dimanche, 08 mai 2016
Il parle pour elle..
Roman-théâtre
Depuis que Schnelly est retraité, Doofie est bien embêtée... Il la suivait partout. Lors de ses déplacements professionnels, il la suit partout, dans les trains, les bus... Il l'attendait à la sortie des collèges et des lycées. Appelait un taxi quand le train était en grève..... Il allait voir même les élèves à la sortie en leur demandant si ça allait avec la nouvelle prof d'allemand... Il a même incité des élèves à aller dans ses anciens établissements.
Doofie est bien embêtée...
A la fac, c'est pareil. Quand Doofie passe des examens, il va demander pour qu'elle ne descende pas les escaliers des amphis... Doofie est embêtée car on s'occupe d'elle et on l'envoie dans des amphis qui ne sont pas toujours les bons.. ses convocations sont mal faites, il manque les numéros de table... sur certaines lignes.. parfois on l'a oubliée sur les listes affichées à l'entrée.. alors qu'elle est dûment inscrite à l'examen. (Depuis presque 3 ans qu'elle a recommencé deux licences, puis trois et même avec une nouvelle option ... quatre...licences en même temps...) C'est bien on s'occupe d'elle, on la bichonne, sauf quand on l'oublie carrément. Et là Doofie est heureuse, elle peut s'asseoir à côté de ses camarades, dans l'une des licences, elle a réussi à être jusqu'ici toujours assise à côté de ses camarades. Et à mettre sa copie elle-même dans le bon tas.
L'une des fois où elle était restée en haut de l'amphi, l'handicapée qui était à côté d'elle est tombée dans les pommes, peut-être qu'elle est morte. Ce serait dommage, c'était vraiment une gentille jeune fille, souriante et tout... Alors que deux profs l'a soutenait, elle a regardé Doofie en souriant et elle a fermé les yeux tout doucement.
Enfin, Doofie est bien embêtée, car on s'occupe d'elle bruyamment.. Quand les marches sont grandes et assez plates, elle sait descendre les escaliers des amphis, ce n'est pas la peine alors de s'occuper d'elle
Doofie aimerait bien parler plus à ses camarades, rester avec eux, comme le fait sa petite fille.. elle aimerait bien que Schnelly lui lâche un peu les basques, et qu'il la laisse aussi réviser ses examens juste avant les épreuves, qu'il lui amène des choses qui vont plus vite à manger. Il y a quatre ans, elle était toute seule à la fac, et ça allait mieux. Elle avait souvent des copines qui faisaient la même chose qu'elle et avec lesquelles elle pouvait parler de leur travail.
Quand les gens qui s'occupent d'elle passent, ils demandent fort si ça va.. elle préfèrerait qu'ils lui parlent moins fort pour qu'elle ne soit pas remarquée...
Elle préfèrerait que Schnelly, son mari, arrête de parler d'elle et de régler ses affaires pour elle; c'est sûrement lui qui a encore contacté le personne qui aide les étudiants qui ont des problèmes de locomotion. Cela peut-être utile pour retenir sa place quand elle a plusieurs oraux ou des oraux et des écrits en même temps. Mais sinon Doofie ne voit pas l'utilité de toujours aller chercher quelqu'un pour elle. Schnelly commence à l'étouffer.
Doofie va mieux que l'année dernière : elle marche sans ses bâtons, ou cannes, et elle a moins mal dans les genoux, surtout à un seul. Elle porte elle-même son sac à dos. Schnelly ne lui est plus d'une grande utilité dans ses déplacements dans une université où il y a beaucoup d'escaliers qui vont dans tous les sens. Une espèce de labyrinthe. Doofie qui connait assez bien les lieux renseignait les étudiants perdus en début d'année, il y a encore deux ans d'ici. Maintenant c'est Schnelly qui marche avec une canne. Il a l'air d'un vieux grand-père.
Pour Doofie
domino
12:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
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