Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 09 juin 2009

Les linguistes moins bons....?

Parfois je me suis demandée si le fait que je sois admissible ou non à l'agrégation externe ne vient pas de l'option que j'ai choisie.

En effet j'ai choisi l'option linguistique.

Il y a toujours plus d'admissibles en littérature.

Alors je me demande si lors de l'établissement de la liste d'admissibilité on ne regarde pas les options.

Voici ce que je me suis imaginé (je dis bien que c'est dans mon imagination seulement, le jury n'a jamais dit cela):

Bon, celui-là a choisi la civilisation, on mettra une bonne note à la dissertation de civilisation.

Celui-ci a choisi l'option littérature, il aime la littérature, mettons lui une bonne note en littérature.

Ah! Il  a chosi l'option linguistique, il n'y a pas de disseration de linguistique, tant pis, il aura deux mauvaises notes en disserations, car il n'aime ni la littérature, ni la civilisation et il n'y a pas d'épreuve de linguistique.

Depuis ma jeunesse, je suis une férue et une fanatique de linguistique, même non allemande, puisque en plus de tous les Saussure, Jakobson et Cie obligatoires de ma jeunesse, je me suis enfilée des bouquins qui traitent de toute les langues du monde, et ceci sans obligation universitaire ou professionnelle.  

En licence, je faisais l'option linguistique.

En C2 de maîtrise j'ai fait linguistique, je l'avais réussi avec mention Bien. J'avais comme devoir de C2 déjà écrit un "devoir" et pas un mémoire de 70 pages sur Landesprache de Hans Magnus Enzensberger. Noté 15/20.

Ensuite je n'ai pas eu le temps d'écrire le mémoire. J'avais 22 ans, j'ai travaillé en septembre, mon père ne voulait pas que je me marie avant d'avoir travaillé au moins un an avant le mariage pour pouvoir nous "installer".  Le mémoire, ça devait être "Le vocabulaire politique et social" dans Berlin Alexanderplatz d'Alfred Döblin. j'ai commencé à faire mes petites fiches en juillet, après avoir passé une première fois le CAPES que j'ai réussi trois ans plus tard tout en étant salariée. Mais le 13 septembre, j'ai fait ma prérentrée (la rentrée était plus tardive que maintenant) et le 15 septembre j'étais devant ma première classe, des premières A LV2.

Je l'ai fait par la suite, mais malgré toute la linguistique que j'avais lu en amateur, je n'ai plus eu d'aussi bonnes notes. Il a fallu que je me remette au goût du jour en linguistique allemande, car la linguistique avait pas mal évolué entre temps, surtout dans la grammaire uniquement allemande.

J'ai dû me réapproprié les courants linguistiques qui étaient aparus depuis mes études universitaires, car j'en étais restée au structuralisme et à la grammaire générative et transformationelle, j'avais lu Tel Quel, Derrida et Julia kristeva, des écrits auxquelles , à l'âge de 21/22 ans, je comprenais ce que pouvais,  alors je me suis plongée dans Culioli et les théries de  l'énoncé et de l'énonciation.

Mon livre de linguistique préféré a toujours été un écrit sur la linguistique et la musique, avec des comparaisons entre les deux, mais chut! Je ne veux pas trahir mes secrets.

Tout cela pour vous dire, que je n'ai pas choisi la linguistique par défaut, mais par passion.

Ors, depuis que je choisis l'option linguistique, on me dit que je ferais "de mauvaises disserations", qu'il y a certainement un défaut de conception dans mes dissertations, etc...

Or, la linguistique aide :

1) A structurer sa pensée,

2) A comprendre la structure des textes, et à en comprendre mieux la forme.

Donc, la linguistique est une aide pour comprendre la littérature, en particulier la linguisitique textuelle, donc, on ne peut pas être "mauvais' en littérature, parce qu'on a choisit l'option linguistique.

En plus, moi-même poète (vous en avez quelques exemples dans ce blog), moi-même auteure de quelques textes littéraires, comment pourrais-je être mauvaise en littérature. En particulier sur Heinrich Mann, j'ai fait appel dans ma dissertation à de nombreux exemples dans lesquels je faisais entre autre référence à la forme, alors que penser?

Moi, j'écris des poèmes (souvent très structurés),

Moi, j'écris des textes littéraires,

(le Moi n'est pas là pour me vanter, c'est un Moi philosophique),

Mais je suis mauvaise en littérature.

Pourtant en classe j'étais bonne, bonne en maths et bonne en français...

En maths, je n'avais pas besoin de travailler, avec mon QI d'Einstein, j'écoutais une fois les démonstrations que l'on faisait au tableau et ensuite je m'ennuyais pendant que les autres posaient et reposaient des questions, en pensant "Mais comment se fait-il qu'elles (on était que des filles) ne comprennent pas cela, c'est pourtant évident!".Et je me disais "Mais comment ça se fait qu'elles ne comprennent pas, c'est pourtant facile!".

En français on vantait ma finesse d'analyse, ma capacité à trouver les nuances des textes, etc...  et mon expression poétique, mon style.

Alors, non, quarante ans plus tard,

je ne suis plus bonne en littérature.

Alors, qu'est-ce qui a changé en littérature? Qu'est devenue la littérature pour que je ne la comprenne plus (d'après les correcteurs de l'agrégation) ?

Cette année, j'aimais le programme de civilisation sur le pacifisme et le programme de littérature sur la Neue Sachlichkeit (dont Döblin). En fait, lors de mes études on n'utilisait pas le concept de Neue Sachlichkeit (nouvelle objectivité), mais on parlait je crois de la littérature de la République de Weimar, une période passionnante qui n'est jamais au programme de civilisation du trons commun de l'agrégation. De même que le Vormärz et la période 1815-1848 n'est jamais au programme. A la place on s'est battu pendant deux ans contre Napoléon!

Bon, voilà, tout cela pour vous dire que lorsqu'on vieillit, on n'est plus considéré que comme un vieux croûton qui n'a plus sa place dans le monde littéraire et linguistique actuel.

domino 

Les commentaires sont fermés.