapport sur un élève, un autre élève refaisait la même chose dix ans plus tard, après avoir lu le dossier sans doute... 

Ou alors, dans les magasins, il y a des gens qui insistent pour qu'il achète tel ou tel produit, ou alors, c'est quelqu'un qui vient dans la maison et change les bons produits de marque avec les autres. L'emballage en carton est séparé des pots en une espèce de plastique qui sont unis et l'inscription  de la marque ne se trouve que la feuille d'aluminium qui lui sert de couvercle, difficile à ouvrir, il faut décoller un coin et ça ne s'ouvre pas.

J'ai remarqué dernièrement que quand je mangeais un yaourt avec mes cuillères préférées à manche coloré, les cuillères avait un goût bizarre et le goût se transmettait au yaourt. Alors,  j'ai pris l'habitude de les laver à chaque fois avant de m'en servir, ce qui énerve Schnelly s'il est en train de faire la vaisselle devant l'évier, mais j'ai remarqué aussi qu'au lieu de les essuyer avec un torchon, ils les essuie copieusement avec son pouce, comme s'il communiquait aux cuillères une odeur ou une substance qu'il a sur le pouce. 

Mon frère avait encore tellement de choses à faire, et j'ai encore tellement de choses à faire que je ne veux pas mourir. Et j'ai plaidé contre l'euthanasie (against, dagegen). Je suis sûre que l'on m'embête avec cela à cause de ma plaidoirie contre l'euthanasie. 

Et pour tout vous dire, je n'ai pas des douleurs au point de devoir partir, mes douleurs aux genoux, c'est seulement quand je marche et pas quand je suis assise ou couchée, et en plus avec le repos des vacances, je peux faire cinquante mètres sans avoir mal. Et ce Schnelly qui ne pleure jamais quand quelqu'un s'en va au pays du repos éternel, ça m'énerve.... ce n'est pas normal. 

Si je pars avant lui, il ne pleurera pas non plus.. et je n'ai pas l'impression que ma belle-soeur pleure beaucoup son mari, qui est mon frère, c'est pour cela que je pense qu'il n'est pas mort...Ce n'est peut-être pas la même chose quand on a passé sa petite enfance, son enfance et son adolescence avec quelqu'un, qu'on a partagé les mêmes jeux, puisqu'au début on était qu'à deux et quand on était à deux au jardin, ma mère criait nos deux prénoms l'un derrière l'autre, comme si on était un couple de grandes personnes. On a fait des tas de choses ensemble et je ne serais plus que la seule à m'en souvenir, la bassine en acier galvanisée avec les petits bateaux en bois qui voguaient dessus dans le jardin, les petits bonhommes de style petits soldats qui montaient aux arbustes, les livres de tintin ouverts verticalement sur la table de la salle à manger pour former les pièces d'une maison... le coffre sur lequel on pouvait s'asseoir avec les deux grands tiroirs fourre tout, un pour chacun (c'est ce genre de coffre que je devrais donner à Schnelly pour qu'il range ses affaires...) Et puis plus tard, il m'a appris ce qu'était un potentiomètre, un oscilloscope et un tas d'autres appareils qu'il avait fabriqué lui-même et qui trônaient sur la table de sa chambre dans la nouvelle maison. Et il n'avait pas changé, sur sa chaîne vidéo, on voit ses nouvelles inventions avec plein de diodes qui changent de couleur, son quadricoptère en modèle réduit qui monte et descend à la verticale, avance et recule... Un avion qui avance et recule, vous avez déjà vu cela, vous???

Mon frère, c'était un inventeur, depuis l'âge de six ans, c'était(ou c'est...) le Léonard de Vinci des temps modernes...

Pour Doofie 

domino

 

Les commentaires sont fermés.